Un mystère vieux de 152 ans enfin levé.
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Le célèbre tableau de Gustave Courbet exposé au musée d’Orsay depuis 1995 délivre ses derniers secrets avec la révélation du nom de la jeune femme ayant servi de modèle à l’artiste. Cette découverte, c’est au chercheur Claude Schopp, grand spécialiste français de Dumas père et fils, Goncourt de la biographie en 2017, qu’on la doit. Pourtant, elle fut le fruit d’un véritable hasard comme il le raconte dans l’ouvrage L’Origine du monde, vie du modèle, à paraître le 4 octobre 2018 chez Phébus.
En effet, c’est alors qu’il étudie les échanges entre Alexandre Dumas fils et George Sand, et plus précisément une lettre datant de juin 1871 qu’il découvre un indice crucial. Hostile à Courbet qui était un fervent partisan de la Commune de Paris, Dumas fils, auteur de la lettre, écrit à Sand : “On ne peint pas de son pinceau le plus délicat et le plus sonore l’interview de Mlle Queniault (sic) de l’Opéra”. Conscient du mésusage du mot “interview”, le chercheur compare alors la transcription à la lettre originale conservée à la Bibliothèque nationale de France (BnF). Il y découvre que ce n’est pas “interview” qu’il fallait lire mais “intérieur”.
“Ce témoignage d’époque découvert par Claude me fait dire que nous avons la certitude à 99 % que le modèle de Courbet était bien Constance Quéniaux”, explique Sylvie Aubenas, directrice du département des estampes et de la photographie de la BnF à l’AFP, ajoutant que la noirceur de la chevelure de Constance Quéniaux, connue pour sa carrière de danseuse à l’Opéra de Paris, ainsi que ses “beaux sourcils noirs”, sont “conformes à la luxuriante pilosité du modèle”. Pour finir d’étayer cette découverte, l’auteur rappelle qu’en 1866, année de création du tableau, Constance Quéniaux qui ne danse plus depuis 1859, a 34 ans et est l’une des maîtresses du diplomate turco-égyptien Khalil-Bey, figure flamboyante du Tout-Paris des années 1860 et commanditaire initial du tableau.
Enfin, à la mort de cette dernière, c’est un tableau de Courbet représentant un bouquet de fleurs que l’on retrouve lors de la vente de la succession. Sur le côté gauche des fleurs printanières, sur le droit, des camélias rouges et blancs, “les fleurs vouées aux courtisanes depuis Dumas fils”. Au centre, une plante grasse qui tend vers le spectateur une profonde corolle rouge épanouie et ouverte.“Quel plus bel hommage de l’artiste et du commanditaire à Constance ?”, souligne Sylvie Aubenas.