Live report. Konbini s’est rendu dans la capitale du Cher pour applaudir une faune musicale bigarée : Orelsan, Spector et King Krule sont venus donner le la. Johan Dupuis s’est rendu sur place.
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JOUR 1 / JEUDI
Train n° 3909, départ 12h29 d’Austerlitz pour 3 jours dans la capitale de la région berrichonne, Bourges et son Printemps. Premier grand rendez-vous musical de l’année, avec 250 000 personnes dans la ville sur l’ensemble de la semaine, c’est parti pour affronter cette institution et – surtout – son off. La ville se transforme aussi pendant ces quelques jours en vrai carrefour des professionnels du spectacle en tout genre qui viennent y faire leur marché mais aussi entretenir un réseau primordial dans ce milieu, j’y reviendrai…
Arrivée 14h20 gare de Bourges, il pleut des cordes et c’est comme ça depuis le début paraît-il, Ô joie ! En route pour l’hôtel, ici les taxis sont souriants et avenants (ça change !) nous parlons de tout, de rien et surtout des Parisiens.
A peine le temps de poser ses bagages, qu’il faut déjà partir sur le site du Printemps pour la première Auto-Interview.
Après les 5 entrevues de la journée, c’est le temps de se rendre dans l’antre du festival version professionnelle, « le carré pro » et alors là c’est un festival dans le festival, une version plus ou moins soft du personnal branling. Même si l’on se doute que se trame ici et là des recommandations, des poignées de mains qui valent un accord de principe, c’est quand même drôle de voir toute cette débauche de sourires, d’accolades que l’on devine parfois faux tant ils sont surjoués.
Then : direction les concerts pour profiter un peu des beaux noms au programme de ce 36ème printemps.
Je file direction le Palais d’Auron en espérant arriver à temps pour voir Orelsan mais finalement c’est encore 1995 qui ambiance la salle pas tout à fait sold-out.
Arrive enfin Orelsan et c’est avec appréhension que j’attends de voir si le mec de Caen est aussi bien en galette qu’en live. La réponse est oui et cent fois oui: c’est bien huilé, c’est accrocheur et tout le monde connaît les paroles des chansons, ce qui renforce de facto l’impression d’avoir à faire à un gros poisson. Fin du concert rap sur un Suicide Social somptueux, direction le 22 d’Auron où se pressent des artistes prometteurs – tous Anglais, ou presque !
Arrivé dans une salle un peu dépeuplée, le nouveau roi d’Angleterre en devenir, j’ai nommé sa majesté King Krule délivre une musique qui sait vous faire planer. Avec une voix de baryton sur des mélodies cosmiques toute cotonneuses, le petit roux et ses 17 ans en impose.
Passons rapidement sur les prestations de Clock Opera & King Charles qui étaient tout aussi magiques que leurs univers respectifs et laissez-moi vous parler de Willy Moon et Spector, mes deux coups de cœur de la soirée et peut-être même du festival.
Le premier néo-zélandais d’origine et anglais d’adoption est un ovni musical, mixant les breakbeats à des mélodies rock’n roll orientées 50’s -de celles entrées dans la légende- ne laisse pas indifférent tant les chansons sont efficaces. Les pas de danse pompés sur ses idoles et la guitariste finissent par achever le travail commencé par la musique de ce dandy…
Enfin pour conclure cette première soirée pluvieuse, quoi de mieux que Spector ? Les anglais étaient tout juste revenus de Californie où ils avaient joué à Coachella, ramenant avec eux le soleil qui manquait au décorum berrichon. Quel show, mais quel show ! Emporté par un leader charismatique alias Fred Macpherson et des rythmes/riffs qui font mouche à coup sûr, le public s’estlaissé emporter par ce quintet survitaminé, moi le premier! Absolutely brilliant, well done!
JOUR 2 / VENDREDI
Back sur le site du Printemps de Bourges à 12h: le candidat (et pas encore président) Hollande passe par là, rencontre les Zebda et les médias et puis s’en va…
Pour Konbini c’est le moment d’entamer les Auto-Interview de la journée, 4 au programme de cette journée toujours aussi ensoleillée.
Devoir accompli, je décide de me frotter au OFF du festival, de ne pas mettre les pieds dans une salle de concert payante mais de profiter des stands, scènes ouvertes, d’une ville toute entière qui bat au cœur de son événement.
Pour commencer, direction la scène région centre, qui offre ce soir en concert gratuit, les Tambours du Bronx, groupe Nivernais créé il y a 25 ans et composé d’une vingtaine d’hommes tout transpirants frappant sur des bidons en rythme. Loin de mes goûts musicaux premiers, ils envoient du petit bois les mecs. Une sorte de transe s’empare de la foule et la pluie cesse, les filles bavent sur les plus beaux des spécimens, c’est un moment presque parfait.
En arrière scène, la région centre régale les professionnels de vins, bières et fromages…
23h30, fin de concert: Direction le centre-ville bondé! On se laisse volontiers entrainer par cette bonne ambiance générale et je m’arrête devant une scène improbable où une cornemuse se mêle à un ensemble hard rock, reprenant des classiques de la musique populaire. Tout le monde saute, se pousse, chante joyeusement, ça contraste avec des ambiances plus « In » du festival. C’est vraiment agréable.
Sur le chemin du retour, l’ambiance est moins bon enfant: ça se bastonne sévère devant la mairie. Ils sont une bonne vingtaine à s’en donner à cœur joie dans une incompréhension générale.
JOUR 3 / SAMEDI
Dernier jour à Bourges et pas des moindres: le feu d’artifice final, l’apothéose, la fin du monde, la ROCK’N BEAT PARTY. Concert de 20h à 5h du matin, 13 artistes, 1 Phénix, 1 Palais d’Auron, 12 000 personnes :
Le line-up :
The Pach A.D, Skip The Use, Dope D.O.D, Yuksek, Who Made Who, The Rapture, Huoaratron, C2C, Gesaffelstein, Surkin, Don Rimini, Birdy Nam Nam et Erol Alkan.
Ça vous fixe le décor ? Pas encore ? Je vais enfoncer le clou: le public est jeune, très jeune (trop jeune ?). A 22h certains sont avachis contre les barricades visiblement trop sensibles aux charmes du Houblon et en attendant à l’intérieur des deux salles, le reste des festivaliers s’en donne à cœur joie et Skip The Use, The Rapture et Yuksek le leur rendent bien.
Au Palais d’Auron, pendant ce temps là, Who Made Who fait le travail et s’avère être une des très bonnes surprises de cette soirée.
Retour dans la grande tente qu’est le Phénix pour C2C, c’est dingue, la soirée atteint son apothéose à ce moment, tout est bien, les mecs font penser à l’autre boys band des platines de la soirée aka les Birdy et la comparaison viendra forcément à l’esprit de beaucoup de monde.
Pour vous faire une idée, les C2C c’est un peu les Birdy à l’époque de leur album éponyme (2005) mais avec des beats électro dans le moteur, du coup, c’est ENORME !
Surkin joue la mi-temps entre les deux équipes et il le fait bien, appuyé par une installation lumière vraiment grandiose.
C ‘est au tour des Birdy de rentrer dans l’arène et rassurez-vous ils savent toujours autant transporter la foule et ce, grâce à leur set efficace et non pas à cause d’un usage excessif du micro.
Erol Alkan et c’est fini.
Il est temps de rentrer et de dresser un petit bilan de cette aventure.
Les moins:
– La pluie surtout pour un printemps !
– Si on veut se faire plusieurs concerts, ça revient cher (à raison de 30 en moyenne par spectacle, faites le calcul…)
– Le dénivelé entre les extrémités du festival (monter/descendre, monter/descendre, monter/descendre !) Cependant, on a perdu nos cuissots – c’est déjà ça de pris !
Les plus:
– Un festival avec de nombreuses scènes gratuites et de bonne qualité
– Ici tu peux mener des études sociologiques poussées (j’ai jamais vu autant de bonnet à pompon au concert d’Orelsan/1995)
– Des découvertes artistiques, vraiment cool et intéressantes
Le Top 5 des Artistes du Printemps:
1- Spector – pour le live complet
2- Orelsan – parce que Orelsan quoi
3- Willy Moon – pour la guitariste
4- C2C – pour les cymbales
5- Gesaffelstein – parce que je suis sûr que si je l’avais vu je l’aurais mis là