Décollage prévu samedi 25 novembre prochain avec retransmission en live.
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On entend souvent dire que la réalité dépasse la fiction. Une fois de plus, l’adage populaire est en train de se vérifier et pas qu’un peu. Quand, dans la même histoire, il est question d’un Américain barjo, d’une fusée artisanale, d’un réseau de complotistes qui ne croit pas à la rotondité de la Terre et de campagnes de crowdfunding complètement foirées, on se rappelle soudain que, dans la nature humaine, rien n’est vraiment simple et qu’il faut apprendre à faire avec.
L’histoire en question est racontée par le Washington Post, qui s’est penché de près sur le parcours de Mike Hughes, un chauffeur de limousine de 61 ans qui décollera samedi prochain, le 25 novembre, dans une fusée artisanale depuis le désert des Mojaves, en Californie. L’engin pourrait atteindre les 800 km/h.
Le but de l’opération ? Prendre des photos pour démontrer que notre Terre est plate et pas ronde comme la Nasa ou Elon Musk voudraient nous le faire croire. Pour le plaisir de tous, il sera possible de suivre en direct la performance depuis le site Web de Mike (site Web plutôt très artisanal qui, espérons-le, ne reflète en rien la qualité de sa fusée). Voilà pour les faits.
Concernant les tenants et les aboutissants de l’histoire, il y a du drôle et du moins drôle. Le drôle, ce sont les déboires passés de Mike, “Mad Mike” comme il se surnomme. En 2014, il avait effectué un premier voyage (voir la vidéo ci-dessous) en fusée artisanale. L’engin avait explosé en plein vol. Il avait, Dieu merci, pu s’éjecter en parachute, mais s’était sérieusement blessé. Peu échaudé, Mad Mike avait enchaîné en 2015 sur une campagne de crowdfunding pour son expédition d’après. Il espérait 150 000 dollars. Il n’en a obtenu que 310.
Ce qui est plus sombre dans cette histoire, c’est toute cette étrange galaxie qui gravite autour de Mike Hughes : ceux que l’on appelle les “flat-earthers”, en français les “platistes”. À l’instar de Mad Mike, ces personnes rejettent en bloc ce qui, à l’Antiquité, était une intuition et, après les premières explorations spatiales du XXe siècle, une certitude absolue : la rotondité de la planète Terre. Un défenseur particulièrement inattendu de cette théorie s’est illustré en janvier 2016, le rappeur américain B.o.B :
The cities in the background are approx. 16miles apart... where is the curve ? please explain this pic.twitter.com/YCJVBdOWX7
— B.o.B (@bobatl) 25 janvier 2016
Traduction : “Les villes en arrière-plan sont approximativement à 25 kilomètres d’ici… Où est la courbe ? Expliquez cela s’il vous plaît.”
En septembre 2017, B.o.B marche dans les traces de celui dont il partage les idées. Il décide à son tour de lancer une campagne de crowdfunding. Mais contrairement à Mad Mike, B.o.B n’ambitionne pas de s’envoyer dans les cieux. Des drones, des satellites et des ballons iront prendre photos et autres mesures à sa place. En deux mois, un peu moins de 7 000 euros sur les 1 000 000 requis ont été récoltés. Jackpot.
Ceux qui penseraient que les flat-earthers sont des individus rarissimes sans voix commune se trompent. Une communauté, la Flat Earth Society, fédère tout ce beau monde. Il y a de tout : un blog, des réseaux sociaux, un Wiki, des livres et des produits dérivés. Communauté à laquelle appartiennent B.o.B, Mike Hughe et quelques autres célébrités comme le basketteur australo-américain Kyrie Irving.
Sur le Web, les clashs font rage et nombreux sont ceux qui se moquent des flat-earthers. Pour clore cette histoire sur une note méditative, nous proposons cette image. Il s’agit d’une explication de la mort des dinosaures, version flat-earth, imaginée par ses détracteurs pour ridiculiser le mouvement.