Jean-François Piège, des larmes et beaucoup de love.
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Profitant lâchement de l’absence du compte-rendu hebdomadaire du brillant Henry Michel pour Munchies, je me permets cette semaine de vous encourager à redonner une chance au programme phare de M6 qui fêtera la semaine prochaine son 100e épisode. Si le niveau de cette saison est particulièrement haut et qu’à mi-course chaque chef présent peut prétendre à une victoire finale, l’épisode diffusé le 7 mars vaut le détour, particulièrement pour cette épreuve concoctée par le chef et juré Jean-François Piège.
Alors que les cuisiniers sont habitués à faire usage de leur technique, en jouant au maximum la carte de la nouveauté et du modernisme, le chef étoilé débarque sur le plateau avec son fils d’à peine 2 ans pour plonger les candidats dans leurs souvenirs d’enfance, peuplés de tartes aux pommes et d’îles flottantes.
Transmission, souvenirs et réécriture
Si le sujet peut sembler simple, Jean-François Piège attend des candidats qu’ils proposent une cuisine plus ménagère que gastronomique, en puisant dans leur patrimoine et les souvenirs de leur enfance. Touchant, le chef explique son cheminement personnel et propose une tarte aux pommes du dimanche, irrégulière et gourmande. Pour l’île flottante, le chef convoque son fameux blanc-manger, héritage d’une recette de sa grand-mère jamais transmise mais souvent goûtée, qui a pour lui le goût de l’enfance. Le chef, toujours exigeant, nous fait réfléchir sur le processus de création en cuisine des chefs les plus reconnus, qui s’inspirent eux aussi du quotidien et en subliment les détails pour les transmettre dans l’assiette.
Le résultat
Trois candidats sur la tarte aux pommes, trois autres sur l’île flottante, et un Etchebest aux abois hurlant qu’il faut raconter une histoire à Jean-François Piège. Sur la tarte aux pommes, Matthew, l’étoilé de l’édition, Australien installé en France, sort les rames, le dessert n’étant pas un classique de son enfance. Alors M6 sort les violons et nous parle de son père et, la larme à l’œil et l’accent toujours pointu, Matthew balance du wasabi et du sésame noir pour un résultat très bon mais trop mature.
Camille, fils de boucher, nous ressort qu’il a davantage été élevé aux rillettes qu’aux Prince de Lu, mais sort une tarte bluffante, avec en point d’orgue une petite pomme d’amour en compote gélifiée, hypermaline. Délicieux, mais trop gastro pour Jean-François Piège. C’est donc Geoffrey qui remporte l’épreuve, déstructurant la tarte dans un bol, clin d’œil à ses origines coréennes. En invitant la sauge et le vinaigre de cidre, il bluffe le juré et gagne sa place en semaine suivante.
“Il suffira d’une étincelle…”, Camille chantant Johnny en flambant des pommes au calvados.
Sur l’île flottante, trois autres candidats se lancent : Vincent, Thibault et Victor. Jean-François Piège en rajoute une couche pour les pousser dans leurs retranchements : “La seule chose qu’on n’apprend pas, c’est l’émotion.” C’est Victor qui survole l’épreuve, convoquant un souvenir d’enfance à base de flouve odorante, une variété de céréales lui rappelant ses journées à la campagne en été. En l’infusant dans une crème anglaise, il gagne sa place pour la semaine suivante.
“C’était son dessert, il a su se l’approprier avec son histoire, c’est ce que je voulais, c’est exactement ça.” Jean-François Piège.
Des chefs forcés de cuisiner comme des cordons-bleus lambda et de réaliser ces desserts familiaux à l’aide de leur histoire, leur technique et leur maîtrise des ingrédients : cette épreuve de Top Chef nous réconcilie avec ce programme parfois trop linéaire et loin de notre quotidien. Alors, oui, on adore voir les candidats cuisiner d’incroyables plats main dans la main avec des chefs trois étoiles dans des maisons d’exception, mais revenir à l’assiette du dimanche, invitant souvenirs et simplicité, nous apporte un bol d’air dans cette saison de haut vol.
L’épisode est disponible en replay ici.