Au cours du Festival de Cannes, Konbini vous fait part de ses coups de cœur. Aujourd’hui, voici Parasite, le nouveau film très attendu du réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho, qui a été récompensé par une Palme d’or.
À voir aussi sur Konbini
Parasite, c’est quoi ?
La dernière fois que Bong Joon-ho était venu à Cannes, c’était en 2017, avec Okja, un film protéiforme et la continuation de son passage par Hollywood, quelques années après Snowpiercier. Deux ans plus tard, il revient avec Parasite, un film sud-coréen, filmé chez lui, qui revient aux origines de son cinéma. Et c’est un euphémisme de dire que ça fait vraiment du bien.
On y suit Ki-Taek (Song Kang-ho), un homme au chômage qui vit avec sa femme Chung-Sook et leurs deux enfants dans un appartement étroit et lugubre, envahi par les cafards et recouvert de moisissures, dans une ville de banlieue en Corée du Sud. Démuni, il peine à nourrir sa famille. Un jour, Min, un ami de son fils Ki-Woo, lui offre un bon plan : être le prof d’anglais de Da-hye (que Min aime plus que tout), la fille d’un richissime entrepreneur, Park.
Une fois installé dans cette immense demeure, Ki-Woo réalise qu’il peut enfin gagner un peu d’argent pour sa famille. Il réussit ensuite à faire recruter sa sœur, Ki-Jung, par la maman de Da-hye pour autre chose. Mais la cupidité de certains et la naïveté des autres vont tout faire tourner au drame.
Mais c’est bien ?
Le film est surprenant à bien des égards. Déjà, parce que le titre laissait penser – comme ce fut le cas pour l’auteur de ces mots, qui n’avait rien lu sur le film avant de le voir – qu’il s’agirait d’un film de SF, voire d’action (après tout, Bong Joon-ho a réalisé The Host et Snowpiercer). Que nenni. On est ici face à un mélange entre l’humour noir de Barking Dog, l’intimité de Mother et la noirceur crasse de Memories of Murder. Un film-somme, pour un retour aux racines : le ton est donné.
Une fois passé l’effet “je-ne-m-attendais-pas-du-tout-à-ça”, on se prend une claque. Une belle claque, pas désagréable, assez rare. Que ce soit au niveau de la mise en scène, de la photographie, de la lumière, du montage (certaines transitions sont ahurissantes), le film est, sur la forme, quasiment parfait : c’est fluide, efficace, sans trop d’artifices.
En l’espace de deux scènes et avec une facilité déconcertante, le cinéaste vous fait assimiler toute l’architecture de la maison, décor des drames à venir. C’est simple : vous pouvez quasiment la dessiner de mémoire après ces scènes. C’est la force de Bong Joon-ho. Rien n’est placé au hasard, tout ce qu’il met en scène sert. Le moindre détail est là pour une raison.
La lutte des classes, un thème cher au réalisateur, est illustrée à travers un scénario énervé – oui, “énervé”. L’année dernière, le jury de Cannes avait donné une Palme d’or très méritée à Une Affaire de Famille de Kore-eda, qui parlait aussi à sa manière des oubliés de la société. Mais alors que le Japonais présentait les choses avec une certaine tendresse déchirante, le Sud-Coréen préfère mettre en scène les sentiments d’injustice d’un côté et d’impunité de l’autre, dans une société de plus en plus inégalitaire.
Reste à savoir : qui sont les fameux “parasites”. Cette pauvre famille vivant sous terre, dans des égouts comme des cafards, et prête à tout pour remonter à la surface ? Ou cette autre famille, dont la richesse matérielle a enlevé tout bon sens et indépendance, qui ne peut vivre sans une armée de domestiques et ne se rend pas compte de l’indécence de son comportement ? Rien n’est moins sûr.
Qu’est-ce qu’on retient ?
L’acteur qui tire son épingle du jeu : Song Kang-ho, l’acteur fétiche du cinéaste, mais aussi Park So-dam, l’actrice qui interprète la fille du personnage principal.
La principale qualité : le combo entre le scénario en huis clos et la mise en scène de Bong Joon-ho, qui fonctionne à la perfection.
Le principal défaut : difficile à dire.
Un film que vous aimerez si vous avez aimé : les premiers films de Bong Joon-ho.
Ça aurait pu s’appeler : “Intrus”.
La citation pour résumer le film : “Entre la folie d’un Park Chan-wook et les drames familiaux de Kore-eda, Bong Joon-ho propose son meilleur film depuis Memories of Murder.”