La chaîne CNN a interviewé deux hommes ayant fui les persécutions infligées aux homosexuels par le gouvernement tchétchène. Ils racontent les tortures qu’ils ont subies, et leur peur d’être assassinés par leur famille.
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On vous en parlait il y a une semaine : la Tchétchénie mène une grande purge contre les homosexuels. C’est le journal d’opposition russe Novaïa Gazeta qui a révélé les pratiques du gouvernement de la République tchétchène (un territoire à majorité musulmane appartenant à la Fédération de Russie) dirigé par Ramzan Kadyrov. Une centaine d’hommes seraient ainsi détenus dans des “prisons secrètes”, l’existence de “camps de concentration” étant même évoquée. Le journal rapportait des tortures, parfois mortelles, visant à obtenir les noms d’autres personnes supposées homosexuelles. D’autres témoignages de victimes tchétchènes ont depuis été diffusés, notamment par Le Monde, et font état d’électrocutions ou de privations de nourriture.
Emprisonnement et tortures
Matthew Chance, journaliste britannique pour la chaîne d’information américaine CNN, a interviewé deux hommes homosexuels ayant fui la Tchétchénie. Sous couvert de l’anonymat, ils racontent leur emprisonnement et décrivent comment ils ont été battus et torturés.
Une fois emprisonné, ce Tchétchène a vécu un enfer :
“Ils ont commencé à me frapper avec leurs poings et leurs pieds. Ils voulaient que je leur donne les noms de mes amis gays. Puis ils ont attaché des fils électriques à mes mains et mis des pinces métalliques sur mes oreilles pour m’électrocuter. Ils ont un équipement spécial qui est très puissant. Quand ils vous envoient une décharge, vous sautez bien plus haut que le sol.”
Être homosexuel en Tchétchénie : une “condamnation à mort”
Pourtant, ce qui terrorise le plus les hommes interviewés par CNN, c’est avant tout le fait qu’être identifié comme étant gay en Tchétchénie est une “condamnation à mort”.
“Si ma famille découvre que je suis gay, aucune autorité, aucune troupe ne sera nécessaire : ils me tueront eux-mêmes. Même si mes parents me pardonnent, quelqu’un, comme mon oncle, ne pardonnera pas.”
Le porte-parole du président tchétchène Ramzan Kadyrov a nié ces pratiques, assurant qu’elles étaient impossibles car les personnes homosexuelles “n’existent pas” dans son pays. Selon France Info, une “vague d’indignation” s’est élevée à l’étranger, et l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, a dit lundi être “troublée” par ces informations. Hier soir, un rassemblement était organisé à Paris pour manifester contre ces persécutions.
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Comme le rapporte Têtu, le MAG jeunes LGBT (Mouvement d’affirmation des jeunes gais, lesbiennes, bi et trans) a lancé une pétition appelant l’Unesco, l’ONU et les candidats à l’élection présidentielle française à agir. Le mouvement demande à la directrice de l’Unesco et à l’ambassadeur français à l’ONU de “faire condamner les exactions du gouvernement tchétchène auprès de l’ONU et lancer une commission d’enquête indépendante sur ses actes d’extermination,” et d'”engager l’Unesco dans la défense des droits des journalistes locaux”. Le MAG aimerait également que “les candidats à l’élection présidentielle française définissent les engagements qui sont les leurs concernant la défense qu’ils comptent accorder aux droits LGBT dans la diplomatie de demain“.