Dans son rapport annuel, la fondation Abbé-Pierre dénombre près de 15 millions de personnes concernées par le mal-logement en France et pointe du doigt l’échec de politiques jugées insuffisantes.
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C’est ce jeudi 28 janvier, au cœur de l’hiver, que la fondation Abbé-Pierre présente son rapport annuel sur l’état du mal-logement en France. Sans surprise, la structure de référence sur le sujet tire la sonnette d’alarme : la France compte 3,8 millions d’individus mal-logés et 12,1 millions de personnes “fragilisées” pour un total (sans double compte) de 14,5 millions de personnes touchées par le mal-logement.
Révélé ce jeudi 28 janvier au matin, le rapport annuel de la fondation Abbé Pierre révèle une France “malade du mal-logement”, comme l’écrit la structure. Dans le détail, la fondation recense 2,9 millions d’individus en “conditions très difficiles”, dont 2,1 millions sans eau courante, sans WC, sans cuisine, sans douche ou vivant dans un immeuble à la façade très dégradée. Ils sont 934 000 à vivre en “surpeuplement accentué”, c’est-à-dire dans un logement auquel manquent au moins deux pièces par rapport à la norme de peuplement (un nombre en augmentation de 17 % depuis 2006). Le rapport dénombre également 643 000 personnes en hébergement “contraint” chez des tiers.
141 500 SDF en France
Plus alarmant encore, on estime à 141 500 le nombre de “personnes sans domicile”, soit à la rue, à l’hôtel, sous un abri de fortune ou en centre d’hébergement. Entre 2001 et 2012, leur nombre a augmenté de 50 %.
Selon Christophe Robert, délégué général de la fondation Abbé-Pierre, “il y a une aggravation du mal-logement qui touche avant tout les classes populaires” : les ménages les plus pauvres consacrent 55,9 % de leurs revenus à leur logement, soit trois fois plus que la moyenne nationale des foyers, qui s’élève à 17,5 % des revenus. Le logement devient alors non seulement le “reflet” mais aussi un “accélérateur d’inégalité”.
On le constate d’autant plus lorsqu’on observe l’impact du mal-logement sur la santé. Les situations d’hébergement difficiles répertoriées par l’association augmentent de 40 % les chances de se déclarer en mauvaise santé, et ce chiffre monte à 50 % lorsque la situation de mal-logement inclut une précarité énergétique.
La fondation reproche aux politiques de ne pas s’emparer du sujet
Que faire ? La fondation Abbé-Pierre demande plus de “volontarisme politique”, estimant que nombre d’engagements politiques ont été tout simplement “reniés”. C’est ainsi le cas de la garantie universelle des loyers, votée en 2014, mais abandonnée car jugée trop coûteuse à mettre en place. Le rapport pointe aussi du doigt les objectifs de construction de logements : alors que l’État en promettait 500 000 par an, dont 150 000 logements sociaux, ils sont “bien loin d’être atteints” :
“Seuls 109 000 [logements sociaux] ont été financés en 2015, en baisse annuelle de 9 %. Un même bilan décevant concerne la production de logements très sociaux à bas niveau de quittance (‘PLAI adaptés’), à peine plus de 700 ont été programmés alors que 3 000 étaient promis en 2015.”