Les New Yorkais n’ont pas apprécié d’être associés à la traque du terroriste de Chelsea

Les New Yorkais n’ont pas apprécié d’être associés à la traque du terroriste de Chelsea

Inquiétant : la police américaine envoie désormais des messages d’alerte sur les smartphones pour traquer les individus recherchés. C’est ce qui s’est passé à New York le 19 septembre, lors de la chasse à l’homme pour retrouver le responsable de l’attentat qui avait fait 29 blessés dans le quartier de Chelsea, deux jours plus tôt.

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Le lundi 19 septembre, à 7 heures 45, en pleine chasse à l’homme pour trouver le responsable de l’attentat survenu deux jours plus tôt, la police de New York a contacté le Centre national de gestion des urgences américain. Les forces de l’ordre ont alors fait la demande de l’envoi d’un avis de recherche à toute la population de l’agglomération. Sans discussion ou presque, le statut “d’alerte relative à une menace imminente” a été immédiatement validé, et le texte du message rédigé.

Quinze minutes plus tard, la scène devait sembler surréaliste dans les rues de la métropole américaine : des millions de téléphones ont émis simultanément le même son strident à six reprises, tandis que le texte suivant s’affichait sur les écrans :

“Les New-Yorkais viennent de recevoir un message d’alerte terrible : ‘Recherché : Ahmad Khan Rahami, homme de 28 ans. Voir médias pour photo. Appeler le 911 si vous le voyez.'”

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Avis de recherche 2.0

Le déroulé de ces événements ressemble à s’y méprendre au scénario catastrophe d’un blockbuster hollywoodien. Le dénouement en est aussi à la hauteur, puisque l’homme recherché, également soupçonné d’avoir fomenté un attentat dans le New Jersey, a été interpellé moins de quatre heures plus tard. Les New-Yorkais, eux, ont plus eu l’impression de vivre une expérience digne de Fahrenheit 451 que de Mission impossible.

“L’alerte sur smartphone envoyée pour le poseur de bombes de New York est comme la scène ‘ouvrez votre porte’ dans Fahrenheit 451. Ça change de George Orwell [auteur de 1984, ndlr].”

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Si ce dispositif d’envoi groupé, via des antennes wifi, a déjà été utilisé lors de catastrophes naturelles ou de kidnappings de mineurs, c’est la première fois qu’un avis de recherche pour un suspect est diffusé de cette façon.

Procédure intrusive

Comme le site d’actu technologique The Verge le rappelle, contrairement à une annonce télévisée, ce type d’alerte sur smartphone retient l’attention à toute heure du jour, où que l’on soit. C’est aussi l’avis d’Elizabeth Joh, professeure de droit à l’université de Californie à Davis, qui a expliqué au Guardian :

“La gravité de la situation est évidente. Cependant le fait que chaque personne munie d’un smartphone avec appareil photo intégré et un accès direct aux réseaux sociaux soit contactée c’est particulier. Certes, l’équilibre est difficile à trouver. Mais enrôler la population entière d’une zone pour aider la police ce n’est pas la même chose que de lancer un avis de recherche à la radio ou à la télé.”

Sur Twitter, les messages de New Yorkais qui ont jugé cette procédure intrusive, pour ne pas dire carrément énervante, se sont multipliés.

“Je ne me souviens pas avoir donné mon accord pour recevoir des textos de la police.”

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“L’alerte d’urgence pour le suspect de Chelsea a fait sonner tous les portables dans le métro bondé. Énervant, c’est le moins qu’on puisse dire.”

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Encouragement à la xénophobie

Pour certains New-Yorkais, cette initiative va plus loin qu’une simple intrusion dans leur vie privée, car elle encourage la xénophobie.

“Je n’ai pas souscrit au système d’alerte de New York pour être réveillé par une invitation à me joindre à la paranoïa collective à propos d’un homme vaguement bronzé”

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“Et c’est dangereux. Je connais 4 ou 5 mecs, de différentes origines, qui ressemblent à Ahmad Khan Rahami. J’espère qu’il ne leur arrivera rien.”

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Le magazine The Atlantic rappelle que l’identification publique d’un suspect n’est pas sans risque. À Boston, un jeune homme de 22 ans avait été désigné à tort comme le responsable de l’attentat du marathon de 2013

Si la police de New York a déclaré être satisfaite d’avoir recouru à ce procédé, difficile de dire pour l’instant s’il viendra à se généraliser.