L’Académie des Grammy Awards était dans la tourmente avant cette édition 2019. En effet, de nombreuses voix s’élevaient notamment sur la place réduite des femmes mais aussi des minorités et de la musique rap parmi les nominations et, a fortiori, dans les gagnants.
GRAMMY Awards, Los Angeles, California. (© Getty)
En pleine tempête #MeToo, Neil Portnow, le patron des Grammies avait effectué une sortie catastrophique en mai 2018 où il ordonnait aux femmes de “passer à la vitesse supérieure” si elles voulaient être mieux représentées dans la compétition. Après une levée de boucliers totalement justifiée, Neil a été obligé de faire de larges efforts sur la programmation des prestations pour rattraper ses propos.
En résulte alors ce premier tableau incroyable regroupant cinq femmes fortes du milieu de la musique, du divertissement et de la politique, créant des passerelles entre leurs univers : Alicia Keys, Jennifer Lopez, Jaden Pinkett-Smith, Lady Gaga et… Michelle Obama, en totale surprise, lancent la cérémonie avec un discours d’ouverture plein d’esprit et de liberté, emportant l’adhésion du public.
Un peu plus tôt, Alicia Keys a déjà donné le ton avec une prestation sur deux pianos en hommage à la pianiste et chanteuse de Jazz, Hazel Scott, et son apparition dans le film The Heat’s On en 1943.
Alicia reprend alors les mélodies et paroles qu’elle aurait aimé composer dans sa carrière, celles qui lui trottent dans la tête continuellement. Allant de Nat King Cole à Lauryn Hill, l’artiste pieds nus désarme par son naturel rayonnant et ses choix très éclectiques allant jusqu’au “Lucid Dreams” de Juice WRLD, lui-même reprenant une mélodie de Sting déjà présente sur “The Message” de Nas. Tout en technique et subtilité, Alicia démarre la cérémonie de la meilleure façon possible.
Plus tard, Lady Gaga réalise une des prestations phares de la soirée puis J.Lo rend un hommage énergique à la Motown qui fête ses 60 ans d’existence. Accompagné de Smokey Robinson, légende du label, J.Lo livre une performance excitante qui a fait taire la plupart des critiques. En effet, de nombreuses personnes se sont offusquées que ce soit Jennifer Lopez qui fasse cet hommage au label de Berry Gordy, très important pour la communauté afro-américaine, J.Lo étant elle d’origine portoricaine.
Le but de cette cérémonie était vraiment de réunir les minorités entre elles par la musique et les émotions. Jennifer Lopez avec son fort caractère de femme d’affaire expérimentée ajoute une autre facette au panorama féminin que propose la cérémonie. En y ajoutant les hommages poignants à Aretha Franklin et Dolly Parton ainsi que les prestations de Janelle Monae, Kacey Musgraves ou Diana Ross, la réussite était clairement féminine.
Le point d’orgue reste le sacre de Cardi B, première femme en solo à gagner l’album rap de l’année avec Invasion of Privacy. Avec un autre type de personnalité et appartenant à une autre génération, la rappeuse du Bronx termine ainsi son incroyable année avec un trophée bien mérité, à la barbe de ses collègues confirmés Travis Scott, Pusha T ou Nipsey Hussle.
Cardi aura un mot pour le dernier des prétendants, le regretté Mac Miller, en lui dédicaçant son prix. Avec spontanéité et entrain comme à son habitude, Cardi B efface ainsi toute polémique à venir et peut fêter dignement avec son compagnon, Offset, de nouveau en grâce à ses yeux et donc à ceux du monde.
Au final, Neil Portnow annonce sa retraite après 17 années à la tête de l’Académie des Grammies. Le système se renouvelle avec une année de retard sur le reste de l’industrie du divertissement et Neil fait les frais de sa déclaration tendancieuse et condescendante. Ainsi les artistes féminines sont les grandes gagnantes de cette édition 2019 des Grammies et cela devrait lancer de nouveaux changements au sein de l’Académie dans les années à venir.