La finale française de la compétition “Ma thèse en 180 secondes” a eu lieu mardi 31 mai. Le principe : exposer sa thèse, résultat de plusieurs années de recherche, en seulement trois minutes.
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Résumer une thèse qui leur a pris des années de recherche et de travail en seulement trois minutes, c’est un challenge qui relève presque de l’impossible. Pourtant, 16 jeunes chercheurs ont tenté de remporter la finale de la troisième édition de cette compétition “Ma thèse en 180 secondes” (MT180), qui s’est tenue hier, mardi 31 mai, au palais de la Bourse de Bordeaux, ainsi que le rappelle Le Monde. La finale a été retransmise en direct sur les sites Web de France 3 Régions, à travers une véritable émission présentée par le journaliste Daniel Fiévet.
Le concept de ce concours est né en Australie, à l’université du Queensland, il y a quelques années. Baptisé “Three minute thesis“, il a été repris au Québec par l’Association francophone pour le savoir en 2012, qui a lancé la compétition dans tous les pays francophones.
Hier, à Bordeaux, on a découvert les gagnants de la finale nationale, parmi les 16 participants venus présenter leurs thèses en trois minutes maximum. La sélection préalable à été longue et difficile. Au départ, ils étaient 560 candidats issus de 25 différents ensembles universitaires de France métropolitaine, de Guyane, de la Réunion et de la Nouvelle-Calédonie, rapporte Le Monde. Les trois gagnants de cette finale nationale représenteront la France à Rabat, au Maroc, le 29 septembre prochain.
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La recherche pour les nuls, en trois minutes
Personne n’apprécie de se retrouver en soirée à écouter le seul thésard de la fête parler de ses travaux de recherche. Pourtant, les trois gagnants de la finale, Bertrand Cochard, Mathieu Buonafine et Nicolas Urruty sont parvenus à présenter et faire comprendre leur sujet de thèse à un public novice. Chacun exerce dans un domaine de recherche différent : philosophie, médecine, biologie… Sur le papier, leurs sujets ont l’air compliqués et peu accessibles. Mais quand Mathieu Buonafine, premier prix du jury, compare son étude d’une molécule, destinée à faire reculer les maladies cardio-vasculaires, à une enquête de police scientifique digne de Horatio Caine, tout de suite, tout est plus clair.
Bertrand Cochard, agrégé de philosophie, fait dans le discours passionné, et utilise des comparaisons simples et parlantes, pour expliquer la notion de réification en s’appuyant sur la pensée développée par Guy Debord dans La Société du spectacle :
“Imaginez-vous dans un supermarché, ce jeune cadre dynamique en costume et barbe bien taillée, très arrogant qui passe devant le caissier ou la caissière, le smartphone vissé sur l’oreille, et, sans un salut ni même un regard lui tend sa carte bleue. Ce type, c’est moi et c’est aussi vous.”
Nicolas Urruty, lui, étudie les impacts des pesticides sur la culture du blé. En affirmant que les végétaux sont eux aussi soumis à un stress capable de les envoyer chez le psy, le doctorant en sciences agronomiques livre une démonstration à la fois claire, drôle et passionnante.
Pour les non initiés, c’est l’occasion de s’ouvrir un univers de savoir impressionnant et insoupçonné. Et si cette compétition veut mettre en avant les doctorants du pays, la recherche n’est pas vraiment le secteur le plus favorisé en France. Récemment, le gouvernement a pris la décision de couper une partie du budget qui lui est alloué. Plusieurs scientifiques français ont manifesté une grande colère dans les colonnes du Monde, le 24 mai dernier, qualifiant cette mesure de “suicide scientifique et industriel”. Il y a deux jours, François Hollande est revenu sur ses positions et annulera, en partie, les coupes prévues dans le budget pour l’enseignement supérieur et la recherche, affirme France Info.
Toutes les prestations de la finale d’hier ont été mises en ligne sur la chaîne YouTube de “Ma thèse en 180 secondes”, disponible ici.