La pire tuerie de l’histoire des États-Unis, survenue dimanche 12 juin à Orlando, a été perpétrée dans un climat particulièrement défavorable à la communauté LGBT du pays.
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L’attaque du Pulse, boîte de nuit LGBT à Orlando (Floride), marquera tragiquement l’histoire de la communauté LGBT. Avec un bilan temporaire de 49 morts et 53 blessés, la fusillade est la plus meurtrière de l’histoire du pays. Revendiqué par l’organisation terroriste État islamique, cet acte s’inscrit dans une période où la législation aux États-Unis fait machine arrière concernant les droits LGBT.
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Si Daesh et la montée du conservatisme anti-gay n’ont pas de lien direct, cet attentat est un nouvel obstacle pour les personnes homos, bi, trans ou intersexuées : ce ne sont plus seulement leurs droits qui sont en danger au niveau législatif, mais aussi leur sécurité et leur vie.
Aux États-Unis, depuis environ un an, on constate une évolution en défaveur des droits de la communauté LGBT. Malgré la reconnaissance juridique du mariage gay dans tout le pays depuis juin 2015 par la Cour Suprême, nombre d’États américains sont parvenus à faire passer des lois qui desservent implicitement les libertés et les droits des homos et des trans.
Législation anti-gay
Dans le Mississippi et en Caroline du Nord, les gouverneurs ont récemment validé des textes qui portent atteinte aux droits des LGBT, de manière indirecte. Dans le premier, le gouvernement local invoque la liberté religieuse pour empêcher les homosexuels d’avoir accès à des prestations sociales et à des services dans des institutions (accueil dans les foyers pour les sans-abris, accès aux soins dans les hôpitaux religieux, ou la possibilité d’intégrer une famille d’accueil…).
Du côté de la Caroline du Nord, ce sont les transexuels qui sont dans la ligne de mire des gouvernements locaux : un texte, proposé en mars dernier par le gouverneur de l’État, oblige chacun à se rendre dans les toilettes publiques en fonction de son identité sexuelle “de naissance”. Ces deux lois relèvent purement de la ségrégation de toute une communauté.
Ces textes font partie d’une stratégie de guerilla législative, aussi employée par les États républicains pour interdire la pratique de l’avortement. Elle consiste à faire appel à d’autres libertés fondamentales, pour limiter celles des minorités, comme les transexuels, ainsi que les droits des homosexuels.
Les Républicains se déresponsabilisent
Cependant, les conservateurs du parti Républicain à l’origine de ces lois ont plus tendance à responsabiliser les attaques jihadistes que la montée de la haine anti-gay pour justifier la situation, souligne l’AFP. L’attentat en novembre 2015, devant un planning familial, qui avait fait trois morts dans le Colorado (un des États les plus progressistes de l’Amérique sur les thèmes LGBT) est l’exemple le plus utilisé pour appuyer leur discours. Les Républicains tentent ainsi de se dédouaner de toute responsabilité face au développement d’un climat anti-LGBT aux États-Unis.
D’aucun ne souhaite être associé à ces actes de barbaries, quand bien même leur politique visent à freiner les homosexuels et les transexuels dans leur quotidien, ainsi qu’à renforcer les inégalités et les discriminations à leur égard.
Aujourd’hui, à Orlando, tandis que des proches et des familles pleurent leurs morts, d’autres essaient de sauver les blessés. Un appel aux dons du sang a été lancé par les autorités d’Orlando, dimanche 12 juin, auquel les homosexuels ne pourront pas répondre, bien que directement touchés par la fusillade du Pulse.
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Une restriction qui alimente, une fois du plus, ce contexte répressif. D’après l’AFP, l’Agence américaine des produits alimentaires et des médicaments n’autorise pas les hommes gay à donner leur sang. Cette mesure n’est plus de rigueur en France, depuis novembre 2015, à une condition : que le donneur n’ait pas eu de relations sexuelles pendant douze mois. Bien évidemment, cette clause ne s’applique pas aux hétérosexuels. Sauf qu’en plus de ce contexte politique de plus en plus oppressant pour les personnes homosexuelles, la situation d’un point de vue de leur sécurité reste à déplorer.
Attentats et violences
La situation pour les LGBT aux États-Unis semble se dégrader et l’attaque opérée dans la nuit du samedi au dimanche 12 juin dernier a de quoi inquiéter cette communauté. D’autant plus que cet attentat anti-gay n’est pas le premier opéré sur le territoire américain. En 1997, un homme, a posé une bombe dans un bar lesbien à Atlanta baptisé l’Otherside Lounge, car selon lui, l’homosexualité menaçait “l’intégrité de la société américaine”, raconte Slate.
En 2000 également, un acte de violence du même acabit avait fait un mort et six blessés : un certain Ronald Gay a ouvert le feu dans un bar fréquenté par les personnes LGBT, à Roanoke en Virginie. Le tueur ne supportait pas que son nom de famille puisse désigner des individus attirés par des personnes du même sexe. Au tribunal, il a d’ailleurs affirmé être déçu de ne pas avoir “tué plus de pédés”. Avant la tuerie d’Orlando, il y avait eu cet incendie dans une boîte de nuit gay à Seattle en 2013, perpétré par Musab Mohammed Masmari, qui avait déclaré que les homosexuels “devraient être exterminés”.
L’attaque du Pulse est, certes, un attentat réalisé au nom de Daesh et de l’État Islamique. Mais il reste un acte de violence visant la communauté homosexuelle, bisexuelle et transexuelle. Les violences homophobes font de nombreuses victimes aux États-Unis, mais les chiffres restent difficiles à estimer. Selon le site du FBI, en novembre 2015, 18,6 % des crimes de haine signalés aux États-Unis, sur l’année 2014, étaient à caractère homophobe. Le journal Libération précise que ces chiffres sont encore difficiles à estimer, sur le sol américain mais aussi dans le monde.
Ces violences relèvent d’un problème d’intersectionalité des identités, selon le site Remezcla qui explique que, plus un individu cumule les identités (origines ethniques, orientation sexuelle, profession…) plus il sera discriminé et vulnérable aux yeux de la société. D’ailleurs, ce souci d’intersection des identités se retrouve dans le fait que peu de médias ont précisé que l’attaque d’Orlando ciblait la communauté LGBT non-blanche. Ces minorités sont peu représentées et peu considérées, alors qu’elles sont fortement discriminées et surtout victimes, comme ce weekend, d’attaques homophobes graves et barbares.