Les Alchimistes sont loin d’être inconnus. Seulement, leur notoriété existe majoritairement dans le milieu du rap et de ses connaisseurs. Osef, qui sort aujourd’hui, n’est pas leur premier album. Leur premier projet, Dans la loge, est sorti il y a bientôt trois ans et il réunissait déjà quelques beaux noms : Alkpote, Jordee et Biffty.
À voir aussi sur Konbini
Les deux jeunes Bruxellois avaient d’ailleurs confirmé les espoirs que cet album avait fait naître en revenant un an plus tard avec le plus ténébreux Antisocial qui n’a, à notre avis, pas rencontré le succès qu’il mérite. Deux ans après, Rizno et Ruskov reviennent. Le spleen étouffant semble s’être quelque peu dissipé. Les Alchimistes nous offrent douze titres forts, mélodieux, parfois planants.
À cette occasion, nous avons pu leur poser quelques questions. On leur souhaite le meilleur.
Konbini | Qui êtes-vous ?
Les Alchimistes | Ruskov et Rizno, artistes rap bruxellois.
Où et quand êtes-vous nés ?
Rizno | Je suis né un 29 août à Bruxelles.
Ruskov | 27 juin “nonante-trois”, et j’ai grandi au Merlo à Bruxelles.
Vous vous êtes rencontrés comment ?
Rizno | On s’est tout simplement rencontrés à l’école.
Ruskov | C’était en 333 avant J.-C., dans une autre vie. On se connaît limite depuis toujours.
Quand et comment avez-vous commencé la musique ?
Rizno | Ça fait six ans maintenant, depuis 2014. On a commencé en se clashant dans la cour de récré, c’était à la mode [rires].
Ruskov | Il y a une dizaine d’années, chez Krisy. À l’époque, il tenait un studio et tout Bruxelles y allait. On a commencé à maquetter quelques sons.
Qu’est-ce que vous faisiez avant ?
Rizno | J’ai fait des études en comptabilité et ensuite en marketing. Ce n’était pas trop mon truc. J’ai ensuite bossé dans l’hôtellerie.
Ruskov | Je n’ai pas été accepté dans plusieurs écoles, donc plus moyen de reprendre les études. Je suis allé taffer, puis je suis parti en France, à Paris, à cause de mes problèmes de papiers.
Votre nom, Les Alchimistes, ça vient d’où ? C’est une référence à Paulo Coelho ?
Rizno | Les Alchimistes, ça vient des mangas Fullmetal Alchemist et non de Paulo Coelho, bien que son livre ait changé ma vie.
Ruskov | On cherchait un nom de groupe et on aime bien les mangas. On s’est dit : “OK, dans Fullmetal, il y a deux frères, ça sonne bien.”
Quelles sont vos influences musicales ?
Rizno | On écoute un peu de tout. Personnellement, j’écoute beaucoup d’OST, de musique funk (comme Kaytranada), d’électro (comme The Blaze), et même de la musique plus conceptuelle comme Bon Iver. C’est mon coup de cœur en ce moment.
Ruskov | Du rap et du rock. Quand j’étais petit, mon papa attendait que tout le monde dorme ou qu’on ne soit que tous les deux pour écouter ses sons. J’avais un baladeur CD avec un seul album, 2001 de Dr. Dre. Alors je prenais ses albums à lui, et c’est comme ça que j’ai commencé à écouter Rammstein, The Prodigy, Slipknot, Type O Negative, Lordi, Manson, Bowie, Led Zeppelin, Iggy Pop, AC/DC, Pink Floyd…
Comment décririez-vous votre univers artistique ?
Rizno | Je dirais simplement “authentique”.
Ruskov | Infini. Chaque projet a eu son propre univers, et on ne se met aucune barrière.
Qu’est-ce qui a changé pour vous depuis Antisocial ? On a l’impression que votre univers est moins noir, moins désillusionné…
Rizno | Notre “couleur musicale” se calque sur nos moods, qui changent comme les saisons. Il a plu un long moment et l’averse s’est arrêtée.
Ruskov | La maturité. On grandit, notre musique avec. On l’a toujours faite en restant nous-mêmes.
Il n’y avait aucun feat sur le précédent projet. Là, il y en a quatre. Qu’est-ce qui vous a poussés à vous ouvrir à nouveau ? Pourquoi ce choix d’invités ?
Rizno | Antisocial était un projet intime, destiné à nous plutôt qu’aux auditeurs. Maintenant, on a décidé de s’ouvrir.
Ruskov| Dans l’album précédent, on se livrait pour la première fois, il fallait qu’on reste seuls. On a invité des amis auxquels on pensait pour amener quelque chose sur le son. On ne voulait pas feater juste pour feater.
Ruskov, tu poses désormais quelques phrases en russe. À quel point vos origines sont importantes pour vous ?
Rizno | Personnellement, je ne ressens pas le besoin de rapper en lingala. J’ai essayé deux-trois phases en russe, je préfère laisser ça à Ruskov.
Ruskov | J’ai toujours posé des mesures en russe ou dans mes ad-libs. On fait du rap français, donc je n’irai pas plus loin, mais c’est toujours plaisant de lâcher quelques mots en russe. Ça apporte une plus-value non négligeable.
On vous a souvent décrit comme “les descendants du mouvement punk”. C’est un titre que vous prenez comment ?
Rizno | Mal… Très mal ! Pas parce que je n’aime pas le mouvement punk, mais parce que je ne suis pas un punk.
Ruskov | Pas mal du tout. On était bourrés d’énergie quand on était plus jeunes, et n’avons pas de stéréotypes négatifs sur les punks. C’est un mouvement en constante évolution, comme tous les autres mouvements.
Vous êtes signés sur quel label ?
Rizno | Bluesky ! Label indépendant.
Ruskov | Lève les yeux, et tu verras… Bluesky.
Quelle place accordez-vous à la promotion de la musique (clip, communication, etc.) ?
Rizno | C’est un point très important, surtout pour des artistes en développement comme nous. On y va étape par étape, inutile de faire de la grosse promo si derrière la musique ne suit pas. Musique d’abord, promo ensuite.
Ruskov | Le plus possible oui, surtout aujourd’hui où nous sommes dans un marketing limite à outrance. Il faut communiquer pour exister.
À quoi ressemble un concert des Alchimistes ?
Rizno | Ha faut venir seulement ! [Il prend l’accent kinois.]
Ruskov | Émotion, pogo, salto, traction.
Une collaboration de rêve ?
Rizno | Gorillaz ou Daft Punk.
Ruskov | 13 Blo Gang.
Quelles seraient les meilleures conditions pour écouter votre musique ?
Rizno | Automne, 22 heures, rooftop londonien, whisky et pilons.
Ruskov | À jeun.
Si vous deviez convaincre les gens d’écouter ta musique, vous leur diriez quoi ?
Rizno : “Allez viens ! On est bien ! ”
Ruskov :| Konbini a validé, pourquoi pas toi ?
Vos futures ambitions ?
Rizno | Faire le tour de l’Europe, puis du monde.
Ruskov | Faire un album qui sera considéré comme un classique, faire une grosse tournée, finir mon livre et en écrire d’autres, jouer et réaliser un film.
Le mot de la fin ?
Rizno | Kimia.
Ruskov | Si tu es arrivé jusqu’ici, j’espère qu’on te fait kiffer.