La Cour de cassation a rejeté le pourvoi de Marine Le Pen, qui poursuivait Jean-Luc Mélenchon pour injure car celui-ci l’avait définie comme “fasciste” en 2011.
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La vénérable Cour de cassation a tranché : accoler le qualificatif “fasciste” à Marine Le Pen ne s’apparente pas à une injure mais à une opinion politique, du moins lorsque l’on s’appelle Jean-Luc Mélenchon. Mardi 28 février, la justice a rejeté le pourvoi de la présidente “fasciste” du Front national (FN), confirmant ainsi deux précédents jugements. Après le tribunal correctionnel de Paris en 2014 et la Cour d’appel de Paris en 2015, c’est la troisième fois que le candidat de la France insoumise est relaxé par la justice dans sa passe d’armes avec la candidate “fasciste” à l’élection présidentielle, qui le poursuivait pour “injure”.
Les faits reprochés à Jean-Luc Mélenchon remontent à 2011. Interrogé par i-Télé pour commenter les résultats d’un sondage envoyant Marine Le Pen au second tour, celui-ci avait répondu : “Pourquoi voudriez-vous que le peuple français soit le seul peuple qui ait envie d’avoir un fasciste à sa tête ?” Durant les audiences, Jean-Luc Mélenchon s’est défendu de toute injure, arguant d’une “opinion politique”. La justice a validé l’argument, et la bataille sémantique peut enfin se terminer. C’est même la seconde fois que Marine Le Pen perd un procès pour injure : le 14 octobre 2016, la justice relaxait Guy Bedos, estimant que déclarer que “Marine Le Pen mène le programme d’Hitler” ne relevait pas de l’injure mais de la diffamation.
Demandez le programme
À toutes fins utiles, voilà comment le Centre national de ressources textuelles et lexicales (CNRTL) définit la doctrine fasciste : “Doctrine que Mussolini érigea en Italie en système politique et qui est caractérisée par la toute puissance de l’État (intervention de l’État dans l’économie, étatisation des appareils idéologiques, développement de l’appareil répressif dominé par la police politique, prépondérance de l’exécutif sur le législatif, etc.) et par l’exaltation du nationalisme.” Si le FN n’a pas inclus dans son programme la mise en place d’une police politique, son programme prévoit bel et bien la diminution du nombre de députés (de 577 actuellement à 300), l’embauche de 15 000 policiers et la création de 40 000 places de prison, la mise en place du scrutin proportionnel et la suppression de plusieurs niveaux d’administration territoriale.
On passera sur le thème nationaliste, la candidate ayant répété à l’envi sa volonté de sortir de l’Europe pour “rendre à la France sa souveraineté” en mettant en place une “priorité nationale”… notamment sur les plans économique, migratoire et social, en supprimant le droit du sol et la binationalité, en restreignant le droit d’asile et en sortant de l’espace Schengen pour rétablir le contrôle aux frontières. Dire que Marine Le Pen est “fasciste” est donc un point de vue, argumenté à l’aune de son programme. Et qu’il soit fasciste ou non, une chose est sûre : sa facture sera “délirante”, explique le magazine Challenges.