Il y a des jeux qui sont loin d’être un simple divertissement interactif. Sea of Solitude en fait partie. Développé par le studio allemand Jo-Mei Games, ce titre indé a été repéré par Electronic Arts, qui a décidé de l’intégrer à son programme EA Originals, destiné à mettre en valeur les jeux qui sortent des sentiers battus. Le titre avait fait sensation à l’E3 2018 avec un trailer aussi intrigant qu’alléchant, de par sa direction artistique soignée. On nous avait alors annoncé que les sujets abordés seraient notamment la dépression et la solitude.
À voir aussi sur Konbini
Un an plus tard, le jeu vient de sortir et nous dévoile sa mystérieuse intrigue. Sea of Solitude (ou “SOS”, ce qui n’est pas un hasard, évidemment) nous fait vivre les aventures de Kay, une jeune femme qui se transforme en monstre dans un étrange monde onirique, qui prend la forme d’une ville engloutie à l’architecture très germanique. Pour redevenir humaine, elle devra affronter ses démons intérieurs, ses angoisses, ses erreurs passées et d’une manière générale toutes les étapes de sa vie.
Sitôt plongé dans l’aventure, on ne peut que s’extasier devant la direction artistique, qui se situe entre le cartoon, l’anime (un certain esprit Ghibli se fait parfois sentir), la BD et des grands titres du jeu vidéo comme The Legend of Zelda : The Wind Waker. Cornelia Geppert, la créatrice du jeu, reconnaît s’être inspirée de tous ces univers.
Les monstres sont effrayants et ont chacun un style propre, tandis que les décors, bien que parfois un peu répétitifs, sont très corrects. Si l’animation n’est pas à la pointe de la technologie, elle ne rebute jamais et souligne délicatement l’action. Les doublages (en anglais) sont parfaitement maîtrisés par des acteurs et actrices plus que convaincants, mais c’est surtout la BO de Guy Jackson, parfaitement intégrée à l’action et l’intrigue, qui apporte une touche finale de poésie nous faisant encore plus profiter de l’expérience.
(© Jo-Mei Games/Electronic Arts)
Sea of Solitude est une expérience très personnelle. Cornelia Geppert nous a ainsi expliqué que ce qui arrive à Kay était en réalité un véritable témoignage pour elle. “Connie” a en effet eu une vie semée d’embûches, et lorsqu’elle a commencé à pitcher ce jeu, ses collègues se sont également confiés à elle, si bien qu’elle a décidé d’en faire une grande fresque sur les dangers de la solitude et de la dépression. Famille, harcèlement, relations amoureuses, influence des enfants sur un couple… Rien n’y échappe (et c’est tant mieux).
Dans cette véritable fable, Kay va devoir se confronter à tous ses problèmes personnels, dans lesquels bon nombre de joueur·euse·s pourront se retrouver, en partie ou intégralement. L’expérience n’est pas un simple journal intime de la développeuse en chef : elle apporte des réponses. Les messages ne sont ni trop flous, ni trop subtils – même si certains passages sont un peu maladroits, il faut bien l’admettre.
Le gameplay n’est pas l’intérêt principal de cette expérience, mais il a le mérite d’être très intuitif, si bien que ce titre est aussi une magnifique mise en bouche pour quelqu’un qui n’aurait jamais joué. Kay dispose de seulement quelques capacités magiques (comme une fusée éclairante qui permet de ne jamais se perdre). On aurait peut-être préféré un peu plus de mécaniques sur la hauteur de l’eau, surtout que le bateau n’est au final qu’un simple moyen de transport pour passer à l’étape suivante. Les phases d’énigme sont plutôt simples mais dignes d’intérêt, tandis que celles de plateformes, parfois un peu plus brouillonnes, peuvent apporter une dose d’adrénaline. Enfin, certains boss sont assez excitants.
Finalement, le plus gros défaut de ce jeu est sa durée de vie (3-4 heures si vous êtes bon), à peine compensée par quelques collectibles très dispensables. Mais bon, cela permet au moins de vivre l’aventure d’une traite. Pour environ 20 euros, ce jeu vous entraînera dans une belle aventure sentimentale, que vous aurez ensuite probablement envie de partager autour de vous.
Sea of Solitude est désormais disponible sur Xbox One, PlayStation 4 et PC (Origin).