Dans Rétro shot, chaque mois, on vous propose un retour vers le meilleur du passé ! Un petit voyage dans le temps, à la recherche des tendances, des fringues, des affiches d’avant… Aujourd’hui, retour sur l’histoire du bomber !
À voir aussi sur Konbini
Unis, à imprimé camouflage, avec ou sans écussons, en nylon, en velours ou en cuir, le bomber est devenu le must have “vintage” qui envahit les magasins.
Mais avant d’accéder aux podiums et aux tapis rouge, le bomber n’a pas toujours eu la vie facile. Cette pièce culte a aussi bien fricoté avec des aviateurs, que des skinheads avant de passer par Hollywood puis de tomber dans les mains du monde du hip-hop, qui lui a redoré son blason. Retour sur l’histoire de cette pièce culte.
Une histoire qui débute bien avant que…
L’histoire débute bien avant que :
- la chanteuse Rihanna ne relance la mode du look “boyfriend” avec un modèle kaki oversized.
- la “It Girl” Kim Kardashian ne coordonne bomber et cuissardes à lacets.
- le “King of Pop” Michael Jackson sous l’influence de son ami le styliste Christian Audigier ne le porte dans les répétitions de sa dernière tournée.
https://www.instagram.com/p/BMUng8jDWZD/?hl=fr
Une invention de l’armée américaine
Le bomber a initialement été fabriqué pour les militaires américains en 1927, en particulier pour les aviateurs, qui devaient faire face aux contraintes des intempéries en altitude.
A-2 : le premier modèle
Le bomber A-2 est porté très tôt par les pilotes américains, dès l’entre-deux-guerres en 1931. Uniformément proposé en marron, la veste dispose de deux poches à rabat sur le devant pour réchauffer les mains (car les avoir dans les poches est proscrit), d’un col de type chemise, d’épaulettes en cuir, de poignets et d’une taille élastique, doublée. Sous une bande de cuir cousue à l’intérieur de la veste se trouve la “plaque de matricule” du soldat.
https://www.instagram.com/p/BPJnFdNBMBf/
B-15 : le bomber synthétique qui séduit les pilotes
La veste d’aviateur évolue en fonction des avions. Un nouvel avion, un nouveau bomber ! Le bomber B-15 remplace son volumineux prédécesseur, en 1934. Plus léger, il marque la fin de l’ère des vestes en cuir. C’est la première veste en matière synthétique. Les aviateurs y prennent vite goût car celui-ci est plus fin et plus pratique pour se déplacer dans les étroits cockpits. Elles disposent d’une poche “stylo” sur le bras, puis de poches zippées diagonales et d’un emplacement pour “clipper” un masque à oxygène.
https://www.instagram.com/p/tF7mgEuG0n/
MA-1 : le bomber de la transition, du militaire au civil
On passe alors au bomber MA-1, créé par l’U.S. Air Force en 1949, il est produit par Doubs Industries (qui plus tard deviendra Alpha industries).
La nouveauté ? À partir des années 1960, la doublure devient orange fluo, en cas de survie du pilote lors d’un crash, afin d’être vu de loin. C’est le bomber le plus populaire depuis sa mise sur le marché, la veste de tous les jours et l’exemple-type de la transition du monde militaire vers le civil.
https://www.instagram.com/p/uG5dTwuG4N/
CWU : la version actuelle devenue culte
Lors de crashs aériens, on se rend compte que les bombers s’enflamment ! En 1970, on les remplace alors par une nouvelle version de bombers : le CWU (appelé aussi MA-2). Ils sont conçus dans une matière ininflammable avec un col chemise. Il dispose aussi de la poche stylo ainsi que deux poches à rabat et un scratch sur la poitrine. C’est la veste la plus performante et le modèle porté par les aviateurs américains jusqu’à nos jours. Il fut commercialisé dans les années 1980 et réédité dans les 1990 pour son côté kitsch devenu culte.
https://www.instagram.com/p/BN-2sXdDlFO/
De la mauvaise réputation des skinheads à sa dédiabolisation
Dans les années 1960, Alpha industries décide de commercialiser le MA-1 à destination du grand public. Celui-ci est alors popularisé par les actualités traitant de la guerre du Vietnam.
Sa popularité, il la doit aux jeunes de l’époque. En Angleterre au milieu des années 1960, émergent les “Mods“, dont des dissidents forment le mouvement “Skinhead“. Ils sont issus de la classe ouvrière et combattent la jeunesse petite bourgeoise.
Ce mouvement, d’origine sociale modeste, constitue à la fois une mode vestimentaire liée à des goûts musicaux (musique noire jamaïcaine), mais aussi une véritable sous-culture de jeunes bagarreurs aux comportements typiques (phénomènes de bandes, clanisme, frime, violence, esthétique, danse, etc. ). Cette mode rassemblait aussi bien des Blancs que des Noirs. Ces gangs aux comportement violents vont hisser le hooliganisme au rang de problème de société. Ils sont nombreux à s’identifier à ce nouveau courant et à adopter le bomber, le portant avec des jeans très serrés et des Dr. Martens montantes. Il faudra attendre la fin des années 1970 pour que celui qu’on appelle “blouson officiel des skinheads” ne se détache de sa mauvaise image.
Les créateurs puisent alors leurs inspirations dans les cultures urbaines d’outre-Manche comme les “Mods” ou les “Rude Boys”. Le bomber fait donc son entrée en grandes pompes à Hollywood en 1980 grâce à Steeve McQueen dans le film Le Chasseur. Il confirme son succès six ans plus tard avec Tom Cruise dans Top Gun. Marilyn Monroe ou James Dean valideront le dresscode de la jeunesse de l’époque.
C’est la fin d’une époque et le début d’une nouvelle ère, le MA-1 va changer de dimension. Ces bombers commencent à apparaître dans des magazines de mode qui mettent en avant l’émergence de nouveaux phénomènes comme le hip-hop.
https://www.instagram.com/p/BPO_TU7hVsN/
Des 90’s à nos jours
Il a fallu attendre l’avènement du hip-hop dans les années 1990 pour que le bomber prenne une dimension plus universelle. Il devient alors le symbole d’une jeunesse rebelle, urbaine et à la fois stylée. C’est dans les tenues larges à base de baggies que les MC vont s’approprier cette pièce. Dans le milieu du rap, les premiers à avoir revêtu le blouson sont le groupe N.W.A. (dans le clip “Express Yourself”), les rappeurs Rakim, Ice-T, 2Pac ou encore Nas (dans le clip “Nas is Like”).
Le bomber connaîtra quand même une traversée du désert au profit des staffs d’artistes et de diverses personnes travaillant dans l’événementiel, ou encore des agents de sécurité (videurs de boîte de nuit ou gardiens de parking).
Mais pas pour longtemps… la suite vous la connaissez. Les années 2000 avec Madonna, Jay-Z, Drake, Usher (dans son clip “No Limit”). Puis Kanye West qui le revisite de manière inédite. Yeezy arbore pendant sa tournée en 2013, Yeezus Tour, un bomber avec le drapeau des États confédérés d’Amérique, autrement dit, le drapeau des anciens États ségrégationnistes du sud des États-Unis. Il était d’ailleurs disponible dans sa ligne de vêtements en cobranding avec Alpha Industry.
https://www.instagram.com/p/23A8TVCCvM/?hl=fr
En France, on retrouve le MA-1 dernièrement dans les clips de rap français : Booba (“Comme les autres”), Kaaris (“Tchoin”), ou encore Soprano (“Mon Everest”) pour ne citer qu’eux…
Dès 2000, le bomber entre sur les podiums des défilés de mode, avec le modèle Pyramide Bomber de Raf Simons, que le créateur belge réinterprète pendant plusieurs collections. Plus récemment, on le trouve chez les couturiers Givenchy, YSL ou Dior (aux alentours de 1500 euros) chez les équipementiers Alpha, Schott ou Avirex (environ 200 euros) ou encore chez les discounters comme H&M, Zara ou Celio (en moyenne 50 euros).
https://www.instagram.com/p/7DPRbUk4OW/
Une pièce classique, nous renvoyant à nos belles années 1990, qui a été un peu “re-fittée” depuis car l’ancienne version était difficilement portable, notamment à cause de ses manches très épaisses que l’on qualifie d’oversized. Le bomber est tellement à son apogée qu’il va sûrement, à l’instar du rappeur MC Solaar : “disparaître pour réapparaître”.
À lire dans notre rubrique Rétroshot :
-> Comment le collier ras-du-cou est passé de symbole de violence à symbole du “girl power” ?-> Pourquoi a-t-on délaissé le mouchoir en tissu ?
-> Le best of des tenues de ski vintage