Ce n’est pas la première fois qu’une polémique sur ce sujet déboule après que la liste des nommés aux Golden Globes tombe. L’année dernière, c’était déjà le cas. L’année d’avant encore. En 2018, Natalie Portman ne s’était d’ailleurs pas empêchée de le rappeler avant de donner la récompense du Meilleur réalisateur, signalant que tous les nommés étaient des hommes.
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Ce qui peut paraître absurde quand on sait que le Golden Globes du Meilleur film dramatique était revenu à Lady Bird, réalisé par Greta Gerwig, l’année dernière. Mais l’Américaine n’avait en revanche pas été nommée dans la catégorie Meilleur réalisateur. Cette année encore, aucune réalisatrice n’a été mise en valeur dans les catégories principales – Meilleur réalisateur, Meilleur scénario, Meilleur film dramatique et Meilleur film comique. Aucune.
Il y avait pourtant un paquet de réalisatrices qui méritaient d’être nommées, à commencer par Greta Gerwig (encore elle !) pour Les Filles du docteur March, mais aussi Lorene Scafaria pour Queens, Marielle Heller pour Un ami extraordinaire (pourtant plutôt “Oscar-compatible”), Alma Har’el pour Honey Boy, Melina Matsoukas pour Queen et Slim ou encore Kasi Lemmons pour Harriet.
Les cinq nommés sont Martin Scorsese pour The Irishman, Quentin Tarantino pour Once Upon a Time… in Hollywood, Bong Joon-ho pour Parasite, Sam Mendes pour 1917 et Todd Phillips pour Joker. Côté Meilleur scénario, on trouve Scorsese, Tarantino, Bong Joon-ho mais aussi Noah Baumbach pour Marriage Story ou encore Anthony McCarten pour The Two Popes.
La compétition peut paraître rude, mais on a du mal à croire que, parmi les films réalisés par des femmes cette année, tous encensés par la critique et favoris de la saison des récompenses, aucun ne mérite une petite nomination. Le problème, c’est qu’il y a un aspect systémique à ce rejet. En 77 ans, seules cinq femmes ont été nommées dans la catégorie Meilleur réalisateur. Une seule, Barbra Streisand, a gagné le prix, en 1984 pour Yentl.
Plusieurs voix se sont dressées face à cet “oubli”. Variety nous rapporte les propos de Beanie Feldstein, actrice nommée pour sa prestation dans Booksmart, ou encore de Bong Joon-ho, qui déplore l’oublie de L’Adieu de Lulu Wang dans la catégorie principale. Rebecca Goldman, une des têtes de gondole de Time’s Up, a déclaré dans un communiqué :
“Quiconque réalise un film compte. Cela affecte quelles histoires sont racontées et comment, avec une implication des femmes de plus en plus conséquente dans l’industrie du film et dans la société de manière plus large.
Cette année, il y a eu deux fois plus de films menés par des femmes que jamais, avec plus de longs-métrages réalisés par des femmes en route. Et pourtant, avec les nominations, les femmes – et plus encore les femmes de couleur – continuent d’être mises de côté, dans un système qui retient les femmes en dehors et dans l’écran.
Cette omission des femmes n’est pas juste un problème lié aux Golden Globes – c’est une crise liée à toute l’industrie, et c’est inacceptable. Time’s Up va continuer de se battre jusqu’à ce que des réalisatrices aient des opportunités et la reconnaissance qu’elles méritent.”
Mince lot de consolation : il faudra regarder du côté de la catégorie du Meilleur film étranger pour trouver des femmes réalisatrices, avec Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma et L’Adieu de Lulu Wang. C’était d’ailleurs là qu’il fallait regarder l’an passé pour trouver la seule femme nommée, à savoir Nadine Labaki avec Capharnaüm.
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