Elle a su s’imposer dans un monde très masculin et compte bien encourager d’autres femmes à en faire autant.
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Le nom Tara Razavi ne vous dit peut-être rien. Mais si elle n’est pas derrière un micro ni une table de mixage, elle tient une grande place dans le monde de la musique grâce à ses talents de productrice de clips.
Talents que vous avez pu apprécier si vous avez notamment visionné “Who Dat Boy” de Tyler The Creator et ses effets visuels chiadés, ou bien la transformation de SZA en marraine la fée que l’on rêverait tous d’avoir dans le clip de “Supermodel”. Frank Ocean, Jennifer Lopez, Justin Bieber, Travis Scott, Rick Ross, Big Sean et même Jay-Z, la liste des artistes qui ont choisi de travailler avec elle est impressionnante. Au point qu’elle est aujourd’hui considérée comme une des productrices les plus demandées sur le marché de la musique.
Une évolution rapide
Autant de contrats qu’elle a signés par le biais de sa propre compagnie, Happy Place, qu’elle a fondée en 2008. En un peu moins de dix ans, ce qui était une start-up est devenue une entreprise florissante, grâce à son expérience toujours plus riche dans l’industrie de la musique et du divertissement.
Tara Razavi a commencé sa carrière en faisant des stages dans des labels de musique avant de décrocher un emploi en tant que responsable de la musique sur la chaîne BET, pour qui elle a notamment travaillé sur le pilote de la série College Hill, avant de faire ses armes sur Oxygen, VH1 et MTV. Aujourd’hui devenue cheffe d’entreprise, elle supervise toutes les opérations et choisit ses collaborateurs avec soin pour produire du contenu de qualité.
Dans une interview pour le site Hypebae, elle évoque l’environnement de travail qu’elle veut créer :
“Mon équipe me fait confiance, les membres me donnent une partie de leur vie, je ne veux pas paraître mélodramatique, mais je pense malgré tout que ces personnes pourraient toutes être ailleurs, faire autre chose. L’argent va et vient, mais le temps, lui, on ne peut pas le rattraper.
Si vous passez dix heures par jour à travailler et huit heures à dormir, il ne vous reste qu’une poignée d’heures entre temps, et elles servent souvent à se déplacer ou à manger.
Pour faire court, votre travail devient votre vie. Si vous voulez être heureux, il faut aimer votre travail. Si vous aimez votre travail, vous aimerez votre vie, et je veux juste garder ça en tête.”
En tant que femme dans l’industrie de la musique, Tara Razavi est quotidiennement entourée d’hommes sur les tournages, et elle souhaite encourager les femmes à ne pas se fermer de portes, à comprendre le pouvoir qu’elles ont, cette capacité à “être féroce avec une touche de douceur“.
Son équipe est constituée de sept personnes, toutes des femmes, et elle explique que ce n’est pas intentionnel. Elle a “juste embauché les meilleures“. S’il est rare de voir une entreprise dont toutes les employées sont des femmes, c’est pour plusieurs raisons selon elle :
“Je suis tellement concentrée uniquement sur mon entreprise et mes buts que je m’en fous de qui, quoi, pourquoi. Sois à l’heure et sois le/la meilleur.e, c’est tout.
Je veux vraiment vraiment vraiment que les jeunes femmes comprennent : vous ne pouvez absolument pas vous limiter. Petite fille, vous êtes ‘l’intelligente du groupe’, ou ‘la plus jolie’, ou autre… et on vous limite souvent à ça. On vous limite à votre couleur de peau, à votre look, à votre âge.
On nous apprend que les femmes vieillissent comme le lait, et les hommes comme le vin… C’est tout simplement faux… Nous arrivons à une époque où nous commençons à voir des femmes vraiment puissantes qui brisent ces carcans. Elles jettent les stéréotypes par la fenêtre et montrent à quel point ce système peut être fragile.
On peut passer du statut de femme au foyer à celui de cheffe d’entreprise si on le veut. Si vous parlez aux hommes les plus intelligents et les plus évolués au monde, ils vous diront tous qu’ils ont bien conscience du pouvoir et de la valeur des femmes. Alors ne vous sous-estimez pas.”
En tant que cheffe d’une entreprise dont les clients sont Jay-Z, Vince Staples ou encore John Legend, Tara Razavi confirme qu’il n’y a pas de raccourci possible. Il faut tout donner jusqu’au bout pour décrocher le soutien et le respect que l’on mérite, tout construire “brique après brique, contrat après contrat“.
Traduit de l’anglais par Sophie Janinet