Alors que le climatosceptique Donald Trump brade la nature sur l’autel du développement économique, les parcs nationaux américains commencent à se rebiffer sur Twitter.
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À peine installé dans le bureau ovale, Donald Trump détricote la politique environnementale des États-Unis à toute allure : feu vert à des oléoducs controversés (les pipelines Keystone XL et Dakota Access), reprise des forages de gaz de schiste, nomination de Scott Pruitt (lié aux lobbies de l’énergie) pour diriger l’agence de protection de l’environnement (EPA), démantèlement du plan climat d’Obama en gelant toutes les embauches de l’EPA… Le nouveau président va même jusqu’à museler les employés du ministère de l’Agriculture, qui se sont vus interdire la diffusion de leurs travaux de recherche sur les réseaux sociaux.
Bref. Trop c’est trop, et cette politique de censure a commencé à irriter les parcs nationaux américains, qui ont répliqué sur leurs comptes Twitter. Enfin, pour être tout à fait exact, un employé anonyme du parc national des Badlands (situé dans le Dakota du Sud) a lancé les hostilités en se servant du compte officiel du parc pour balancer plein de messages relayant des informations concernant le réchauffement climatique, avec le hashtag #climate.
On peut par exemple lire : “En 650 000 ans, jamais la quantité de dioxyde de carbone contenue dans l’atmosphère n’a été aussi élevée qu’aujourd’hui #Climat“, “En parallèle, nous avons les océans dont l’acidité a augmenté de 30 % depuis la révolution industrielle. ‘Acidification des océans’ #Climat #CycleDuCarbone“, “Brûler quatre litres d’essence émet près de neuf kilos de CO2 dans notre atmosphère“.
Bref, le gars s’est lâché, jusqu’à être retweeté 12 000 fois pour son premier message. Mais la révolte fut de courte durée et les messages ont rapidement disparu, la direction du parc ne souhaitant probablement pas faire de vague.
La guerre est déclarée sur Twitter
Mais l’histoire ne s’arrête heureusement pas là. Le parc des Badlands étant rentré dans les rangs, c’est au tour du compte Twitter de l’Association des Parcs nationaux américains de prendre le relais contre la censure du gouvernement. L’organisation s’est notamment montrée virulente vis-à-vis du gel des emplois qui l’affecte. Et c’est Theresa Pierno, la présidente de l’Association pour la Conservation des Parcs Nationaux qui s’est directement exprimée : “Notre Agence de protection environnementale a besoin d’un administrateur qui se consacre à combattre – et non pas à remettre en question – le changement climatique“. Puis de se fendre d’une déclaration pour enfoncer le clou :
“Les Américains ont une affection particulière pour leurs parcs nationaux. Il n’y a donc rien de surprenant à constater cette vague de soutiens qui fait suite à la censure des canaux de communication des agences gouvernementales, dont le rôle est de protéger les terres publiques, l’air que nous respirons et l’eau que nous buvons.”
BREAKING: Statement from @NPCA CEO, Theresa Pierno regarding censorship of comms channels for gov't agencies pic.twitter.com/1kf1h2vSI1
— National Parks News (@NPCA) 25 janvier 2017
“Scott Pruitt a passé sa carrière à poursuivre en justice l’EPA et à s’attaquer à des programmes cruciaux pour la protection de l’air, de l’eau et de la santé des parcs. Ce n’est pas OK !”
Scott Pruitt has spent his career suing EPA and attacking critical safeguards for water/air & the health of natl parks & wildlife. NOT OKAY! pic.twitter.com/rXcw4Os1GW
— National Parks News (@NPCA) 26 janvier 2017
“Les parcs nationaux font déjà plus avec moins. Le gel des embauches menace des milliers de rangers saisonniers = pas bien pour les parcs.”
Natl parks already doing MORE with LESS. Hiring freeze threatens 1000s of seasonal ranger jobs=not great for parks. https://t.co/vdOApMnxkm pic.twitter.com/kIhW3O3eoB
— National Parks News (@NPCA) 26 janvier 2017
Autant dire que la guerre est déclarée et que le compte officiel de l’Association pour la Conservation des Parcs Nationaux s’est transformé ces derniers jours en une véritable tribune anti-Trump dénonçant coup sur coup toutes les mesures anti-environnement du nouveau locataire de la Maison-Blanche.
Et dans la foulée, la Toile a vu naître un nouveau compte Twitter non-officiel du parc national des Badlands (@BadlandsNPSFans) qui compte déjà plus de 100 000 abonnés. Avec au menu des tweets bien sarcastiques. Du type : “Le saviez-vous : le parc des Badlands abrite environ 39 espèces de mammifères ! (Mais en accord avec la restructuration du budget, ce chiffre sera réduit de moitié d’ici 2019“. Ou encore : “Nous rénovons l’unité Sud de notre parc ! (image d’artiste)” avec une photo du parc rasé pour faire place à des derricks.
Fun Fact: Badlands NP today is home to 39 mammal species! (As part of budget restructuring, that number will be reduced by half by 2019.) pic.twitter.com/4UZ74LUyff
— BadlandsNPSFans (@BadIandsNPSFans) 25 janvier 2017
Sneak Peek: Look at the renovations coming to the South Unit of the park! (Artist's rendition) pic.twitter.com/OLoSxe5geR
— BadlandsNPSFans (@BadIandsNPSFans) 25 janvier 2017
Autre compte à suivre : AltUSNatParkService : le compte officieux de résistance de l’équipe du service des Parc nationaux. Celui-ci compte plus d’un million d’abonnés et s’en donne à cœur joie en narguant même le Président. “Trop hâte que le Président Trump nous appelle Fake NEWS”. La guerre entre Trump et l’environnement se déroule donc désormais sur Twitter.
Can't wait for President Trump to call us FAKE NEWS.
— AltUSNatParkService (@AltNatParkSer) 25 janvier 2017
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