L’image d’un indigène en habit traditionnel n’a pas plu au réseau social qui a censuré le trailer du film colombien L’Étreinte du serpent pour cause de nudité.
À voir aussi sur Konbini
On n’a décidément pas fini d’entendre parler de l’absurdité de la censure de Facebook concernant la nudité. Le dernier en date concerne le troisième film du réalisateur Ciro Guerra, l’étreinte du serpent, présenté à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2015, applaudi par la critique et nommé aux Oscars 2016 dans la catégorie “meilleur film en langue étrangère”. Rien que ça.
Ce long métrage en noir et blanc, qui transporte le spectateur au cœur de l’Amazonie colombienne, raconte l’histoire de Karamakate, chaman amazonien et dernier survivant de sa tribu. Inspiré des carnets de voyage de l’ethnologue allemand Theodor Koch-Grünberg et du biologiste américain Richard Evans Schultes, qui se sont aventurés dans la dangereuse Amazonie au début du XXe siècle, le film entrelace les récits de ces deux aventuriers que la même quête anime : celle de trouver la yakruna, une mystérieuse plante hallucinogène.
Par souci de réalisme, le trailer montre ainsi le personnage principal vêtu d’un habit traditionnel qui couvre seulement ses parties intimes. Il n’en fallait pas plus pour que le plus célèbre des réseaux sociaux ne censure le trailer posté par le producteur américain Oscilloscope Pictures pour faire la promotion du film, rapporte le quotidien El Pais.
“C’est comme assimiler National Geographic à Playboy”
Dans un échange que l’on peut retrouver sur Imgur, Facebook justifie ainsi la censure :
“Votre publicité a été refusée parce que l’image utilisée montre trop de peau. Les posts avec un ton sexuel subliminal sont interdits. Cette politique s’applique également lorsqu’il s’agit de promotion de sous-vêtements, de préservatifs ou de livres d’éducation sexuelle.”
On peut donc comprendre la colère de la production chargée de faire la promotion du film qui a immédiatemment répondu à Facebook que cette censure n’était pas tolérable, sachant que “ces images sont de nature anthropologiques et historiques”. Avant d’ajouter : “Insinuer que ces images sont par nature sexuelles c’est comme assimiler National Geographic à Playboy.”
Il faut croire que les arguments de la production, qui rappelle au passage que L’Étreinte du serpent est nommé aux Oscars, qui se dérouleront le 28 février prochain, a fini par convaincre Facebook qui a reconnu son erreur :
“Notre équipe traite des millions de demandes de publicité chaque semaine, et nous commettons parfois des erreurs. Cette vidéo ne viole pas nos politiques publicitaires. Nous nous excusons pour cette erreur, et nous permettront à la vidéo d’être mise en avant si elle nous est à nouveau soumise.”
En espérant que Facebook apprendra donc de ses erreurs, parce que ça devient presque lassant d’écrire sur l’absurdité de sa politique de censure toutes les semaines.