Instaurer un prix minimum par unité d’alcool ? C’est la proposition proposée par un collectif de professionnels de l’addiction et de la santé à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.
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Lundi 16 avril, des médecins et militants contre l’alcoolisme ont plaidé pour l’instauration d’un prix plancher par unité d’alcool, afin de décourager une consommation excessive.
Ces médecins avaient déjà interpellé début mars le président de la République, Emmanuel Macron, qui, lors d’une rencontre avec des agriculteurs, avait confié boire “du vin le midi et le soir” et assuré que la loi ne serait pas durcie sous son mandat, déclarant :
“Tant que je serai président, il n’y aura pas d’amendement pour durcir la loi Evin. […]
Il y a un fléau de santé publique quand la jeunesse se saoule à vitesse accélérée avec des alcools forts ou de la bière, mais ce n’est pas avec le vin.”
“Nous témoignons des risques de l’alcool, responsable annuellement en France de 49 000 morts dont 15 000 cancers”, écrivent les addictologues Amine Benyamina, Michel Reynaud et Nicolas Simon, les spécialistes de santé publique Bernard Basset et Gérard Dubois, les pneumologues Irène Frachon et Albert Hirsch, l’épidémiologiste Catherine Hill et le nutritionniste Serge Hercberg.
En outre, ces derniers proposent “10 mesures efficaces”, dont celle qui consisterait à “taxer l’alcool proportionnellement au contenu en grammes d’alcool et définir un prix minimum de vente par unité d’alcool” – et ce, quelle que soit la boisson.
Leurs autres propositions visent à faire passer le message de la dangerosité de l’alcool. “Indiquer sur les contenants la quantité en grammes d’alcool et de sucre, le nombre de calories de manière claire, lisible et contrastée“, suggèrent-ils, par exemple.
“La puissance de lobbying jusqu’au plus haut niveau de l’État”
Les spécialistes proposent notamment d’interdire “sur tout support toutes les mentions supplémentaires non légales du type ‘à consommer avec modération'”, et d’inscrire “sur les contenants et sur toute publicité pour une boisson alcoolisée la mention ‘l’alcool est dangereux pour la santé’ de manière claire, lisible et contrastée”.
Fin mars, la ministre de la Santé et des Solidarités, Agnès Buzyn, s’était dite hostile à cette idée. D’après elle, “cette phrase-là peut laisser penser qu’on est pour une action de prohibition, c’est-à-dire qu’on ne veut pas d’alcool du tout, or ce n’est pas le cas aujourd’hui”.
Jeudi dernier, Agnès Buzyn et le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, avaient invité des représentants de la profession viticole, pour les “associer aux politiques publiques de prévention”.
Les médecins dénoncent “la désinformation soigneusement organisée par la filière alcool” et “la puissance de lobbying d’une industrie qui infiltre tous les niveaux de la société […] jusqu’au plus haut niveau de l’État”.
Konbini news avec AFP