Avec ses toiles emplies de douceur, souvent dominées par un rose couleur chair, Inès Longevial s’affirme comme l’une des peintres françaises les plus fascinantes de sa génération. Elle nous ouvre aujourd’hui les portes de son univers romantique.
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À l’heure où les nouvelles générations se tournent massivement vers les arts numériques, Inès Longevial a choisi de bâtir sa vie sur l’un des arts majeurs de notre histoire : la peinture. Une pratique qui requiert de longues heures de travail, que notre artiste qualifiera même de “fastidieuse”, mais grâce à laquelle elle façonne des toiles délicates et captivantes, sur lesquelles sont tantôt figés des visages aux mille couleurs, tantôt des corps aux courbes fluides.
Originaire d’Agen, cette jeune femme de 26 ans, dont le léger accent chantant réchauffe immédiatement le cœur, semble croire avec une conviction sincère aux signes que la vie a placés sur sa route. “Ma mère a toujours aimé la peinture et donc, elle m’y a mise très tôt. J’ai tout de suite adoré ça, c’est devenu mon moyen d’expression, relate Inès Longevial en souriant. D’ailleurs, c’est bête, mais quand j’étais dans le ventre de ma mère, elle était à la fac à Toulouse et elle faisait une thèse sur Picasso et Dalí… c’est sûrement un signe.”
Picasso, “avec lequel je partage le signe astrologique du scorpion”, tient-elle à préciser dans un rire, en se moquant à moitié d’elle-même, est ainsi devenu l’une de ses principales sources d’inspiration. Non seulement pour son œuvre, immense et tellement changeante, mais aussi et surtout pour son modus operandi, on ne peut plus libre et productif :
“Certaines de ses périodes m’influencent plus que d’autres, comme sa période avec les baigneuses par exemple, que j’adore. J’aime bien cette idée de montrer la force par des grosses mains, des gros pieds, par la rondeur. D’ailleurs, je n’arrive pas à dessiner les corps minces : je finis toujours par les grossir.
Mais surtout, c’était un homme hyper déterminé, et ça se ressent dans son travail. Il y a une période de sa vie où il peignait jusqu’à six toiles par jour ! C’est vraiment ça que j’admire chez lui. Son côté prolifique, sa capacité à évoluer constamment, à ne pas rester figé.”
La mode d’aujourd’hui, un monde inspirant
Outre le maître espagnol, Inès Longevial cite également l’artiste parisien Jean André, connu pour ses aquarelles sulfureuses, qui l’a soutenue et encouragée à son arrivée sur la capitale il y a deux ans. “On ne se connaissait pas, mais on se suivait sur les réseaux sociaux, raconte-t-elle. Un jour, il m’a contactée en me disant que l’un de ses amis allait ouvrir un bar, et que ce serait super si je bossais avec lui. C’était L’Isolé à Pigalle, créé par Guillaume Le Donche, que je considère un peu comme mon frère ici à Paris. Il m’a tout de suite fait confiance.”
Elle parle aussi de la façon dont certaines jeunes griffes françaises l’aident à se renouveler dans son travail. “J’adore ce que fait Jacquemus, Amélie Pichard ou Pigalle, confesse-t-elle. Ce sont des marques avec lesquelles j’ai l’impression d’avoir un lien, et je m’en inspire beaucoup.” C’est donc tout naturellement que notre peintre a commencé à créer pour des labels de mode, dont Nike, Levi’s ou encore Stance, la marque de chaussettes américaine qui collabore aussi bien avec des monstres de la musique que des talents émergents :
“J’aime l’idée de collaborer avec des labels que j’apprécie, et surtout avec lesquelles j’ai une histoire sincère. Nike par exemple, est une marque que j’ai toujours énormément portée ! Idem pour Amélie Pichard, dont j’admire les créations, ou Stance, que je suis depuis leur première collaboration avec Rihanna.”
“C’est difficile de rester libre”
Inès Longevial semble ainsi avoir suivi à la lettre la ligne conductrice de Picasso, à savoir le renouvellement perpétuel, et libre. Une devise qu’elle a su appliquer à l’heure des réseaux sociaux, en multipliant les projets personnels et les alliances avec des griffes, des magazines ou des établissements qui lui ressemblent, à l’instar de Peonies, un “café-fleurs” à l’intérieur duquel le rose domine.
Mais loin d’éclater son œuvre, ces nombreux projets ont toujours un dénominateur commun : la peau. Sur la majorité de ses toiles en effet, l’artiste s’attache à décomposer avec précision toutes les nuances de la chair humaine, qui tire tantôt vers le rose pâle, tantôt vers le bleu nuit, et parfois les deux tout à la fois. “Si le rose est aussi récurrent dans mes peintures, c’est que je fais beaucoup d’autoportraits, mais aussi et surtout parce que j’ai une véritable obsession pour la peau, nous confie-t-elle. J’aime l’idée de représenter toutes les nuances des couleurs de peau. Ou plutôt, j’aime l’idée qu’il n’y ait plus de couleur de peau.”
Une prise de liberté qui lui permet de s’affranchir des codes traditionnels, et de créer un monde onirique à son image, où s’animent des visages, des corps et des fleurs sculptés au rythme de ses désirs. “Je n’ai pas envie de m’enfermer, affirme Inès Longevial. Je me dis qu’il faut toujours évoluer, ne pas avoir peur de faire de nouvelles choses. Picasso était très fort pour ça, il n’avait pas peur d’aller là où on ne l’attendait pas.” Et de conclure :
“Garder cette liberté est très important et en même temps très dur, car il faut quand même répondre à des codes pour avoir du travail… C’est difficile de rester libre. Mais c’est ce que je veux.”
Retrouvez le travail d’Inès Longevial sur Instagram, ou sur son site personnel.