Pour célébrer 160 ans de relations diplomatiques avec le Japon, la France accueille Japonismes 2018 : Les Âmes en Résonances. Une saison culturelle dans le cadre de laquelle sont proposés de nombreux spectacles, expositions et autres ateliers en hommage au Pays du Soleil-Levant.
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Avis aux amateurs d’art nippon : le Pays du Soleil-Levant débarque aujourd’hui en France par le biais de Japonismes 2018 : Les Âmes en Résonances. Destiné à fêter le 160e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et le Japon, ce grand évènement, initié en juin dernier avec l’inauguration de l’exposition “teamLab : Au-delà des limites” à la Villette de Paris, propose jusqu’en 2019 une cinquantaine de manifestations, expositions, concerts et autres spectacles qui se dérouleront dans de nombreuses institutions entre Paris, La Rochelle ou Lyon. Voici les cinq expositions parisiennes qui ont attiré notre attention.
Au Louvre, l’imposant trône de Kohei Nawa
Kohei Nawa est considéré comme l’un des artistes les plus fascinants de la scène contemporaine japonaise. Inspiré par les relations entre l’homme, la Nature et l’informatique, ce natif de Kyoto, aujourd’hui âgé de 43 ans, est notamment connu pour Pixcell : une série constituée de cerfs empaillés, recouverts de perles de verre qui évoquent les pixels envahissant notre quotidien. “Internet nous abreuve d’images qui nous donnent l’impression d’avoir un accès global et total au réel, explique l’artiste. Mais ce ne sont que des images, des amas de pixels. Tout passe par un objectif, le ‘globe’ de l’appareil photographique.”
Loin de l’univers pop de son comparse Murakami, Kohei Nawa délivre un travail politique, qui interroge la place de l’homme au sein d’une société toujours plus marquée par l’ère digitale. Une réflexion qu’il impose de nouveau à travers “Throne”, une majestueuse sculpture installée sous la pyramide du Louvre le 13 juillet dernier.
Située à mi-chemin entre le modelage 3D et l’art de la dorure à la feuille, cette œuvre, qui puise son inspiration dans les chars utilisés en Orient lors de fêtes religieuses, permet au Japonais d’exprimer sa crainte selon laquelle l’informatique et l’intelligence artificielle, dont les progrès sont incessants, pourraient un jour remplacer le pouvoir et l’autorité de nos sociétés. Un trône aussi engagé que massif (il mesure 10,4 mètres de hauteur), qui flottera au cœur du musée parisien jusqu’au 14 janvier 2019.
Le Royaume coloré des êtres vivants de Jakuchû débarque pour la première fois en Europe
Souvent placées dans l’ombre de La Grande Vague de Kanagawa de Katsushika Hokusai (1760-1849), considérée comme l’œuvre la plus célèbre de l’ère Edo (XVIIIe siècle), les Images du royaume coloré des êtres vivants d’Itô Jakuchû (1716-1800) constituent pourtant l’un des grands trésors de l’art japonais. Réalisé entre 1759 et 1765, cet ensemble de 30 rouleaux, basé sur un travail d’observation réelle, fascine par la délicatesse de ses traits, l’éclat de ses couleurs, et son réalisme saisissant qui parvient à donner vie à un univers pictural onirique. Un véritable chef-d’œuvre, qui sera précieusement exposé dans l’enceinte du Petit Palais du 15 septembre au 14 octobre 2018. Une première en Europe.
Une immense rétrospective dédiée au travail de l’architecte Tadao Andô
Originaire du Japon, Tadao Andô est un grand amoureux de la France. Et pour cause : c’est après avoir découvert l’œuvre de Le Corbusier lors d’un voyage à Marseille en 1965 que cet ancien boxeur professionnel a choisi de devenir architecte. Un demi-siècle plus tard, ce natif d’Osaka est aujourd’hui l’un des architectes les plus accomplis de sa génération. En prenant pour base de travail le béton et la lumière, cet autodidacte passionné a marqué le monde de l’architecture grâce à des réalisations innovantes, parmi lesquelles l’Église de la lumière à Osaka, le Musée d’art de Chichū de Naoshima, ou encore le musée 21_21 de Tokyo.
Alors qu’il œuvre actuellement pour le projet de réhabilitation de la Bourse de Commerce de Paris, destinée à abriter la collection Pinault à l’automne 2018, Tadao Andô s’apprête à faire l’objet d’une imposante rétrospective au Centre Pompidou. Du 10 octobre au 31 décembre 2018, l’établissement accueillera en effet une exposition retraçant l’immense parcours du Japonais, et ce grâce à l’aide à de nombreuses maquettes, esquisses, dessins et autres vidéos. L’occasion de mieux saisir l’esthétique visionnaire de l’architecte.
Naomi Kawase à l’honneur du Centre Pompidou
Figure phare du cinéma japonais contemporain, Naomi Kawase sera mise à l’honneur à travers une rétrospective inédite, qui prendra place du 23 novembre 2018 au 6 janvier 2019 au Centre Pompidou. Supervisée par l’intéressée, cette exposition permettra de (re)plonger dans l’œuvre fascinante de la cinéaste, dont l’univers est perpétuellement inspiré par les thématiques de la vie, de la nature et de la famille.
En parallèle de cette exposition, l’intégralité des films de Naomi Kawase, soit environ 35 courts et longs métrages, sera projetée dans les salles de cinéma du Centre Pompidou. La réalisatrice de Still the Water dévoilera également, pour la première fois au public, des installations artistiques conçues de ses propres mains. Un bon moyen de se préparer à la sortie de son 13e long-métrage Voyage à Yoshino, annoncé pour le 28 novembre prochain, et dans lequel on pourra notamment découvrir Juliette Binoche.
L’œuvre du peintre Foujita retracée
Issu d’un autre siècle, Léonard Tsuguharu Foujita (1886-1968) fut lui aussi très inspiré par le pays des Lumières, qui devint son pays d’adoption. Fasciné par la culture française dès son plus jeune âge (il prend des cours de français dès l’école primaire), il quitte l’archipel nippon en 1913 pour s’installer en France, où il fait la rencontre de Pablo Picasso et Henri Matisse, et devient un artiste majeur de l’École de Paris. Naturalisé français, converti au catholicisme et nommé chevalier de la Légion d’honneur, Foujita est considéré comme l’un des peintres les plus innovants de sa génération, dont le style singulier, à la croisée des genres entre Orient et Occident, a marqué la première moitié du XXe siècle.
L’exposition que lui dédie la Maison de la Culture du Japon dans le cadre de Japonismes 2018 proposera, pour la première fois en France, de retracer l’intégralité de son œuvre, des toiles de son premier long séjour à Paris, entre 1913 et 1931, jusqu’à ses tableaux d’après-guerre en hommage à la France, en passant par ses peintures inspirées de voyages en Amérique latine, au Japon, mais aussi en Chine et en Asie du Sud-Est dans les années 1930 et 1940. À découvrir du 16 janvier au 16 mars 2019.