Les sorcières modernes ne portent plus de chapeaux pointus et n’ont pas les ongles longs et crochus. Elles ont bazardé leur chaudron et certaines ont même emménagé dans des grandes villes. À New York, la boutique Catland est un véritable petit paradis pour les amateurs d’occultisme.
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Même si vous n’êtes pas du genre à vous baigner dans la rosée du matin, à mélanger des potions ou à danser autour d’un grand brasier pour le sabbat, vous avez une vague idée de ce qu’est la sorcellerie et de son histoire à travers les âges.
Le concept de sorcellerie tel que nous le connaissons en Occident nous vient de l’Ancien Testament, qui associe la pratique de la sorcellerie au culte de Satan et aux pratiques maléfiques en général. Cela a mené au massacre et à la torture de nombreuses personnes. Depuis, les choses ont heureusement changé pour les amateurs de sciences occultes, qui peuvent enfin se retrouver dans des endroits publics afin de profiter de leur passion pour le paranormal, en toute sérénité.
L’un de ces nouveaux lieux branchés de la sorcellerie se trouve dans le quartier new-yorkais de Bushwick. Chaque mois, la boutique Catland lance un appel à tous les magiciens et sorcières de Brooklyn pour son marché de la pleine Lune (appelé “Full Moon Market”). On peut y trouver des choses aussi étranges que des cristaux, des talismans et des produits d’entretien pour la maison qui chassent aussi bien la poussière que les énergies négatives de votre foyer.
Catland a ouvert en 2013, sous l’impulsion de Phillip English, Joseph Petersen, et Fred Jennings. Il y a environ un an, ces trois magiciens ont passé le relais et les clefs de la boutique à Melissa Madara et Brian Oaster, l’un des cartomanciens du lieu. Melissa Madara raconte :
“Je passais pas mal de temps à la boutique, donc j’avais déjà un pied à l’étrier. Les arts occultes font bel et bien leur retour. Les gens sont à la recherche de lieux où se sentir en sécurité, sans avoir à subir de jugement. Ils ont besoin d’un lieu qui donne accès à la gamme des produits disponibles et de pouvoir choisir par eux-mêmes.
La boutique Catland permet tout ça. Le plus important pour nous, c’est la communauté. Si tous ces gens n’étaient pas là, nous ne serions pas là non plus.”
Melissa Madara laisse à la cartomancienne Blue June la possibilité de tenir le marché de la pleine Lune, dans un local loué pour l’événement, à côté du magasin. Ce marché a été mis en place pour que les sorcières et autres amateurs de magie puissent se retrouver, partager des anecdotes et échanger des produits et des services :
“Je voulais que les gens puissent voir les trucs les plus étranges, les plus surprenants. Qu’il y ait des os, de la taxidermie, des poupées, toutes ces choses bizarres. Je voulais aussi que ce soit accessible à tout le monde, donc pas trop cher. Voilà, ce que c’est que le Full Moon Market : ‘Un marché de curiosités et de magie’, c’est notre phrase d’accroche.”
June est propriétaire d’une entreprise de nettoyage magique , appelée “The Broom Closet” (le “Placard à balais”, en français) qui se spécialise dans les produits bio et non-toxiques, pour nettoyer sa maison des énergies négatives. Pour mettre au point ces produits, il faut être précis : ils requièrent des herbes et des huiles spécifiques et parfois même d’attendre la bonne phase de la Lune.
Parmi les autres vendeurs réguliers du marché, on retrouve Asc Helvetius. Cette alchimiste est la créatrice d’AscAlchemical, qui propose toute une gamme de savons et de parfums aux herbes naturelles. Le jour elle est chef pâtissière, la nuit elle crée ses produits mêlant alchimie et spiritisme.
Elle explique à Konbini:
“J’ai toujours aimé les parfums, depuis mon plus jeune âge. Puis je me suis intéressée à la chimie. J’ai fait des études d’ingénierie chimique, mais j’ai abandonné. Et pourtant, ça me plaisait énormément.
Au final, j’y suis retournée grâce à l’alchimie, parce que c’est un type de science qui peut se faire à la maison. C’est un domaine intimement lié à l’histoire du parfum, de la cuisine, de la magie, de la phytothérapie et du spiritisme : je voulais réussir à combiner tout cela.”
Le Full Moon Market prend de l’ampleur, et entame son onzième mois d’existence. L’évènement est à son paroxysme pendant l’été, quand les vendeurs ont plus de disponibilités, mais également parce que l’hiver “il fait vraiment trop froid pour tenir un marché“, explique Blue June avant d’ajouter : “[Ce marché,] je le fais chaque putain de mois et c’est épuisant, mais c’est mon bébé et j’adore ça.”