Légalisation du cannabis, cantine gratuite : Mélenchon chiffre son programme

Légalisation du cannabis, cantine gratuite : Mélenchon chiffre son programme

Dimanche 19 février, le candidat de la France insoumise a délivré le chiffrage de son plan de relance économique. Au programme : plus de 100 milliards d’investissement pour les jeunes, l’augmentation des salaires et la lutte contre la pauvreté. 

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Un plateau équipé de plusieurs caméras, des présentateurs, un jingle, des micros et des petites bouteilles d’eau, on se croirait dans L’Émission politique de France 2, mais non, nous sommes dans Esprit de campagne, diffusé en direct sur Facebook et la chaîne YouTube de Jean-Luc Mélenchon. Dimanche 19 février, le candidat de la France insoumise présentait son programme de relance économique, dans un live – accrochez-vous ! – de près de cinq heures trente.

Le roi de l’Internet politique, qui compte plus de 200 000 abonnés sur sa chaîne YouTube, n’a pas attendu d’être invité par David Pujadas pour présenter à ses 650 000 abonnés Facebook et 970 000 followers Twitter, son programme économique. L’émission, suivie par plus de 200 000 personnes sur YouTube, est un “événement qui ne s’est jamais fait auparavant”, nous dit le présentateur Guillaume Tatu, un ancien journaliste, passé par NRJ et Europe 1, reconverti en communicant politique.

Le but de la “spéciale chiffrage” ? Nous présenter le programme de relance économique issue du programme “L’Avenir en commun”, qui rappelons-le, se trouvait dans le top 10 des ventes de livres en 2016 et a été l’ouvrage politique le plus vendu à Noël. Ainsi, le candidat 2.0 innove une fois de plus pour contre-attaquer face à ceux qui l’accusent de ne pas avoir un programme économique crédible.

Pour la grande première d’Esprit de campagne, le candidat de la France insoumise avait sorti le grand jeu, du journaliste pas forcément gauchiste, Marc Landré, rédacteur en chef du service économie du Figaro, à l’économiste Liêm Hoang Ngoc, ancien du Parti socialiste et soutien de Jean-Luc Mélenchon. L’ambiance était plutôt décontractée, mais le débat bien présent.

Réduction massive du chômage, hausse de la croissance et réduction de la dette publique, le projet économique de Jean-Luc Mélenchon est plutôt ambitieux. Pour financer son programme, Jean-Luc Mélenchon propose une véritable “révolution fiscale”, nous dit la fausse présentatrice Charlotte Girard, qui est en réalité la coresponsable de l’élaboration du programme de Jean-Luc Mélenchon.

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Un plan d’investissement de plus de 100 milliards d’euros

S’il est élu président, Jean-Luc Mélenchon s’est engagé à mettre en place un plan d’investissements de 102 milliards d’euros sur cinq ans, et 173 milliards de dépenses publiques supplémentaires pour financer la lutte contre la chômage et la pauvreté. Ainsi, il espère faire baisser le taux de chômage à 6 % de la population active en 2022 (contre 10 % aujourd’hui), grâce à une croissance de la richesse nationale supérieure à 2 % dès 2018.

Pour financer son programme, Jean-Luc Mélenchon compte sur l’emprunt, la suppression du pacte de responsabilité, la lutte contre la fraude fiscale, ainsi qu’une redistribution des richesses grâce à l’impôt sur la fortune. On peut qualifier ce plan de relance de keynésien, c’est-à-dire qu’il remet l’État au centre de l’économie du pays, en opposition aux politiques d’austérité libérales proposées par ses concurrents comme François Fillon.

Dans quoi Jean-Luc Mélenchon va-t-il dépenser ces 102 milliards d’euros ? La priorité est donnée à ce qu’il nomme “l’urgence sociale” à qui il prévoit de consacrer 45 milliards d’euros, dont 18 milliards pour le logement. Les grandes lignes sont : la création de logements publics, plus de places en crèches et en maisons de retraite et l’accessibilité des personnes en situation de handicap.

Viennent ensuite 50 milliards dédiées à “l’urgence écologique” dont 25 milliards pour le développement des énergies renouvelables. À cela s’ajoutent 7 milliards pour le services publics, notamment pour embaucher plus d’enseignements et plus de personnels dans les hôpitaux.

À ceux qui lui diraient que son projet est idéaliste, le candidat de la France insoumise rétorque qu’au contraire d’augmenter la dette publique, son programme va même la réduire. Il prévoit une augmentation des recettes de plus de 190 milliards sur cinq ans, produite par la baisse du chômage et un taux d’inflation proche de zéro (contre 4 % aujourd’hui).

Augmentation des salaires et priorité à la jeunesse

La mesure phare du mandat Mélenchon : l’augmentation du Smic. Aujourd’hui situé à 1 139,81 euros, il prévoit son augmentation de 15 % (soit 173 euros de plus par mois). Il prévoit aussi d’augmenter les salaires de six points en moyenne, et de créer presque 3,5 millions d’emplois, dont 2 millions dans le secteur marchand.

Il promet également d’investir plus de 21 milliards d’euros uniquement pour les 18-24 ans. Ses propositions: un service citoyen de neuf mois, une allocation d’autonomie pendant trois ans et des “contrats jeunes” pouvant durer jusqu’à cinq ans. Pour les plus jeunes, il annonce un investissement de 5,2 milliards pour les 3-18 ans. L’objectif premier ? Rendre la scolarité obligatoire et totalement gratuite jusqu’à la majorité, une mesure chiffrée à 2 milliards d’euros.

Il promet aussi la cantine gratuite pour tous, ainsi que les transports, fournitures, manuels scolaires et activités périscolaires, le tout pour un montant de 5,2 milliards d’euros. Avec un budget de 100 millions d’euros, il propose aussi l’éducation artistique et culturelle “dans toutes les classes”, ainsi que la création de centres nationaux consacrés au jeu vidéo et à la musique.

Alors que la situation est tendue entre la police et les habitants de banlieue en raison de l’affaire Théo, Jean-Luc Mélenchon affirme qu’il créera 10 000 postes d’agents de police et gendarmerie supplémentaires, dont il estime le coût à 355 millions d’euros. Il compte faire des économies en légalisant le cannabis et en supprimant l’état d’urgence (économies d’environ 190 millions d’euros), et mise plutôt sur la police de proximité.

Si vous êtes perdus dans tous ces chiffres, le candidat propose une vidéo graphique pour mieux visualiser le chiffrage de sa politique.