Aujourd’hui, les coulisses des plus grandes industries de “fast fashion” sont de plus en plus dévoilées dans des documentaires et des reportages. Des films qui révèlent les conditions inhumaines dans lesquelles les ouvriers sont contraints de travailler tous les jours. Malgré une légère prise de conscience de la part des acheteurs, le combat pour une mode plus éthique ne fait que commencer. Après Andrew Morgan et son documentaire The True Cost, c’est au tour du réalisateur indien Rahul Jain d’aller à la rencontre de ces travailleurs avec Machines. Un premier film poignant qui vous montrera l’envers du décor d’un des plus grands secteurs de la mode.
Un documentaire d’une beauté remarquable
C’est dans une entreprise textile, dans la province de Gujarat, en Inde, que Rahul Jain filme, avec une technique remarquable, le quotidien des ouvriers. Il n’y a aucun dialogue pendant les treize premières minutes du film, seul le bruit des machines se fait entendre. La caméra nous emmène dans les recoins de l’entreprise et nous dévoile d’immenses machines ternes, qui prennent vie grâce aux tissus colorés qui y sont disposés. Puis sont présentés les travailleurs indiens, aussi bien adultes qu’enfants. Telle une métaphore robotique, ils effectuent les mêmes gestes mécaniques que des automates.
Le tic-tac des machines berce leur journée car aucune musique ni parole ne sont autorisées. Et lorsqu’ils transgressent la règle imposée par leur patron, ce dernier n’hésite pas, face caméra, à dire qu’il ne devrait pas si bien les payer s’ils sont aussi indisciplinés. À 3 dollars la journée pour 12 heures de travail et seulement 1 heure de pause, on ne voit pas bien en effet pourquoi ils devraient se plaindre… Les plus chanceux arrivent à s’éclipser subtilement, et s’accordent quelques minutes de répit à même le sol en fermant les yeux le temps de quelques secondes. C’est parfois assez pour s’échapper de leur calvaire et rêver de liberté. La monotonie des tâches épuisantes effectuées par les ouvriers dicte le rythme du film.
Malgré le manque d’importance accordé à leur condition, les progrès sont là, et des personnes comme Rahul Jain permettent de faire avancer les choses. Machines fait partie de la petite liste des films qui mettent en lumière celles et ceux qui sont si souvent oubliés par les consommateurs. Et c’est avec brio que ce jeune réalisateur de 25 ans filme ce qu’endurent les ouvriers qui conçoivent les vêtements des plus grandes marques.
Combien de films faudra-t-il pour que la société prenne en considération les conditions de travail inhumaines imposées aux ouvriers des industries textiles ? La question se pose mais en attendant, on vous encourage vivement à regarder Machines. En espérant que son visionnage aura des conséquences sur votre consommation et, pourquoi pas, que vous vous tourniez vers une mode plus éthique.
À voir aussi sur Konbini
Sur le même sujet...