Une nouvelle démonstration de force démesurée, le 19 janvier, de la justice française contre celui qui est devenu l’une des figures de proue de l’aide aux réfugiés.
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Le 19 janvier, Cédric Herrou n’était pas chez lui au moment de la perquisition de sa ferme, et pour cause : il est en garde à vue prolongée depuis qu’il a été surpris en train de venir en aide à trois Érythréens, en pleine vague de froid. Celui qui avait prévenu qu’il continuerait son combat malgré les poursuites judiciaires n’est donc pas revenu sur ses principes. On ne peut pas en dire autant de l’État français, dont la politique de répression menée à l’encontre de certains citoyens engagés dans l’aide de leurs prochains l’éloigne tous les jours un peu plus de la tradition d’accueil qui fait sa force et sa richesse.
Dans le cadre de cette nouvelle “affaire Herrou”, la justice n’a pas perdu de temps et a dépêché une vingtaine de gendarmes pour perquisitionner le domicile de l’agriculteur, dans la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes). Un photographe de Libération présent sur place raconte comment les forces de l’ordre l’ont écarté avec une clé de bras, avant de le plaquer à terre sans ménagement quelques minutes plus tard.
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À l’intérieur du bâtiment, Marie, bénévole de Médecins sans frontières, était avec Nasser, un jeune Soudanais dont elle soignait une plaie et un mal de gorge. “C’était complètement démesuré. Ils ont déboulé en gueulant et en nous tutoyant, raconte-t-elle. J’ai rarement été témoin d’une telle violence. Elle n’était pas réellement physique mais elle était palpable dans l’atmosphère, dans le climat ambiant.” Cachée derrière le rideau de la petite salle dans laquelle elle soignait le jeune homme, elle dit n’avoir pas vu grand chose d’autre que le canon de l’arme que l’un des gendarmes braquait sur elle. “Ce qui m’a le plus traumatisée, c’est le sentiment éprouvé par ces enfants”, raconte-t-elle.
Interviewé par Libération, Zia Oloumi, avocat de Cédric Herrou, a dénoncé des mesures “disproportionnées” : “On a quasiment affaire à une brigade antiterroriste”, déplore-t-il. Une force de frappe démesurée pour des gens qui, tous les jours, aident ceux qui ont tout quitté.
L’agriculteur n’est pas le seul à faire les frais de l’intransigeance du système judiciaire français. Il y a quelques semaines c’est Pierre-Alain Mannoni, enseignant-chercheur au CNRS, qui avait été déféré devant la justice pour “aide au séjour et aide au transport d’étrangers en situation irrégulière”. Mais le tribunal de Nice avait ordonné sa relaxe immédiate, arguant du fait qu’il avait agi par solidarité humanitaire. Une décision applaudie par l’opinion, mais contre laquelle le procureur de la République de Nice a décidé de faire appel. De là à parler d’acharnement judiciaire, il n’y a qu’un pas…
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