Entretien : comment Charlie Dark tente de réduire les frontières grâce au running

Entretien : comment Charlie Dark tente de réduire les frontières grâce au running

Le 27 janvier dernier, Asics nous conviait dans les rues de Los Angeles pour participer à une course immersive menée de front par le Sound Mind, Sound Body : un nouveau crew de running dont l’objectif est d’éclater les barrières du sport, et du monde tout entier. L’occasion de rencontrer son leader : Charlie Dark.

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Charlie Dark est un homme aux multiples facettes. Pur produit de la capitale anglaise, ce touche-à-tout de 46 ans est à la fois DJ, producteur, professeur de poésie, et coureur invétéré. Entré dans sa vie il y a une dizaine d’années, le running est aujourd’hui le noyau dur de ses nombreuses activités. Et pour cause : il est l’un des tout premiers à avoir donné naissance aux crews de running, ces petits groupes de coureurs, plus ou moins confirmés, qui ont fait de l’environnement urbain leur terrain de jeu favori.

Après avoir fondé le Run Dem Crew à Londres en 2007, il a inauguré Bridge the Gap : un mouvement qui vise à réunir sur les lignes de départ du monde entier des runners originaires de Paris, New York, Zurich ou Moscou. L’idée ? Célébrer la performance physique et le dépassement de soi, mais aussi et surtout la musique, l’art, la mode… bref : le partage des cultures.

Intrépide itinérant, Charlie Dark est aujourd’hui le leader de Sound Mind, Sound Body (SMSB), un nouveau crew de running affilié à Asics, qui vise à diffuser davantage cette maxime : “un esprit sain dans un corps sain” (“mens sana in corpore sano”). Désireuse de partager cette philosophie au plus grand nombre, la marque japonaise a organisé, le 27 janvier dernier, “The Big Chase” : un run immersif dans les rues de Los Angeles, auquel étaient conviés des sportifs issus des quatre coins du globe. Au programme ? Une course-poursuite à travers les lieux les plus iconiques de Downtown, parmi lesquels le Roxie Theater, avec pour toile de fond une véritable ambiance de film noir.

Voilà l’essence de Sound Mind, Sound Body : regrouper en un seul et même lieu des coureurs venus de tous les continents, vivre une aventure sportive loin des sentiers battus, et créer une communauté qui transgresse les frontières géographiques et culturelles. Un projet ambitieux et réjouissant, dont Charlie Dark nous parle un peu plus en détail.

“Au début, je ne courais que la nuit, pour ne pas être vu”

Konbini | Tu te souviens de ton tout premier run ?

Charlie Dark | Oui très bien, c’était il y a dix ans. J’avais envie d’apporter du changement dans ma vie, entre autres parce que j’avais été déçu par l’industrie musicale. Alors j’ai commencé à courir dans le parc du coin, et… j’avais tellement honte ! J’étais vraiment. Genre, vraiment, vraiment nul. Du coup, au début, je ne courais que la nuit, pour ne pas être vu. Et puis au bout d’un certain temps, j’ai commencé à mieux me sentir, mes potes ont commencé à me dire que mon corps avait changé, que j’avais l’air plus heureux, et ils ont décidé de se joindre à moi.

Après plusieurs mois d’entraînement, je me suis inscrit à ma première course. J’y suis allé en mode Air Force 1, short de basketball, à bord d’une voiture dont les sièges arrière avaient été remplacés par des grosses enceintes, histoire de bien se faire remarquer [rires]. Mais voilà : j’ai eu l’impression d’être un alien. Tous les gens étaient vêtus de micro shorts, de vestes hyper techniques, ils n’avaient que le mot “kilomètres” à la bouche… Je ne me suis pas senti à ma place.

Du coup, je me suis dit : “Bon, le running m’a vraiment apporté énormément de choses, et j’ai vraiment envie de le faire partager à d’autres ; mais je sais que les gens ne voudront pas se joindre à ce monde si old school, si refermé sur lui-même et si peu ouvert sur le reste.”

Donc tu as décidé de créer le Run Dem Crew ?

Exactement, en 2007. […] À cette même époque, grâce à mes cours de poésie, j’ai fait la rencontre de plusieurs jeunes gens qui, comme moi avec la musique, se sont retrouvés déçus par l’école, mais qui étaient très excités à l’idée de faire du sport. Du coup, j’ai commencé à voir dans la course un moyen d’encourager ces personnes à redécouvrir leur environnement, à retrouver un but. C’est comme ça que le Run Dem Crew a peu à peu pris forme.

En parallèle de tout ça, Twitter est arrivé. J’ai trouvé que c’était un super moyen de connecter les gens entre eux. Avec lui, n’importe qui pouvait dire : “J’ai été courir en écoutant Public Enemy”, et n’importe qui pouvait répondre en mode : “Oh mec, j’écoute à fond !” Mais c’est avec Instagram que le Run Dem Crew a vraiment explosé, globalement. Parce que tout à coup, on a eu la possibilité de diffuser une image. C’est à ce moment-là, vers 2011 ou 2012, qu’est né le mouvement Bridge the Gap.

“À la base, le running est un sport plutôt solitaire”

Tu peux m’expliquer en quoi consiste exactement Bridge the Gap ?

En gros, c’est un évènement que nous organisons dans différentes villes à travers le monde, et pendant lesquels nous rassemblons les gens pour courir, faire la fête… et recommencer [rires]. On a fait le premier Bridge the Gap pour le semi marathon de Berlin. On avait fait une annonce sur les réseaux sociaux du genre : “Nous allons faire le semi de Berlin, si vous êtes assez courageux, rejoignons-nous sur la ligne de départ.”

C’est là qu’on a fait la connaissance du NBRO Crew, un crew de fous furieux originaires de Copenhague. C’était le premier crew qu’on rencontrait et qui était aussi bon en rapidité qu’en soirées [rires] ! C’était une belle rencontre, qui incarnait parfaitement l’esprit de Bridge the Gap : des potes qui explorent le monde en courant, et en faisant la fête tous ensemble.

Et c’est ce qui a attiré les marques…

Oui. Pour une marque, c’est super intéressant, car c’est un mouvement mondial, incluant des personnalités créatives avec des profils très différents, qui partagent la même passion mais qui ont d’autres choses dans la vie en dehors du running. Parce qu’à la base, le running est un sport plutôt solitaire ; mais je crois qu’on a réussi à y apporter quelque chose de collectif.

Aujourd’hui, tu inaugures le Sound Mind, Sound Body, un nouveau crew de running créé avec Asics. Comment est né ce projet ?

Aujourd’hui, tout le monde court, tout le monde porte des Flyknit et des minishorts… il nous fallait d’autres défis. La base de ce projet, c’est de connecter le running à d’autres sports. Parce que le running t’apporte un super cardio, et une fois que tu as ce super cardio, tu as la possibilité de t’essayer à d’autres activités : l’escalade, la natation, le kick-boxing…

Pour moi, le Sound Mind, Sound Body est une façon de se créer de nouveaux challenges, et aussi de se concentrer davantage sur l’esprit. Car nous vivons une vie très, très stressante, et nous ne déconnectons jamais ! Ton Smartphone est constamment dans ta poche, à portée de main, avec des tonnes de mails en attente. Du coup, on a trouvé qu’il était important de se tourner vers des activités comme la méditation, le yoga… Des sports qui te permettent d’acquérir plus de souplesse, aussi bien au niveau du corps que de l’esprit.

“Voir le monde de façon globale”

Quel est le rôle d’Asics dans cette nouvelle aventure ?

Ce que j’aime chez Asics (et que je n’avais pas vraiment remarqué auparavant), c’est que les principes de la marque sont aussi ceux de la culture de crew : connecter le corps à l’esprit. J’ai l’impression que je peux évoluer en tant que personne au sein de la marque, et faire évoluer la marque, tout en même temps. C’est une conversation à deux sens : je peux donner de l’énergie à cette marque, et en recevoir autant en retour.

Avez-vous prévu de développer le Sound Mind, Some Body au-delà des frontières de Londres, comme vous l’avez fait par le passé avec Bridge the Gap ?

Oui, nous comptons bientôt nous rendre à Paris, et y développer un crew là-bas. La France est un territoire crucial pour notre histoire. C’est une partie très riche de l’Europe, proche de l’Angleterre, il s’y passe toujours plein de choses en termes d’art, de musique… Donc oui, ce projet est global : il y aura un SMSB crew, avec en son sein plusieurs chapitres internationaux. Et je souhaite que nous nous nourrissions tous les uns des autres, que nous créions ensemble.

Il faut voir le monde de façon globale. D’ailleurs, la plupart des kids que je connais traînent énormément sur les réseaux sociaux, et se font des potes dans le monde entier. Les choses changent. Quand j’étais jeune, les gens se tuaient pour conquérir un mètre carré dans le Mid-London, où j’ai grandi. Mais pourquoi se battre pour un coin de rue, quand le monde entier t’attend ? Voilà ce que j’essaie de faire avec SMSB et Asics : briser les frontières. Dire : “Aujourd’hui, je courais à L.A., mais demain je courrai à Tokyo, puis à Paris.” Les distances se réduisent. Et parce qu’elles se réduisent, il faut explorer davantage, et découvrir ce que nous pouvons apprendre les uns des autres.

Retrouvez les aventures de Charlie Dark, du Sound Mind, Sound Body et d’Asics sur Instagram.