En écoute : Pone a sorti Kate and Me, son premier album solo composé… avec les yeux

En écoute : Pone a sorti Kate and Me, son premier album solo composé… avec les yeux

"Kate and Me" est sorti vendredi dernier.

Bien sûr, on pourrait parler de la composition toute particulière de cet album à cause du handicap dont est atteint son compositeur, devenu tétraplégique à cause de la maladie de Charcot, et dire comme il est brave et ambitieux. Mais Pone étant avant tout un compositeur, parlons plutôt de sa musique et plus précisément de son nouvel album, Kate and Me, sorti vendredi dernier.

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Le projet est un hommage à Kate Bush, cette musicienne britannique souvent décrite comme inclassable et dont la carrière a débuté au milieu des années 1970. Le premier titre s’intitule d’ailleurs “It’s me Cathy”, évoquant le refrain de “Wuthering Heights” de Bush. Il laisse paraître quelques sonorités sorties directement des eighties, et une voix lyrique entrecoupée de rythmes plus récents.

L’album se complexifie au fur et à mesure que les morceaux défilent pour atteindre l’apothéose dans “Loin de tout ça”, la onzième piste qui clôture le projet. Pas besoin de MC pour renchérir sur les compositions : jolie démonstration pour celui qui a fait les belles heures de la Fonky Family, le groupe de hip-hop marseillais à qui l’on doit de nombreux classiques de la vieille école.

Les morceaux ont en commun une atmosphère planante, langoureuse voire stellaire pour certains (“Wake up naila”, “We”). L’ensemble est riche, complexe et on peut y discerner de nombreuses influences. Les cuivres du morceau “Shinin Jasmine” par exemple évoquent même la bande-son du film Taxi Driver de Bernard Herrmann en 1976.

On peut également évoquer l’aspect mélancolique de certaines tracks, qui insinue la probable détresse du compositeur. Dans “Breathing” par exemple, on devine des bruits de machines hospitalières. On pense forcément à la situation compliquée de l’artiste, hospitalisé depuis 2015 à cause de la maladie.

Mais la création et la sortie de cet album sont aussi un formidable signe de lutte et de positivisme pour l’artiste de 46 ans. Guilhem Gallart de son vrai nom, qui ne peut plus bouger ni parler, a réalisé ce projet entièrement avec ses yeux, aidé de logiciels adaptés. Il s’est éloigné du son pour lequel on le connaissait, montrant une facette de compositeur qu’on ne lui connaissait pas.