La Fédération française des métiers de la fourrure a annoncé la création d’une hotline téléphonique pour venir en aide aux personnes qui auraient été lésées par des militants anti-fourrure.
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“Toutes les semaines, des amoureux de la fourrure se font agresser dans la rue verbalement ou physiquement par des militants radicalisés”, s’insurge la Fédération française des métiers de la fourrure dans un communiqué passé inaperçu et daté du mois d’octobre, relayé dernièrement sur Twitter par la journaliste du Monde Audrey Garric.
L’organisation professionnelle – qui regroupe soixante entreprises (aussi bien des éleveurs que des maîtres fourreurs) –, a donc décidé d’agir. Elle a créé une “hotline SOS agressions animalistes“ (ces militants antispécistes qui combattent les discriminations fondées sur l’espèce). Celle-ci propose un service “d’écoute, d’information et d’orientation juridique” à l’intention des “victimes” peut-on lire dans le texte.
Alors que de nombreuses marques se désolidarisent de la fourrure (telles Stella McCartney, Tommy Hilfiger, Giorgio Armani, Ralph Lauren ou plus récemment Gucci), et qu’une pléthore de vidéos circule sur le Net montrant l’horreur des élevages de l’industrie de la fourrure, l’annonce de la création de ce centre d’écoute fait bien rigoler la toile.
Les internautes oscillent entre effarement et ironie. “Dommage que les animaux non-humains n’aient pas de voix, cette hotline serait débordée !”, commente une internaute. “Étrange, ils ont peut-être une hotline spécifique pour les cas d’écorchements sur mineurs non-anesthésiés”, rajoute un autre. Et il y a de grandes chances pour que le numéro d’écoute mis en place soit déjà débordé par les trolls. On ne vous le communique pas ici, car on sent que certains d’entre vous pourraient s’en donner à cœur joie.
Dénoncer une hypocrisie…
Au-delà de la création de cette hotline, certes un peu grotesque, de vraies questions sont néanmoins soulevées par la filière des fourreurs. À commencer par l’hypocrisie des maisons de mode qui “soudainement, dénigrent la fourrure pour en tirer un profit d’image mais continuent d’avoir recours à d’autres matières animales”, comme le cuir par exemple…
Ou encore le discours, pas forcément très pertinent, des militants anti-fourrure qui prônent des “matières synthétiques imitant la fourrure dérivées du pétrole, non-biodégradables et donc polluantes, au profit de l’industrie pétrochimique”.
Des remarques qu’il serait de mauvaise foi de rejeter, et qui nous montrent le travail que les marques et les militants ont encore à faire pour être cohérents dans leurs valeurs et leurs combats.
…tout en étant opportuniste
Néanmoins, on comprend bien que cette rhétorique de la Fédération française des métiers de la fourrure a principalement pour vocation de pérenniser l’activité de ses membres, et non de réfléchir à la fin de pratiques cruelles et dépassées. Aussi, les arguments de l’éthique et de l’environnement sonnent davantage comme des prétextes opportunistes, destinés à faire perdurer un marché en perte de vitesse et qui souhaite redorer son image.
Sur son site, le lobby cherche ainsi à nous faire croire que la fourrure est “écologique, durable, respectueuse de l’environnement, des animaux et des hommes”. L’organisation affirme en outre être “au cœur des problématiques liées au bien être animal” qui “place l’homme et l’animal au cœur d’un échange vertueux”. Ce dont on peut douter fortement.