Le leader de La France insoumise souhaiterait lancer sa propre chaîne d’information sur YouTube, avec un journal télévisé. Diffusion prévue en janvier prochain.
À voir aussi sur Konbini
Le 5 juillet dernier, Jean-Luc Mélenchon et son équipe recevaient le Grand Prix de l’innovation digitale pour avoir réussi à dupliquer le candidat à la présidentielle en hologramme lors de ses meetings. Élu député à Marseille, le leader de La France insoumise (LFI), qui remue aussi bien le Web que l’Assemblée nationale, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Depuis des années, Jean-Luc Mélenchon critique les journalistes et refuse même de répondre à certains médias comme Libération ou France Inter.
Jean-Luc Mélenchon aurait donc décidé de lancer sa propre antenne d’information sur sa chaîne YouTube, qui comptabilise à ce jour plus de 368 000 abonnés. Une information révélée par le magazine Le Point, qui nous apprend que le projet sera chapeauté par Gérard Miller, le psy et documentariste star de la télévision française, et Sophia Chikirou, l’ancienne directrice de campagne de Jean-Luc Mélenchon. D’après le magazine conservateur, qui rappelle que La République en marche (LREM) s’apprête aussi à lancer son propre média, la chaîne d’info de Jean-Luc Mélenchon devrait être inaugurée en janvier 2018.
Au programme, l’actualité de la journée traitée sous un angle insoumis, des débats, des soirées à thème et des documentaires “pas vus à la télé”. Pour payer tout ça, La France Insoumise compterait sur le financement participatif, toujours selon Le Point. Pour le moment, Jean-Luc Mélenchon se contente de diffuser sa Revue de la semaine, durant laquelle il monologue pendant une demi-heure sur les sujets d’actualité du moment. Un événement “internesque” suivi par environ 150 000 personnes chaque semaine.
L’insoumis médiatique
Si l’idée paraît nouvelle, cela fait bien longtemps qu’elle trottait dans la tête de Jean-Luc Mélenchon. En 2013, dans une longue interview accordée à la revue Charles, celui qui était alors le leader du Front de gauche scandait déjà : “Nous révolutionnerons les médias !” Il expliquait notamment sa stratégie de communication antimédiatique, qu’il conceptualisait sous le nom de “stratégie de la conflictualité.” L’idée, qui demeure encore aujourd’hui, est de s’opposer aux médias de masse, afin de mettre en scène son combat politique sur fond de colère et de conflit.
Pour sa défense, si Jean-Luc Mélenchon n’hésite pas à s’en prendre aux médias traditionnels, notons qu’il est loin d’en être le chouchou. En juin dernier, le sociologue Thomas Guénolé, parlait dans Marianne d’un “Mélenchon-bashing” médiatique. Selon son analyse, les médias représenteraient quasi toujours le leader de La France insoumise de façon négative. Une idée également défendue par le journaliste Grégory Lassalle, dans un billet publié par l’observatoire Acrimed, qui souligne que même si l’on n’apprécie guère le personnage, une nette disparité est visible dans les médias “souvent complaisants à l’égard d’autres responsables politiques”.
Le principal intéressé, lui, expliquait sa démarche en 2015 dans un post publié sur son blog, qu’il qualifiait au passage de “vaisseau amiral.” Parlant de tous les outils de communication dont il dispose – livres, chaîne YouTube, page Facebook, compte Twitter –, il disait, d’un ton acerbe : “C’est à cet ensemble que je dois ma liberté puisqu’il m’a rendu autonome par rapport au système médiatique et à ses chiens de garde”.