Après être venue à bout du champion d’Europe, l’intelligence artificielle AlphaGo, conçue par Google, s’est retrouvée face au champion du monde de la discipline pour une partie acharnée et hautement symbolique.
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Le Sud-Coréen Lee Se-Dol règne sur le jeu de go depuis une décennie. Ce mercredi 9 mars 2016, vers quatre heures du matin, heure de Paris, il s’est retrouvé face à son adversaire le plus redoutable jusqu’ici : un ordinateur.
Le coup d’envoi de cette première manche d’une série historique de cinq matchs, qui se déroulera jusqu’au 15 mars, a été lancé dans un grand hôtel de Séoul. Trois heures et demie d’une partie acharnée plus tard, le champion du monde de la discipline lâche prise, et jette l’éponge face à AlphaGo. La confrontation était retransmise en direct sur YouTube et vous pouvez la revoir ici :
Le programme d’intelligence artificielle Deep Mind, conçu par des chercheurs de Google, a poussé le champion coréen dans ses retranchements, pourtant en tête jusqu’à 20 minutes de la fin de la partie. Mais c’était sans compter sur les capacités d’adaptation de la machine, qui a su, au même titre que l’humain, ajuster ses coups, improviser, riposter de manière moins conventionnelle : des capacités qui démontrent le degré élevé d’intelligence de cet ordinateur qui, au-delà d’agir, réfléchit et s’adapte.
Le dernier jeu classique où la machine n’avait jamais gagné
Contrairement aux échecs, qui nécessitent aussi des capacités mémorielles, le jeu de go demande surtout de l’intuition, comme de la créativité. Des qualités qu’AlphaGo a su maîtriser, tout en se démarquant de l’homme : tandis que l’humain présage du reste de la partie pour élaborer sa stratégie, le robot choisit son prochain déplacement en utilisant un seul élément de son système, ce qui lui permet de prédire l’avenir étape par étape, ajuster sa stratégie et atteindre progressivement la victoire.
C’est seulement la deuxième fois qu’un robot bat un homme à ce jeu inventé en Chine il y a 3 000 ans, qui demande beaucoup de réflexion stratégique, avec des coups aux tactiques sans fin, et des scénarios complexes. Plus encore : avant cette défaite et celle, il y a quatre mois, de l’un des tout meilleurs joueurs européens face au même logiciel, le go était le dernier jeu classique où l’intelligence humaine n’avait jamais plié face à sa reproduction artificielle.
Au-delà des un million de dollars promis au gagnant, l’enjeu de cette confrontation prend donc un aspect symbolique en marquant une étape dans la relation entre l’homme et la machine. De quoi permettre à ce programme, considéré comme un palier majeur dans la quête d’une véritable intelligence artificielle, de s’offrir l’apparence humaine dont il a toujours rêvé ?