Oubliée, Mayotte connaît une pénurie d’eau potable depuis deux mois

Oubliée, Mayotte connaît une pénurie d’eau potable depuis deux mois

En raison du manque de pluie sur l’île, les villes du sud et du centre de ce département français n’ont quasiment plus d’eau potable depuis mi-décembre. L’État vient seulement d’agir.

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Depuis le mois de décembre dernier, Mayotte manque d’eau douce. La saison des pluies censée commencer en novembre se fait toujours désirer, et, en attendant, c’est la sécheresse qui règne sur l’île. Pour faire face à cette grave pénurie d’eau, un dispositif de rationnement a été mis en place dès la mi-décembre par la préfecture de Mayotte et la Mahoraise des Eaux : les habitants de huit communes du sud de l’île n’ont ainsi accès à l’eau qu’un jour sur trois (voire deux jours sur trois pendant la récente période de Noël). En tout, près de 63 000 personnes sont concernées par ce rationnement, censé faire économiser l’eau avant l’arrivée des précipitations. Mais la pluie ne vient toujours pas, et selon le député de la deuxième circonscription de Mayotte, Ibrahim Aboubacar, la semaine prochaine, c’est toute l’île qui pourrait être concernée par ce rationnement en eau potable.

L’État français, lent à agir

Jeudi 2 février, une manifestation a été organisée à Mayotte par le Collectif de lutte contre la pénurie d’eau. À cette occasion, ce collectif a voulu attirer l’attention des élus sur les conditions de vie des habitants de Mayotte, et sur les conséquences sanitaires et économiques de cette pénurie. Un des membres du collectif, Ousseni Ballache, se confiait à Outre-mer 1ère : 

“Nous avons des patients hospitalisés à domicile par souci d’économie pour la sécurité sociale, et qui se retrouvent confrontés à la pénurie d’eau notamment en matière d’hygiène. Il faut ajouter que nous risquons des propagations des épidémies de typhoïde, de la gale, d’hépatite A…”

Mais les manifestants sont sortis insatisfaits de leur rencontre avec le sous-préfet de Mayotte, après leur rassemblement du jeudi 2 février. “À notre requête pour des mesures exceptionnelles d’alimentation des populations sinistrées en eau, la préfecture nous a répondu que l’État n’a pas assez de moyens et que les mesures qui doivent être appliquées en urgence pourraient coûter trop cher à l’État”, déclarait Ousseni Ballache à l’AFP.

Et l’État vient seulement de réagir pour trouver une solution à cette pénurie d’eau, qui touche un département français dont 84 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté (contre 16 % en France métropolitaine). Le 31 janvier dernier, soit plus d’un mois après le début de la crise d’eau à Mayotte, la ministre des outre-mer, Ericka Bareigts a fait son premier communiqué sur le sujet. Dans celui-ci, la ministre indiquait que “la solution de l’envoi d’un tanker [était] activement travaillée” pour faire face à la situation “d’urgence”. Quelques jours plus tard, Ericka Bareigts faisait également part de sa décision de débloquer un financement d’urgence de 500 000 euros pour aider les écoles mahoraises à faire face à d’importants problèmes d’approvisionnement d’eau.

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Mais pour le député de la deuxième circonscription de Mayotte, Ibrahim Aboubacar, “ces mesures ne sont pas à la hauteur du drame qui se joue dans le territoire pour les prochaines années”. Mercredi 8 février, il a lancé un appel à l’Assemblée nationale, pour que les habitants de l’île ne soient pas oubliés.


En attendant l’application des mesures évoquées par la ministre des outre-mer à l’Assemblée nationale, les Mahorais n’en peuvent plus.