Mercredi 29 mars, une série de publications postées sur Twitter dénonce le comportement “sexiste” de la direction de l’établissement scolaire Émile-Loubet à Valence. Entre autres, les rouges à lèvres “trop colorés” y seraient interdits et, dès que le soleil pointe le bout de son nez, on y mesurerait la longueur des jupes des filles.
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Mercredi 29 mars, pointant du doigt des mesures jugées “tyranniques”, une membre du collectif Rosa (Réseau d’opération solidaire et d’action), sous le pseudo de Norden Gail, a dénoncé le comportement de la direction du lycée Émile-Loubet à Valence, dans la région Rhône-Alpes, qui aurait “décidé que les filles étaient des créatures impies qui devaient se cacher”. Contactée par la rédaction de Konbini, Nordy Granger (le vrai nom de Norden Gail) explique faire partie du collectif “féministe et antiraciste” Rosa et dit avoir été contactée par des élèves scolarisées à Émile-Loubet, qui n’osaient pas s’élever à visage découvert contre les mesures mises en place par la direction. Sur son compte Twitter, elle raconte dans une série de posts comment l’administration de la cité scolaire contrôlerait absolument et très strictement les tenues des demoiselles :
“Au premier rayon de soleil, la cour a été placardée d’affiches rappelant la ‘tenue décente’ à porter (que pour les filles et leur jupe/short). Chaque matin, la direction attend les élèves au portail pour surveiller leur tenue. On arrête les filles en jupe dont on MESURE la longueur. Technique de mesure XIXe siècle : la jeune fille doit mettre ses mains le long du corps. Si ses mains dépassent, la jupe elle est trop courte. Le maquillage est surveillé et doit, s’il est toléré, être discret. Sont interdits les rouges à lèvres ‘trop colorés’.”
En renvoyant les élèves dont la tenue est trop courte, selon Nordy Granger, l’établissement “prive les étudiantes de leur droit d’accéder au savoir et à la connaissance”. Elle précise également qu’il s’agit d’un établissement public et non privé. Selon elle, une jeune fille punie serait obligée de “revenir chaque matin devant l’établissement quémander l’autorisation d’accéder de nouveau aux cours.”
“Comment peut-on priver d’éducation une élève pour sa tenue vestimentaire ?”
La jeune femme poursuit : “Je redis ici que ces humiliations se font au portail de l’établissement, qui comprend également des collégien(ne)s. À qui des adultes montrent qu’il existe des femmes décentes et d’autres non, selon leur tenue. On leur parlera du harcèlement de rue après.” Pour protester, Nordy Granger appelle donc à un rassemblement mardi 4 avril prochain, à partir de 7 h 30 devant l’établissement, intitulé “Non au sexisme à Loubet !”. Des élèves du lycée Camille-Vernet, autre établissement scolaire de Valence, devraient également s’y. Le but est, selon le collectif Rosa “de tracter, d’informer, notamment les parents, de briser le tabou, de délivrer la parole et de dire aux filles que les garçons les soutiennent également dans ce combat pour continuer à se vêtir librement”.
Nordy Granger se fait porte-parole des adolescentes : “Précision : si la direction me lit, qu’elle ne s’avise pas de punir la moindre élève pour cet événement, attention.” Par téléphone, elle nous a précisé incriminer spécifiquement la directrice d’Émile-Loubet et son adjointe, tout en pointant du doigt un flou juridique qui profite aux deux dirigeantes de l’établissement. Selon elle, le problème “provient de la subjectivité qui imprègne les notions de ‘convenable’ et de ‘décence'”.
Elle poursuit en accusant la chef d’établissement d’humilier les jeunes filles et d’inconsciemment leur faire accepter l’idée selon laquelle leur corps est un problème : “On explique aux jeunes filles que leurs corps sont un appel sexuel, il faut cesser d’inculquer inconsciemment aux jeunes filles que leur corps et dérangeant au lieu d’apprendre aux garçons à se comporter de manière respectueuse”. Il s’agirait d’un comportement adopté uniquement à l’égard des filles, puisque les garçons auraient totalement le droit d’être en bermuda, de porter un jean troué ou un pantalon qui descend sur les fesses. Selon Mlle Granger, il ne faudrait alors plus s’étonner que des jeunes femmes se fassent siffler puisque l’on aurait appris que ce ne sont pas des tenues “convenables” et qu’il y aurait d’ailleurs des tenues acceptables ou non :
“Il faut en finir avec le patriarcat dont le but est de diviser les femmes. Stop au discours paternaliste, au deux poids deux mesures et qu’on arrête de rentrer dans le crâne des filles que si on les traite de ‘salope’, c’est parfois mérité.”
Enfin, Nordy Granger précise également que les affiches ont été enlevées, mais qu’une jeune fille du lycée les avait déjà prises en photo, “malheureusement pour la directrice”. Contactée par la rédaction de Konbini, la représentante du lycée Émile-Loubet n’a pour l’instant pas souhaité réagir à ces accusations.