Tristana Pimor, sociologue : “Les zonards ont des choses à nous apprendre”

Tristana Pimor, sociologue : “Les zonards ont des choses à nous apprendre”

Quatre ans dans la zone

Konbini | Il y a quelque chose de frustrant quand on lit le livre, c’est que vous passez assez rapidement sur votre première rencontre avec les “zonards”. Comment ça s’est déroulé ? 
Tristana Pimor | Au départ je menais un travail universitaire sur les conduites à risques chez les toxicomanes, notamment l’échange de seringues. Dans ce cadre, des éducateurs qui m’aidaient m’ont proposé d’interviewer un jeune qui s’appelle Nia [l’un des personnages centraux du livre, ndlr], un jeune “zonard” qui habitait dans un squat. Et au fur et à mesure que je faisais des entretiens, le même profil revenait inlassablement. Comme lui les jeunes que je rencontrais vivaient en squat, revendiquaient l’appartenance au milieu techno alternatif, rejetaient le salariat, et développaient un discours anti-système. Le sujet “zonard” s’est imposé à moi, finalement.
J’ai repris contact avec Nia qui m’a présenté d’autres “zonards”. Un jour il m’a invité au squat. Je ne cache pas que j’étais un peu angoissée [rires]. Finalement, je lui ai fixé un rendez-vous. Je l’ai attendu une heure et demi devant un supermarché. Je l’ai retrouvé attablé à un café, non loin de là. Il buvait un verre avec des amis et m’a dit qu’il demanderait aux autres habitants du squat si ça ne les dérangeait pas que je vienne. Quelques jours plus tard, il m’a appelé et m’a donné l’adresse. Quinze jours après ce premier rendez-vous, j’ai débarqué au squat pour la première fois.
K | Ça s’est passé comment ? 
Au début, ça n’a pas été évident. D’abord parce que que je suis une femme. C’est un milieu assez macho. Le leader du groupe, Yogui, m’a testé d’emblée. Il m’a fait des blagues graveleuses et il a fallu que je réponde du tac au tac.
Puis, il faut dire qu’ils étaient assez méfiants. L’université n’est pas quelque chose de positif pour eux, d’autant plus qu’ils avaient déjà participé à des enquêtes sur lesquelles ils n’avaient eu aucun retour.

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