Ces samedi 15 et dimanche 16 octobre, des citoyens du monde entier – mais aussi des avocats et des juges – se sont réunis à La Haye (Pays-Bas) pour former le “tribunal Monsanto”, un procès informel du géant de l’agroalimentaire.
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On ne présente plus Monsanto, producteur de semences génétiquement modifiées (OGM) et de pesticides controversés (dont le fameux Roundup), accusé depuis des décennies d’être une menace pour l’environnement et la santé humaine.
C’est pourquoi, ce week-end, un tribunal citoyen consultatif s’est réuni à La Haye (Pays-Bas), regroupant une trentaine de victimes de la firme américaine souhaitant livrer leur témoignage. En face d’elles, des (vrais) avocats et des (vrais) juges, dont le rôle a été de réunir des éléments afin de rendre un avis consultatif légal (et non pas un jugement) qui sera rendu public au mois de décembre.
Faire reconnaître les crimes contre l’environnement
Ni moral ni pénal, l’objectif de ce “vrai faux procès” est de faire avancer le droit international avec des idées issues de la société civile afin, notamment, de faire reconnaître le terme d’écocide. Parmi les cinq juges du procès, Françoise Tulkens, juge et vice-présidente à la Cour européenne des droits de l’homme pendant quatorze ans, nous éclaire sur cette notion dans les colonnes du Monde :
“Cette infraction n’existe pas encore et pour cela il faudrait d’abord la définir précisément. Le génocide est un crime contre l’humanité tendant à la destruction totale ou partielle d’un groupe de personnes en raison de leurs caractéristiques nationales, ethniques, raciales ou religieuses. L’écocide serait un ‘génocide’ attaché à l’environnement, des atteintes à l’environnement qui altéreraient de façon grave et durable les écosystèmes dont dépend la vie des humains.”
De nombreuses personnes se sont succédé à la barre ce week-end, livrant des témoignages édifiants dont plusieurs sont à lire dans Le Monde. À l’instar de cette mère de famille dont le fils, aujourd’hui âgé de neuf ans, a dû subir une trachéotomie à la naissance (c’est-à-dire une ouverture chirurgicale de la trachée), ainsi que 50 anesthésies générales, et a passé les six premiers mois de sa vie en réanimation. Une malformation qu’elle attribue à l’utilisation d’un désherbant Monsanto sur son terrain d’équitation alors qu’elle était enceinte. “J’avais fait confiance aux publicités qui vantaient le glyphosate comme ‘le premier désherbant biodégradable'” explique-t-elle.
De son côté, l’entreprise Monsanto n’a envoyé aucun représentant à ce procès, qu’elle a qualifié de “parodie“.