La Gay Pride a été inventée pour défendre les droits des LGBT et afficher son soutien à leur communauté. Le concept complètement absurde de la “Hetero Pride” ne fait que souligner son importance.
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Le mois de la Gay Pride arrive à sa fin et avec toutes ces couleurs, ces paillettes et cet esprit festif, il est facile d’oublier pourquoi on la célèbre.
Si les marches des fiertés sont l’occasion de passer un bon moment — et une bonne excuse pour porter des justaucorps extravagants sans craindre le regard des autres — c’est bien plus qu’une fête. Quand la signification réelle de la Gay Pride tombe dans l’oubli, une incongruité comme le “Heterosexual Pride Day” — “le jour de la fierté hétérosexuelle” — devient une réalité… et une tendance sur Twitter.
Commençons par l’essentiel : les hétérosexuels ont une vie de roi. Ils ne se font pas tués/emprisonnés/harcelés parce qu’ils aiment une personne du sexe opposé (l’année dernière, l’homosexualité était illégale dans au moins 76 pays et pouvait entraîner la peine de mort dans dix d’entre eux), leur vie n’est pas constamment politisée et ils ne sont pas sans cesse réduits à un énorme stéréotype. Chaque jour est un Heterosexual Pride Day.
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Traduction : “Les dates du Heterosexual Pride Day 2017 ont été révélées ! Ça commence le 1er janvier et ça dure jusqu’au 31 décembre.”
Les hétérosexuels ne sont pas des victimes
La marche de la fierté hétérosexuelle est devenue dans les années 90 une réponse passive-agressive au succès de la Gay Pride : une sorte d’évènement pour les homophobes qui ne supportaient de voir que les LGBT étaient de mieux en mieux acceptés par la société.
La “logique” de cet évènement (sous-tendue par une évidente intolérance) semble être : “eh, si les homosexuels ont une journée rien que pour eux, pourquoi les hétérosexuels n’auraient pas ce privilège ?”. Le Hetero Pride Day vient dévaloriser un évènement pensé par la société pour lutter contre la répression des LGBT et les crimes homophobes.
Les marches des fiertés ne sont pas nées pour faire étalage de l’homosexualité, mais plutôt pour défendre les droits des LGBT et leur droit d’exister sans être victimes de poursuites. C’est un mouvement nécessaire qui prône la tolérance et offre un espace où les gens peuvent se sentir en sécurité… et, certes, où ils peuvent porter des justaucorps extravagants s’ils le désirent.
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Traduction : “En rouge, tous les pays où il est illégal d’être hétérosexuel.”
Si le #HeteroPrideDay est une tendance sur Twitter, c’est aussi parce que la plupart des utilisateurs qui en parlent la critiquent, mais son existence prouve que certains individus ne peuvent pas s’empêcher de réduire au silence les “minorités”. Comme Duncan Lindsay l’écrit dans Metro, si vous êtes hétéro et que vous revendiquez la marche de la fierté hétéro, posez vous ces questions :
“Quand avez-vous envisagé de cacher le fait que vous étiez hétéro pour éviter des problèmes ou un malaise, ou parce que vous pensiez que vous deviez le faire pour grimper les échelons au travail ?
Quand une bande vous a coincé et vous a battu parce que ses membres ne supportent pas la manière dont les personnes hétérosexuelles parlent ou marchent ?
Quels mots ont été utilisés contre vous pour vous faire culpabiliser d’être hétéro ?
Quand avez-vous demandé à vos parents de s’asseoir pour leur dire : ‘Maman, papa, on a besoin de parler. J’espère que vous m’aimerez toujours après vous avoir dit ça mais… je suis hétéro ?’
Quand vous a-t-on demandé à quoi ressemblent les rapports sexuels des hétéros ou si vous étiez certain d’être hétéro vu que vous n’avez jamais essayé d’être avec quelqu’un du même sexe que le vôtre ?
Quand avez-vous été victime de propos haineux pour avoir embrassé votre petite amie ou petit ami en public, ou pour lui avoir tenu la main ?
Quand avez-vous dû faire campagne pour avoir le droit de vous marier ?”
Au lieu de sous-estimer les efforts et les progrès que nous avons fait (et, mon dieu, on a encore du chemin à faire), les hétérosexuels devraient être contents de ne pas avoir besoin d’un jour pour célébrer leur vie hétéro-normative.
Traduit de l’anglais par Hélaine Lefrançois