Il est 20 heures à peine samedi lorsque le couperet tant redouté tombe finalement. À la télévision, le Premier ministre Édouard Philippe annonce et exige la fermeture de tous les lieux publics “non indispensables à la vie du pays”. Les restaurants doivent alors fermer leurs portes quatre heures plus tard, sans préavis, “jusqu’à nouvel ordre”, et avec des frigos bien remplis.
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Après la sidération, c’est l’inquiétude de voir tout disparaître qui a submergé nombre de restaurateurs à Paris et ailleurs – 180 000 établissements concernés au total. Que faire des stocks qui risquent de périmer avant l’autorisation de la réouverture des établissements ? Et les aliments dans les frigos ? Et les légumes dans les chambres froides ?
Assez vite, plusieurs associations anti-gaspi se sont mobilisées pour interpeller les restaurateurs et leur demander de ne rien jeter – Linkee, Les Restos du cœur, Ernest, La Chorba… Et dès dimanche matin, au lendemain de l’annonce, c’est le journaliste Hadrien Gonzales qui a pris le relais en lançant sur Instagram le hashtag #pandemiesansgaspi. Ce dernier permettant de relayer du mieux possible les différentes initiatives menées ici et là par des restaurants qui donnaient ou vendaient les denrées qu’il leur restait sur les bras.
“Une tonne à écouler”
C’est ainsi que les Parisiens ont pu venir se servir en (très précieux) levain chez Ten Belles, ont pu venir écouler les stocks de Petit Bao ou les fonds et sauces de l’Artisan saucier. Mais le restaurant dont on a le plus parlé durant ce week-end de panique, c’est Holybelly. Un restaurant où les clients viennent en nombre le dimanche, ce qui lui impose une importante mise en place en amont.
© Holybelly
Au total, entre les deux adresses de la rue Lucien Sampaix, c’est l’équivalent de 600 couverts qu’il leur restait alors sur les bras – pâte à pancakes, œufs brouillés, bacon déjà tranché, hashbrowns, saucisses, croquettes, pain, brioches, mais également viandes, poissons, fromages, œufs et litres de lait par centaines… “Une tonne, pas moins que ça”, dit Sarah Mouchot, patronne et cheffe de Holybelly.
Dès le dimanche matin, les deux patrons d’Holybelly, Sarah Mouchot et Nico Alary, ont fait appel à leur importante communauté sur Instagram, avec l’aide d’Hadrien Gonzales. À partir de 15 h 15, le restaurant a invité les clients à venir sur place, équipés de contenants et autres Tupperware pour venir écouler les stocks en échange d’une participation libre, comme le raconte ce reportage du Parisien.
L’appel a très bien fonctionné puisqu’en à peine deux heures, tous les stocks ont été écoulés, remplissant ainsi les frigos de 70 personnes en vue du confinement lié à la propagation du coronavirus. Une bien belle nouvelle dans le marasme actuel.