Suite aux incidents du Superbowl, la NFL somme M.I.A de payer une amende de 1,5 millions de dollars… pour un doigt d’honneur.
À voir aussi sur Konbini
Le 5 février 2012, M.I.A s’adonnait avec Madonna au traditionnel show de la mi-temps du Superbowl. Et comme c’est assez fréquemment le cas au cours de cette cérémonie (du play-back de Beyoncé au téton dévoilé de Janet Jackson), la performance a retenti autrement que par sa qualité artistique intrinsèque.
Car M.I.A, comme bien souvent, l’a joué un peu provoc’ en faisant un doigt d’honneur face caméra, comme pour jeter un caillou dans la mare ou prouver son excentricité. Par une provocation assez adolescente, il faut le dire. Bref. Ce qui est fait est fait et là où la polémique rebondit, une action légale attentée par la NFL n’est pas très loin.
Procès secret
Depuis février dernier, on attendait la riposte de la ligue contre ce qu’on pouvait considérer comme l’insupportable pour un programme cadré dont le contenu est hautement contrôlé. Ainsi, loin des regards, on apprend via le Holywood Reporter que le 15 mars dernier, l’entreprise a commencé son action légale contre la chanteuse. Une action que M.I.A combat secrètement depuis un an.
En effet c’est la somme de 1,5 millions de dollars (ainsi que des excuses publiques) que la ligue nationale de football américain réclame à l’artiste britannique pour “un geste offensif, en désaccord complet avec les valeurs de la marque NFL et du superbowl” (selon le Holywood Reporter).
M.I.A a rompu son contrat
Et en fait, là où la polémique ressemble à la moralisation insupportable d’une artiste par une marque soucieuse de son image, on est bien étonné du fin fond de l’histoire.
Ainsi, dans le cadre de l’accord commercial entre les deux parties, M.I.A s’était engagée à respecter un nombre de “règles” intégrées au contrat qu’elle a paraphé le 30 janvier dernier avant de monter sur scène. Parmi elles : “[que l’artiste] assure que tous les éléments de sa performance, ceci incluant sa garde robe, doivent respecter la morale ainsi que la réputation de la NFL“.
Donc en faisant un doigt d’honneur, ce n’est pas la réputation de l’entreprise que la chanteuse d’origine sri-lankaise a heurté mais bien plus leur porte-feuille ou autre “pointillisme” juridique. À noter que selon un porte-parole de la NFL qui s’est confié au Holywood Reporter, l’ensemble de l’amende sera reversé par l’entreprise à une association caritative.
La riposte est en route
Et là où l’entreprise américaine fait le choix d’une réponse sur le terrain “légal”, c’est une action publique que la chanteuse envisage avec son avocat Howard King. En deux points :
- Rappeler d’abord que M.I.A est une artiste dont l’action est politique puisque combattant les privations subies par son peuple (les Tigres Tamoul). On ne voit pas vraiment le rapport mais nul doute que cela fait sérieux.
- Le second pan de la riposte envisagée par le duo concerne les immenses sommes d’argent engagées par la NFL ainsi que le manque de moralité de l’entreprise. De l’achat de joueurs à l’épuisement des sportifs sur l’autel de l’exigence de résultats. King déclare ainsi :
Bien sûr, le fait que la NFL argue de sa réputation irréprochable est hilarant quand on est au courant des délits commis par ses stars chaque semaines, des primes offertes par les coaches aux joueurs adverses, des commentaires racistes et homophobes de sportifs, le désintérêt de la ligue pour la santé des joueurs et la mort prématurée conséquente de cet épuisement, ainsi que le viol des services publics, prêts à sacrifier des fonds publics pour attirer des équipes.
Même si on peut douter de la pertinence du lien établi entre pareille charge et l’acte honni de la chanteuse sur scène, on ne peut qu’être sûr de l’effet de la stratégie : une vague de soutien de la part du public. Car oui, fallait-il le rappeler, M.I.A, par la voix de son avocat, en appelle à la solidarité des fans et aux témoignages de ceux qui ont vu leur intégrité physique entamée par la vie de sportif professionnel :
Nous invitons les gens à soumettre des exemples de comment les actions de la NFL, les stars, les coaches, les diffuseurs, les publicitaires, les médecins ou les propriétaires de club ont déjà détruit la réputation de la NFL. Ces témoignages tenteront d’équilibrer la défense sur la plan légal.