Alors que le Congrès n’a toujours pas validé le budget demandé par le président, les préparatifs de la construction du mur devant séparer les États-Unis du Mexique ont commencé.
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Tandis que le Chili vient de transformer 4,5 millions d’hectares en parc national protégé pour préserver l’écosystème de la Patagonie, et que le Canada offre l’entrée dans tous ses parcs en 2017 pour attirer plus de touristes, il semblerait que les États-Unis optent pour une approche radicalement différente en matière d’environnement.
Selon le Texas Observer, les douanes américaines ont commencé les préparatifs de la construction de la première portion du mur voulu par Donald Trump à la frontière mexicaine. Ce premier pan traversera la réserve naturelle Santa Ana, située dans la vallée du Rio Grande. Et ce au détriment de la nature.
Même s’il n’y a toujours pas de budget alloué pour le “beau grand mur”, des entrepreneurs privés et les douanes se préparent déjà à commencer les travaux, dans l’espoir que le Congrès approuve la demande de 1,6 milliard de dollars qu’a déposée le président pour construire 120 kilomètres de mur (alors que la frontière fait 3 140 kilomètres de longueur). Le corps des ingénieurs de l’armée américaine a donc déjà commencé à prélever des échantillons de sol. Si tout se passe comme prévu, la construction du mur de cinq mètres de haut sur cinq kilomètres de long pourrait débuter dès janvier 2018 dans la vallée.
L’impact sur l’environnement
La construction traverserait donc la réserve naturelle de Santa Ana, qui s’étend sur 800 hectares le long des rives du Rio Grande et de la frontière mexicaine. Créé par le gouvernement fédéral pour son climat et sa faune unique, ce parc est considéré comme “le joyau des réserves naturelles” pour son abondance d’oiseaux et la diversité des espèces animales qu’il abrite. Dans cet espace vivent en effet 400 types d’oiseaux différents, 450 variétés de plantes, des coyotes, des jaguarondis, des tatous ou encore des ocelots, une espèce de chat sauvage en voie de disparition.
Et ce n’est pas un hasard si cette réserve a été choisie pour bâtir la première portion du mur. Ces terres étant la propriété du gouvernement, personne ne peut s’opposer à la construction. Il faut dire que 95 % des 1 900 kilomètres de frontière entre le Texas et le Mexique appartiennent à des propriétaires privés, ce qui laisse présager de longues négociations pour la suite des travaux.
Si la clôture qui marque actuellement la frontière entre les deux pays a peu d’impact sur l’environnement, le mur va “tout simplement détruire la réserve” selon un agent fédéral. En plus du mur et d’une motte de 5 mètres de haut qui empêcheront les animaux d’aller et venir à leur aise (ce qui pourrait avoir des effets dévastateurs sur leurs habitudes de procréation), les plans prévoient aussi de déboiser les zones adjacentes au mur pour les patrouilles, l’installation de caméras de surveillance et de lampadaires.
Scott Nicol, coprésident du mouvement Borderlands Team qui s’oppose à ce projet, explique au Los Angeles Times :
“C’est fou. Cette réserve est le joyau du réseau de parcs naturels de la vallée du Rio Grande, avec l’un des taux de biodiversité les plus élevés du pays.
Si le mur la traverse, que le public n’y a plus accès, elle va dépérir. Les ocelots pourraient être en voie de disparition aux États-Unis.”
Sur le pied de guerre depuis plusieurs mois, les activistes écologistes viennent de déposer une pétition sur le site de la Maison-Blanche pour appeler l’administration Trump à changer ses plans.
Traduit de l’anglais par Sophie Janinet