Certains étaient devant PSG-Barça, moi j’étais au concert de Drake à Londres.
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Quand on est célibataire, la Saint-Valentin est toujours un peu angoissante, même pour ceux qui pensent que cette fête est un grand n’importe quoi. On se sent toujours jugés si on n’a personne avec qui sortir le jour J. Cette année, j’allais vivre ma première Saint-Valentin en solo depuis trois ans, et je me demandais quoi faire. Passer la journée avec mes copines me semblait juste un moyen de surcompenser : “Non Maman, je n’ai pas de copain, mais Jennie et moi allons être la Valentine de l’autre. On va boire du prosecco et nous gaver de framboises jusqu’à vomir. Ha ha. Les mecs sont tous des idiots ! Non, je ne pleure pas, non.” J’imagine que j’aurais pu dégoter un date sur Tinder à la dernière minute, mais qui a le temps et l’énergie pour ça ?
Je suis accro à la musique live et aller seule à un concert ne me pose aucun problème. En fait, j’adore ça. Alors quand Drake a annoncé son passage au Royaume-Uni pour la première fois depuis trois ans, j’ai ignoré le prix des billets et l’hésitation de mes potes et je me suis offert ça pour la Saint-Valentin. D’un côté, il y a mes copines qui m’ont applaudie pour mon courage, de l’autre, mes copains qui se sont moqués de ma vie de solitaire. L’un dans l’autre : je m’en fous.
Pendant les jours qui ont précédé le concert, je me suis mise en mode pré-rendez-vous amoureux malgré moi. J’ai acheté une nouvelle tenue (sexy, mais pas trop), j’ai été faire une manucure, je me suis épilé les sourcils, je me suis lavé les cheveux la veille (parce qu’ils sont toujours plus beaux le lendemain du shampoing). Je me suis même rasé les jambes. Dans ma tête, Drake mérite des mollets doux comme des fesses de bébé. C’est seulement maintenant que je me relis que je me dis que j’ai l’air folle.
Malgré ma taille de 1,85 mètre et mes épaules de nageuses, j’arrive toujours à me faufiler devant tout le monde dans la foule compacte des concerts. Ma méthode consiste à bousculer tout le monde avec un air vaguement désolé. Après Rihanna en solo l’année dernière j’ai appris qu’il ne faut pas arriver trop tôt, au risque de s’ennuyer à mourir, les bras croisés, coincée entre des groupes de filles surexcitées.
Mais comme je ne pouvais pas non plus prendre le risque de louper Young Thug et son “Pick Up The Phone”, je suis arrivée juste à temps pour la première partie, soit une heure avant le début du show de Drake. Je ne vais pas mentir, quand les lumières se sont éteintes j’étais à deux doigts de péter les plombs et de m’énerver contre toutes les personnes présentes dans un rayon de cinq mètres. Mais comme par magie, mon état d’esprit a complètement changé quand Drake est apparu.
Il m’a fait passer par tous les étages de l’ascenseur émotionnel. J’étais agressive sur “Worst Behaviour” (“Motherfucker never loved us”) et “Versace” (“This is a gated community please get the fuck off the property”), d’humeur lascive et prête à m’abandonner sur “Feel No Ways”.
On a joué à ce jeu toute la soirée. Des chansons calmes pour les filles, suivies de chansons plus musclées pour les garçons. Même si, personnellement, je dois admettre que je suis plus fan de “Know Yourself” que de “Hotline Bling”. La nuit a été dingue, et le décor et le lumières m’ont plus hypnotisée que ce j’avais anticipé.
Quand un artiste donne un concert, il rend généralement hommage à la ville qui l’accueille, sans doute pour se mettre le public dans la poche. Et ça marche ! Une fois qu’on a la tête pleine d’endorphine, c’est facile de se dire : “Hey, peut-être qu’il aime vraiment Londres, et comme je suis de Londres il m’aime aussi !” Mais le truc avec Drake, c’est que quand il dit que Londres est la ville qu’il préfère au monde, on le croit vraiment, parce que c’est vrai. Et si Drake aime vraiment Londres, alors il m’aime vraiment. La conclusion est peut-être un peu rapide, mais dans ma tête ça marche.
Les lumières ont fini par se rallumer et je suis rentrée seule chez moi, comme toutes les filles après un premier rendez-vous. Aujourd’hui je porte un T-shirt de mon nouveau mec au bureau, et ça ne surprend personne.
Traduit de l’anglais par Sophie Janinet