Une proposition de création d’un sanctuaire pour les cétacés dans l’Atlantique Sud a été mise en échec par les pays pratiquant le plus la chasse à la baleine.
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Le 24 octobre s’ouvrait à Portoroz, en Slovénie, la 66e Commission baleinière internationale (CBI) pour mettre en place des solutions afin de protéger les cétacés. Toutefois, la proposition de création d’un sanctuaire dans l’Atlantique Sud a été à nouveau mise en échec par quelques pays, dont le Japon, la Norvège et l’Islande.
Ce projet de sanctuaire pour baleines de 20 millions de kilomètres carrés dans l’Atlantique Sud, proposé par plusieurs pays de l’hémisphère Sud (l’Argentine, le Brésil, le Gabon, l’Afrique du Sud et l’Uruguay), visait à “promouvoir la biodiversité, la protection et l’utilisation non létale des ressources baleinières“. Il lui fallait réunir 75 % des votes des pays membres de la CBI pour être adoptée, mais la proposition n’a recueilli que 38 “oui” sur 64 votes.
Une grosse déception pour les défenseurs de l’environnement et une triste nouvelle pour la planète : de nombreuses espèces (rorquals, cachalots, baleines bleues, baleines à bosse…) ayant frôlé l’extinction au XXe siècle sont toujours en train de reconstituer péniblement leurs effectifs.
Les chasseurs de baleines ont (encore) gagné la bataille
Les pays chasseurs de baleines – à savoir le Japon, la Norvège et l’Islande — ont constitué les principaux opposants à ce sanctuaire, recevant le soutien d’un certain nombre de pays d’Afrique, d’Asie et de petites îles. Pour John Frizell, spécialiste des baleines chez Greenpeace, cette opposition est une absurdité en plus d’être une grande déception :
“Le plus décevant, c’est que ces efforts soient au bout du compte sapés par des pays membres de la CBI situés à des milliers de kilomètres, même pas dans l’hémisphère Sud et même, pour certains, à l’autre bout du monde”.
Le Japon a été l’un des pays les plus virulents, affirmant que les “stocks” de certaines espèces s’étaient suffisamment reconstitués pour qu’elles puissent être à nouveau chassées, et arguant que “l’utilisation durable des ressources marines vivantes, dont les baleines […] est parfaitement compatible avec la protection de l’environnement“.
Selon les partisans du sanctuaire, environ 71 % des trois millions de baleines tuées dans le monde entre 1900 et 1999, ont justement été capturées dans l’hémisphère Sud. Le sanctuaire baleinier de l’Atlantique Sud aurait donc permis de créer une “no go zone” où la chasse serait définitivement interdite, comme c’est déjà le cas dans deux sanctuaires situés dans les océans Indien et Austral.
Depuis que la proposition de sanctuaire dans l’Atlantique Sud a été défendue pour la première fois en 2001 (principalement par des pays surfant sur le tourisme d’observation des baleines), celle-ci a systématiquement été torpillée par les pays pratiquant encore la chasse à la baleine.