Vers une “biologie planétaire”
Pour autant, le travail des chercheurs d’exoplanètes est loin d’être terminé. Les données compilées par Kepler peuvent encore largement être affinées, et de nouveaux résultats peuvent émerger de leur étude. Ainsi, en reprenant toute la collection d’exoplanètes de Kepler et en mesurant plus précisément leurs tailles, un groupe de chercheurs a compris que la Voie lactée produit deux groupes très distincts de “petites planètes” : des “super-Terre”, d’une taille similaire ou supérieure à notre planète, et des sortes de “mini-Neptune” gazeuses. Entre les deux, rien ou presque. Étonnamment, ces “mini-Neptune” se retrouvent à peu près partout dans la Voie lactée… excepté dans notre bon vieux système solaire. Une séparation étonnante – alors que les planètes “démarrent” toutes avec les mêmes quantités de matière rocheuses dans leur cœur, précise le New York Times –, que les chercheurs responsables de l’étude comparent à une “branche” séparant des grandes familles d’animaux. Au point de mettre en place une classification “biologique” des planètes ? L’idée n’est pas si saugrenue, à condition que les télescopes de demain aient les moyens d’observer plus précisément les exoplanètes de notre voisinage.
Ça tombe bien, puisque la relève de Kepler est déjà assurée. Si le vaillant télescope continuera à observer quelques objets cosmiques intrigants, comme des regroupements (“clusters”) de planètes ou des systèmes comme Trappist-1, découvert en février dernier, un autre satellite, Tess, sera lancé l’année prochaine avec sensiblement la même mission. Mais la relève sera réellement assurée avec la mise en orbite du télescope James Webb, également en 2018, beaucoup plus puissant que Kepler et capable d’identifier la composition d’atmosphères autour des exoplanètes qui en possèdent, voire la présence de vie. Une nouvelle étape dans la composition d’un catalogue précis de “cibles” avant le lancement d’un dernier télescope, entièrement tourné vers la recherche de vie extraterrestre, à l’horizon 2030.
Une sorte super-Hubble qui – soyons fous — aurait enfin les moyens d’apporter une réponse à la question “Sommes-nous seuls dans l’Univers ?”, alors que James Webb devrait se concentrer sur l’observation des premiers instants du cosmos après le Big Bang. Mais Kepler restera à jamais le premier à avoir entériné l’existence des exoplanètes, faisant passer leur nombre d’environ 300 à plus de 4 000 en moins d’une décennie. Une page de l’astronomie se tourne… et le prochain chapitre fait déjà saliver.
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