Espérant passer aux États-Unis, ces immigrés expulsés vivent dans des conditions insoutenables, sans que le gouvernement mexicain ne bouge le petit doigt.
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Ces dernières années, le nombre d’immigrés expulsés des États-Unis vivant dans El Bordo a explosé de façon catastrophique. Cette zone est proche du fleuve Tijuana, à la frontière, près de San Diego, en Californie. D’après l’Institut national des migrations, cette communauté de migrants expulsés est en grande majorité composée de réfugiés haïtiens et africains. Entre 2016 et 2017, on estime que 3 500 personnes vivent dans cette zone en espérant entrer à nouveau aux États-Unis. Les autorités mexicaines ne veulent plus accueillir les clandestins expulsés et le ministre de l’Intérieur, Miguel Angel Osorio Chonga, a fait une déclaration en ce sens fin février : “Nous avons été très clairs, nous n’allons pas les recevoir, ils ne peuvent pas les laisser là-bas, aux frontières, car nous aurions à les refouler, il n’y a pas de possibilité qu’ils soient reçus par le Mexique.”
Sans-papiers, ces clandestins vivent dans des conditions de grande misère. La drogue (et particulièrement) l’héroïne pullulent, du fait de la présence importante du crime organisé dans les zones frontalières. Les Haïtiens et les Africains sont livrés à une misère endémique à cette frontière nord du Mexique. Parmi eux, on retrouve de nombreux survivants du tremblement de terre de 2010. Récemment, cette communauté a décidé d’installer un village que l’on appelle “Little Haïti“, version dystopique du “Little Italy” de New York.
La plupart des habitants de ce village improvisé vivent à un jet de pierre d’un canal d’égout, dans des abris bricolés, en bois et en métal de récupération. La situation devient particulièrement dangereuse lors de la saison des pluies, où le cours d’eau de ce canal déborde et inonde leurs abris de fortune d’une eau souillée.
Gustavo Banda, pasteur de l’église évangélique de Tijuana a construit 22 maisons dans ce bidonville pour les réfugiés. Interviewé par le journal mexicain Zeta, il a déclaré :
“Le besoin s’est fait sentir car dans un foyer nous accueillons 225 personnes qui ne pourront pas aller aux États-Unis. On ne peut pas les laisser vivre là pour toujours, ils doivent avoir leurs propres maisons.”
L’épisode offre un exemple de l’inefficacité de certains services de l’État mexicain. La commission mexicaine d’aide aux réfugiés et l’institut national de la migration (INM) n’ont réussi à obtenir des permis de séjour qu’à 131 personnes. 76 bénéficieront de titres de visiteurs pour raisons humanitaires et 55 obtiendront le statut de réfugié. Si leur situation se stabilise, ils auront l’opportunité de trouver un travail légal et de quitter leur bidonville. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR) a indiqué récemment que la situation à la frontière nord du Mexique était proche de dégénérer en crise humanitaire.