Une nouvelle vidéo tournée en caméra cachée au mois de mars et diffusée aujourd’hui par l’association de défense des animaux L214 vient donner au traditionnel gigot d’agneau du week-end pascal un goût de révolte. Attention, les images qui suivent sont difficilement soutenables.
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“Dignité”, “respect”, “étourdissement”, “contrôle”, autant de qualificatifs rassurants martelés par les abattoirs de France pour donner confiance au consommateur et lui assurer qu’il achète une viande “éthique” et responsable.
Mais une nouvelle vidéo diffusée ce mardi 29 mars par l’association de défense des animaux L214 vient une fois encore écorner les discours déontologiques sur l’abattage des animaux. Après les images insoutenables des abattoirs d’Alès et du Vigan, certifié bio, dans le Gard, diffusées respectivement en octobre et février derniers, c’est l’abattoir de Mauléon-Licharre, dans les Pyrénées-Atlantiques, qui est tristement mis sous le feu des projecteurs. Un abattoir pourtant présenté comme modèle.
Des pratiques illégales
Sur les images, on peut voir des agneaux de lait (âgés entre un et huit mois) manipulés sans ménagement pour ne pas dire jetés violemment sur la chaîne d’abattage. La plupart des étourdissements censés faire perdre conscience aux bêtes pour ne pas souffrir lors de leur mise à mort sont ratés. Les petits animaux sont suspendus conscients à des crochets, assommés violemment par les employés et même… écartelés vivants.
Les images montrent des agneaux, des chevreaux, des veaux et des bovins adultes souvent conscients au moment de leur saignée et se débattant frénétiquement alors qu’ils ne sont accrochés qu’à une seule patte. Pire : on constate que des opérations de découpe commencent sur des animaux encore vivants. Si vous souhaitez constater de vos yeux la cruauté du personnel d’abattage sur les animaux, nous vous invitons à visionner les images par vous-même, mais attention, les images sont particulièrement dures.
Un document macabre qui témoigne de pratiques illégales, car contraires à au règlement européen du 24 septembre 2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort qui stipule que les bêtes ne doivent en aucun cas souffrir lors de leur abattage. Extrait :
“Les exploitants ou toute personne associée à la mise à mort des animaux devraient prendre les mesures nécessaires pour éviter la douleur et atténuer autant que possible la détresse et la souffrance des animaux pendant l’abattage ou la mise à mort … “
Mauléon-Licharre : un abattoir “modèle”
Il s’agit de la troisième vidéo sur les abattoirs “made in France” diffusée en moins de six mois par L214. L’abattoir basque de Mauléon-Licharre, qui traite 3 000 tonnes de viande par an, se revendique sur son site comme un établissement de qualité et irréprochable.
Il est même détenteur de nombreux labels : le célèbre Label rouge, AB (agriculture biologique), le label européen d’agriculture biologique, Ecocert (organisme de contrôle et de certification de l’agriculture et de l’alimentation biologique) ou encore l’AOP “agneau de lait des Pyrénées”.
Sur le site de Mauléon-Licharre, on peut lire :
“Les abattoirs du Pays de Soule… sont résolument tournés vers un abattage de qualité […] Souci du bien-être animal, qualité des prestations d’abattage, de découpe et de conditionnement, respect des normes sanitaires et des attentes des consommateurs.”
Un établissement soi-disant exemplaire, donc. Comme le précise le site du Monde :
“Parmi ses 460 clients, on trouve des particuliers en vente directe, des Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) et quelques grandes tables parisiennes et chefs étoilés, comme le boucher-star Yves-Marie Le Bourdonnec ou le chef Alain Ducasse.”
Gérard Clémente, directeur de l’abattoir depuis quarante ans, a réagi auprès du Monde. Il s’est dit “effondré” et “catastrophé“. Il a assuré qu’il allait congédier les salariés incriminés, tout en dénonçant les cadences de travail : “Il faut tuer 15 000 agneaux en quinze jours pour Pâques. Si on travaillait plus sereinement, ils ne commettraient pas ce type d’action.”
L’association L214 a quant à elle porté plainte contre l’abattoir auprès du tribunal de grande instance de Pau pour des faits de maltraitance, de sévices graves et d’actes de cruauté. Par ailleurs, l’association a mis une pétition en ligne, afin d’exiger la transparence des abattoirs. Quelques heures après la diffusion de la vidéo, l’établissement a été fermé “pour une durée indéterminée, à titre conservatoire” par le maire de Mauléon, Michel Etchebest.