Quatre mois après l’éclatement de l’affaire Weinstein, l’État de New York assigne en justice le studio de production pour ne pas avoir protégé ses employés contre les agissements de son patron tout-puissant.
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Dimanche 11 février, le procureur de l’État de New York, Eric Schneiderman, a annoncé qu’il assignait en justice le studio de production The Weinstein Company ainsi que ses fondateurs, les frères Harvey et Robert Weinstein.
Eric Schneiderman accuse l’entreprise de violation des droits de l’homme, du droit du travail et des droits individuels, pour ne pas avoir protégé ses employés face au producteur américain, accusé de harcèlement et d’agressions sexuels sur une centaine de femmes, mais qui n’a toujours pas été inculpé :
“The Weinstein Company a violé à plusieurs reprises le droit new-yorkais en ne protégeant pas ses employés d’un harcèlement sexuel invasif, des intimidations et de la discrimination.”
Après avoir enquêté au sujet de l’entreprise pendant quatre mois, en étudiant des échanges de mails des employés et en auditionnant ces derniers, la justice new-yorkaise a établi que le studio ne pouvait ignorer les agissements du producteur.
D’après Eric Schneiderman, “les responsables de The Weinstein Company et son conseil d’administration n’ont pas pris de mesures significatives pour mettre fin au comportement d’Harvey Weinstein”, agissements dont ils avaient connaissance, au regard du dépôt de plusieurs plaintes auprès du département des ressources humaines. Mais ces plaintes n’ont entraîné aucune sanction, bien au contraire.
Des employés chargés de “faciliter les conquêtes” du patron
Dans son communiqué, le procureur affirme que toute une partie des employés de la Weinstein Company avait eu pour tâche de “faciliter les conquêtes” de leur patron, notamment en lui organisant un agenda comprenant des plages horaires dédiées à ses activités sexuelles.
On apprend également que les chauffeurs d’Harvey Weinstein étaient sommés d’avoir toujours à bord de leur véhicule des préservatifs ainsi que des injections pour prévenir d’éventuels problèmes d’érection – au cas où le producteur en aurait eu besoin. Une proche du producteur a pour sa part été missionnée pour faire le déplacement de Londres à New York, afin d’apprendre aux assistantes de l’homme d’affaires comment se vêtir et quel parfum porter pour satisfaire leur supérieur hiérarchique.
Le cas d’une femme ayant quitté son emploi après qu’Harvey Weinstein lui a demandé ce qu’elle “était prête à faire” pour garder son travail est également rapporté. Enfin, le procureur donne des exemples précis de menaces proférées par Harvey Weinstein à l’adresse de ses employés, comme “je tuerai ta famille” ou “tu ne sais pas ce dont je suis capable”.
La vente du studio est donc mise à mal par cette action en justice. Un projet de vente de la compagnie, pour la somme de 500 millions de dollars (407 millions d’euros), a en effet été lancé il y a quelque temps. Mais, comme le rapporte le Figaro, le procureur cherche à éviter que l’opération ne profite à des membres de la direction qui ont fermé les yeux sur les agissements d’Harvey Weinstein.
Dans le cas où le rachat du studio de production avait bien lieu, Eric Schneiderman demande que toutes les victimes du producteur soient indemnisées :
“Toute vente [de The Weinstein Company] devra s’assurer que les victimes seront dédommagées, que les employés seront protégés à l’avenir, et que ni les coupables directs ni ceux qui les ont aidés ne s’enrichiront injustement.”
#BREAKING: My office just filed a civil rights lawsuit against the Weinstein Company.
— Eric Schneiderman (@AGSchneiderman) 11 février 2018
Any sale of the company must ensure victims are adequately compensated, employees are protected, and that enablers of sexual misconduct will not be unjustly enriched.https://t.co/VGcDpc2pkT pic.twitter.com/GyHV9pUS72