“Tout ce que j’ai fait avant n’était qu’un brouillon”, déclarait Nekfeu au moment de la parution de son premier album solo Feu. Sorti le 8 juin 2015 sur les labels Undoubleneufcinq et Seine Zoo, distribué par Polydor et Universal, ce projet était particulièrement attendu par ses fans.
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Si l’on avait déjà découvert le rappeur seul sur les titres “U.B.” et “30 septembre” par exemple parus en 2013, c’est la première fois que le jeune artiste se présentait réellement, avec un projet conséquent de 18 nouveaux titres. Cet opus résonnait alors comme la preuve d’une maturité acquise après plusieurs années de travail aux côtés des autres membres de 5 Majeur, L’Entourage, S-Crew et 1995.
Bien entendu, on retrouve sur Feu plusieurs featurings avec ses acolytes de ces collectifs comme Sneazzy, Doums et Alpha Wann. Le rappeur assurait à cette époque que ces collaborations le rassuraient dans ce nouveau projet. Pourtant, c’était sur ses nouveaux titres en solo qu’il était particulièrement attendu au tournant notamment depuis sa participation aux Rap Contenders, révélant un flow incisif lui permettant de briller en freestyle. Quand allitérations, assonance et rimes embrassées deviennent ses plus fidèles alliées.
Au regard de l’engouement autour de ce premier opus, Ken Samaras de son vrai nom, semble avoir atteint son objectif de réussite sans grande difficulté. Retour sur 5 choses à savoir sur l’un des plus gros succès du rappeur parisien.
1. Feu a été disque d’or en seulement TROIS semaines
En 2015, difficile de passer à côté de ce premier projet très attendu depuis ses premiers succès dans le rap game en 2010. Il aura d’ailleurs fallu seulement trois semaines pour que Feu franchisse la barre des 50 000 copies écoulées et soit donc certifié disque d’or.
“La semaine dernière on m’a annoncé que mon 1er album #Feu était certifié disque d’or au bout de 3 semaines. J’ai voulu attendre de le recevoir pour y croire et partager ça avec vous. 1 milliard de fois merci à tous mes supporters j’suis tellement fier de l’aventure qu’on mène ensemble et tellement heureux de vivre ça avec mon équipe !“, déclarait alors le jeune artiste sur Twitter.
Il faut dire que les premiers jours des ventes annonçaient la couleur, avec près de 36 000 ventes dès la première semaine. Les ventes physiques et digitales ont explosé, à tel point que l’album a signé le meilleur démarrage de l’histoire du top téléchargements pour un 1er album d’un artiste français selon Universal.
Le contexte était propice à la réussite. Avant même la sortie de cet album, Nekfeu était déjà considéré comme la révélation rap de cette période. Particulièrement médiatisé, le rappeur avait su profiter de sa popularité pour attiser l’attente avec une annonce particulièrement travaillée notamment sur les réseaux sociaux. Une stratégie bien éloignée de sa communication actuelle, alors qu’il a quitté depuis quelques mois ces plateformes.
Cinq mois après sa sortie, l’opus sera finalement certifié disque de platine. En 2017, le fennec finit par obtenir la récompense ultime : plus de 2 ans après sa sortie, Feu est finalement certifié disque de diamant. Aujourd’hui encore, Feu dispose d’une énorme force commerciale. Depuis le début de l’année 2020, l’album comptabilise par exemple déjà plus de 20 000 ventes.
2. 18 morceaux aux inspirations très variées
Nul besoin de prouver sa maîtrise de la technique, dans cet album Nekfeu multiplie cette fois-ci les inspirations. On retrouve encore évidemment ses rimes riches et aiguisées, caractéristiques même de son travail mais sur des styles très hétérogènes.
De productions mélodiques à des ambiances électro ou trap, les instrus sont très variées. S’il n’oublie pas sur certains de ses morceaux ses influences d’un rap old school, Nekfeu présente avec ces 18 titres un projet qui semble pouvoir convenir à tout le monde. L’objectif est atteint, l’artiste sait ainsi satisfaire son public lui aussi très diversifié.
Avant la sortie officielle du 8 juin, le rappeur avait déjà partagé 6 sons comme “Égérie” et “On verra”, donnant un premier aperçu de l’influence pop présente sur ce premier opus. Elle semble avoir été confirmée par la suite notamment par l’intervention d’Ed Sheeran sur son titre “Reuf”, qui a été utilisé dans la bande originale de la comédie Five.
Des sorties qui s’éloignent de son dernier single paru un an plus tôt, “Time B.O.M.B.” Ce morceau rendait hommage au rap des années 90 et au célèbre collectif indépendant du même nom bien loin des nouvelles influences de Feu. Ce sont pourtant ces choix artistiques qui ont donné naissance à de nouveaux codes dans le rap français.
3. “On verra” est l’un de ses plus gros succès
Un titre à l’image de l’explosion du phénomène Nekfeu, “On verra” est l’un des plus gros succès du fennec. Sorti le 12 mai 2015, le morceau a atteint 10 millions de vues sur YouTube en un mois seulement. Nombreux sont ceux qui ont d’ailleurs découvert l’artiste avec ce titre, star des radios au moment de sa sortie.
Ce morceau rentre complètement dans cet esprit de rap “grand public” précédemment évoqué, ce qui explique aussi ce succès fulgurant. Aujourd’hui, sur YouTube, le morceau comptabilise par exemple plus de 107 millions de vues. Si ce titre a divisé la critique au moment de sa sortie, il demeure tout de même l’un des morceaux phares de cet album. Ce single a d’ailleurs lui aussi été certifié disque de diamant en novembre 2018.
Cinq ans plus tard, les fans de Nekfeu ne semblent d’ailleurs pas s’être lassés de “On verra”. Le nombre d’écoutes a notamment explosé à nouveau au cours de ces dernières semaines sur les plateformes selon le Snep (Syndicat national de l’édition phonographique). Le titre a rejoint récemment le top 200 des morceaux les plus écoutés.
4. L’album est ponctué de références littéraires
Célèbre pour son goût pour l’écriture et ses paroles travaillées, Nek n’a pas manqué d’exploiter son goût pour la littérature dans ce projet. Sans vouloir entrer dans le cliché du “rappeur intello qui sait lire”, il faut reconnaître que l’album contient de nombreuses références littéraires plus ou moins subtiles.
De prime abord, on retrouve par exemple des inspirations directes d’œuvres de Jack London, Maupassant et Milan Kundera, avec les titres des trois morceaux Martin Eden, Le Horla et Risibles amours.
Au-delà des inspirations pour ses titres, on s’aperçoit qu’il fait également référence à plusieurs autres ouvrages notamment d’Émile Zola. Cet amour pour les livres, Nekfeu l’expliquait ainsi au journal Le Monde il y a quelques années :
“Pas de télé pour moi, pas d’Internet chez nous. Très jeune, je lisais tout ce que je pouvais mais pas forcément les classiques. […] Au collège, j’ai découvert Steinbeck puis j’ai lu toute son œuvre.”
Loin de vouloir se coller une étiquette, Nekfeu rappelait tout de même à Yard qu’il peut aussi bien faire référence aux mots de Maupassant qu’à un film de Scorsese ou une punchline de Rohff :
“Je ne veux pas prendre les honneurs du rap littéraire alors que ce n’est pas le cas.”
5. Un morceau bonus sorti 4 ans plus tard
“Au cœur du G” est un morceau bonus, qui était initialement disponible uniquement sur la version spéciale Fnac de l’album. C’est seulement en octobre 2019 que le rappeur l’a finalement mis en libre accès sur les plateformes.
Ce morceau n’était pas non plus disponible sur la réédition de l’album parue le 4 décembre 2015 avec 8 morceaux inédits du rappeur. Une fois encore, il s’entoure pour ces nouveautés de ses proches comme 86 Joon, 1995 et Phénomène Bizness. Pour insister encore sur le succès de cet opus, la réédition propose aussi les instrumentales des 8 titres à succès de Feu.
En bref, à l’heure du bilan fin 2015, le rappeur avait vendu 156 600 albums de Feu et Feu Réédition. Aujourd’hui encore, Feu reste dans la légende, et Nekfeu est parmi les artistes français les plus appréciés. Si ses morceaux continuent de faire parler, le chanteur, lui, semble vouloir se faire de plus en plus discret.