L’ancien appartement des Sex Pistols, situé à Londres, fait désormais partie de la liste des sites présentant “un intérêt spécial” au Royaume-Uni. Une idée pas vraiment punk.
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Le punk est à l’honneur à Londres cette année, et c’est sans doute l’évènement le moins punk de l’histoire du mouvement. Il y a une semaine, Joe Corré, le fils de Malcolm McLaren et Vivienne Westwood, menaçait de brûler des souvenirs punk d’une valeur de 5 millions de livres (plus de 6 millions d’euros) pour protester contre cet hommage jugé déplacé. Un autre conflit entre les autorité et le monde du punk pourrait désormais éclater.
En 1975, les Sex Pistols vivait au 6 Denmark Street dans un appartement que leur manager avait rénové pour eux. C’est dans ce logement que le groupe a enregistré ses premières démos, et sur ses murs que John Lydon, agacé par une remise à neuf de l’appart, avait dessiner pour quelques dégueulasseries pour exprimer son mécontentement. On peut notamment lire :
“DÉPRIMÉ PITOYABLE FATIGUÉ MALADE NAUSÉEUX HUÉ & LAS”
Il y a quelques années, ce fameux appartement était qualifié de “site archéologique important” par les universitaires du journal spécialisé Antiquity. Aujourd’hui, l’organisme chargé du patrimoine, Historic England, a annoncé qu’il avait ajouté ces deux maisons mitoyennes du quartier de Soho, datant du XVIIe siècle, à la liste de monuments classés Grade II* – une classification appliquée aux “édifices particulièrement importants ou d’un intérêt spécial”. Les graffitis du chanteur des Sex Pistols seront donc protégés, comme s’il s’agissait de peintures préhistoriques.
Posy Metz, le consultant de l’organisme, a expliqué au Guardian :
“Le but de cette classification est de signaler des choses qui ont une importance historique et culturelle et je pense que le punk représente une part très importante de notre histoire culturelle. L’inclure dans la liste est une manière de le reconnaître.
L’alternative est de dire : oublions les punk parce qu’ils ne veulent pas que l’histoire se rappellent d’eux.”
Certes. Sauf qu’en tant que mouvement nihiliste, le punk s’en fout qu’on se rappelle de lui ou pas. Les autorités n’agissent pas dans l’intérêt du punk, mais seulement dans celui de l’histoire du Royaume-Uni. Peut-être que Joe Corré pourrait brûler tout le bâtiment pour exprimer sa déception.
Cependant, les quelques punks qui existent encore, les vrais, ceux que les bourgeois regardent encore de travers, qui donnent l’impression de ne pas avoir pris une douche depuis un moment, se promènent encore dans les rues de Londres. Ils ne sont plus autant qu’avant, mais ils sont toujours là, une cannette de bière à la main, errant sur les pavés sales de Camden avec leurs chiens.
Ils ne seront probablement pas accueillis à bras ouverts dans les galeries huppées où le 40e anniversaire du mouvement sera célébré cette année. Ce qui prouve que le punk n’est peut-être pas encore totalement mort.
Traduit de l’anglais par Hélaine Lefrançois