Le président brésilien, Michel Temer, a ouvert à l’exploitation minière quatre millions d’hectares de forêt amazonienne au nord du pays. Une zone jusqu’alors préservée grâce à son statut de réserve naturelle.
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En toute logique, le président brésilien Michel Temer a décidé d’abroger le statut de réserve naturelle octroyé en 1984 à des terres des États du Para et de l’Amapa situées au nord du pays. Quatre millions d’hectares sont ainsi ouverts à l’exploitation minière des compagnies privées. Un véritable boulevard pour la déforestation qui préoccupe vivement les associations de préservation de l’environnement qui rappellent que ces zones abritent entre autres, de nombreuses tribus autochtones.
Comme si l’Amazonie n’était pas suffisamment gangrenée par la déforestation, que la faune et la flore n’y étaient pas en voie de disparition, et que ces territoires n’étaient pas habités… Le gouvernement se défend en expliquant qu’il ne voit pas de contradiction entre l’exploitation minière de la région et sa préservation : cela “ne remet pas en cause l’application de la loi concernant la protection de la flore et des territoires autochtones“, stipule le décret rapporté par Le Monde, qui a repéré l’information.
Le gouvernement brésilien, en proie aux lobbyistes
Malgré le démenti des autorités, cette décision ressemble fortement à une autorisation en bonne et due forme vers toujours plus de déforestation. Le gouvernement Tremer est en effet fréquemment accusé par les ONG d’être “vendu” aux lobbys de l’agrobusiness et aux compagnies minières. Autre exemple éloquent : la justice brésilienne a suspendu le mois dernier les poursuites contre les compagnies minières responsables de la catastrophe Rio Doce. La rupture d’un barrage minier dans le Minas Gerais en 2015 avait conduit au déversement de 40 millions de mètres cubes de boue hautement toxique dans le fleuve et mis à la rue des centaines d’habitants.
Depuis plusieurs années déjà, les observateurs notent la progression fulgurante des représentants des lobbies de l’agrobusiness et de l’industrie minière au sein du Congrès. Quand d’autres dénoncent la corruption des hauts fonctionnaires, à commencer par le chef d’État lui-même, qui négocient leur survie en marchandant des amendements avec ces lobbies. Par exemple en réécrivant le code visant à réglementer l’exploitation minière dans le pays, par l’invention de nouvelles règles sur les pesticides – renommés à l’occasion “défense phytosanitaire” – et rédigées par des parlementaires financés par les entreprises de pesticides, ou encore la réduction des zones protégées et des terres indigènes (comme c’est le cas ici).
S’il y a quelques années encore, le Brésil faisait figure de modèle dans la lutte contre la déforestation, il semblerait que le vent ait tourné en défaveur de la planète, et au profit des lobbys.