En décidant de se fiancer avec l’actrice américaine Meghan Markle, le prince Harry n’a pas fait que rendre fou de joie la famille royale, et l’ensemble des sujets britanniques. Il a aussi envoyé, malgré lui, un message géopolitique fort au monde entier.
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Les planètes ont l’air parfaitement alignées pour eux. C’est en tout cas ce qui semblait transparaître de l’interview que le prince Harry et Meghan Markle ont donné à la chaîne britannique BBC News lundi 27 novembre dernier, juste après avoir officialisé leurs fiançailles devant les caméras du monde entier. Un exercice de communication obligé, par lequel sont passés quasiment tous les membres de la famille royale britannique.
Mais après la joie et les messages enthousiastes envoyés par la famille royale et les badauds du monde entier, nombreux sont les analystes et les journalistes à s’être posés cette question cruciale : mais qui est donc Meghan Markle ?
Une entrée symbolique chez les Windsor
Pour de nombreuses raisons, l’arrivée de Meghan Markle au sein de la famille royale sera des plus emblématiques. Née à Los Angeles en 1981, cette actrice de 36 ans qui vit actuellement au Canada, a eu de petits rôles dans des programmes télévisés américains avant de percer en 2011 dans la série à succès Suits, pour laquelle elle interprétait le personnage de Rachel Zane, une assistante juridique d’un cabinet d’avocats.
Fruit de l’union d’une mère afro-américaine travailleuse sociale et professeure de yoga, et d’un père blanc, qui travaillait comme éclairagiste sur des plateaux de télévision, Meghan Markle – dont le premier prénom est en réalité Rachel – a reçu une éducation catholique. En 2011, elle se marie avec le producteur de télévision Trevor Engelson, avant de divorcer de lui deux années plus tard.
Tout cela pourrait paraître anodin. Et pourtant. Dans la famille royale, la dernière femme américaine divorcée à avoir épousé un héritier du trône a laissé un goût amer au Royaume-Uni… Il s’agissait alors de la sulfureuse Wallis Simpson. Son mariage avec Édouard VIII avait fait scandale et avait poussé l’héritier du trône à abdiquer au profit de son frère George VI, le père de l’actuelle reine Élizabeth II.
N’oublions pas aussi le fait que Meghan Markle est à moitié noire, qu’elle a trois ans de plus que le prince Harry et qu’elle n’est pas de religion anglicane… Avec elle, la famille royale fera donc un grand bon dans le monde moderne, un monde mixte culturellement, ethniquement et religieusement. Un monde dans lequel vit déjà depuis longtemps le peuple britannique.
Un mariage géopolitique, malgré eux
Selon Clarence House, la résidence officielle du prince Charles, père du futur époux, le mariage aura lieu au printemps 2018. “Pile au moment où la Grande-Bretagne entrera dans le cœur des négociations [pour le Brexit]”, soulignait le journaliste de France Inter Anthony Bellanger le 27 novembre. Quoi de mieux en effet, pour faire passer la pilule du Brexit à ses détracteurs qu’un beau mariage royal comme les Windsor savent si bien les faire ?
Mais ce mariage fait également passer un autre message très fort :
“Rachel Meghan Markle est la preuve vivante et souriante de l’esprit d’ouverture et de la continuité historique de la Grande-Bretagne”, poursuit Anthony Bellanger. Le contraire de l’Amérique de Donald Trump, en somme.
“Quelle Amérique défend Donald Trump ? Une Amérique repliée sur elle-même, se méfiant de la globalisation mais surtout une Amérique blanche et conservatrice. Ce mariage démontre exactement l’inverse et, lorsque la Grande-Bretagne aura quitté l’Union européenne, Londres aura bien besoin de défendre l’idée qu’elle est toujours une nation du grand large”, analyse le journaliste.
L’annonce d’un mariage beau et inédit qui tombe donc à pic, mais qui fait aussi déjà naître les plus grandes théories du complot sur le net, comme c’est le cas dans ce tweet du polémiste américain Greg Pollowitz, ancien journaliste du magazine conservateur National Review.
Prince Harry's kids will be Americans. What if one grows up to be president and is in line for the throne at the same time? Brits are playing long-ball here, but it's a smart move. They want America back and this is how they'll do it.
— Greg Pollowitz (@GPollowitz) 27 novembre 2017
“Les enfants du prince Harry seront américains. Et si l’un d’entre eux devenait président et dans l’ordre de succession au trône en même temps ? C’est risqué, mais c’est un joli coup. Ils veulent récupérer l’Amérique et c’est comme ça qu’ils l’auront.”