“Homosexualité contre famille”
En Russie, l’homosexualité était considérée comme un crime jusqu’en 1993, puis comme une maladie mentale jusqu’en 1999. La législation a évolué depuis, mais les mentalités restent profondément marquées. Moscou a longtemps brandi l’argument de la protection de la “famille traditionnelle” pour justifier son arsenal législatif de répression envers les homosexuels. La Cour constitutionnelle russe avait ainsi accusé les trois militants de créer “une impression déformée d’équivalence sociale entre les relations maritales traditionnelles et non traditionnelles” et d’orienter “les enfants sur la voie des relations sexuelles non traditionnelles”. Un argument que la CEDH réfute sévèrement. Elle explique ainsi que le gouvernement russe “n’a pas montré en quoi la liberté d’expression sur les questions LGBT aurait pour effet de dévaloriser les ‘familles traditionnelles’ actuelles et existantes, de leur nuire d’une autre manière ou de remettre en cause leur avenir”.
C’est en tout cas loin d’être la première fois que l’État russe est pointé du doigt pour son intolérance envers les LGBTQ+. En mars 2017, un député russe réputé pour ses positions homophobes adressait une lettre au gouvernement pour faire interdire de diffusion de la dernière adaptation de La Belle et la Bête. Principal artisan de la loi “antipropagande gay” de 2013 évoquée plus haut, Vitaly Milonov estimait ainsi que le film de Disney, qui pour la première fois mettait en scène brièvement deux personnages masculins ouvertement gays, n’était qu’une “propagande flagrante et éhontée du péché et des relations sexuelles perverses”. Encore une fois, les enfants russes avaient servi de caution à cette homophobie latente. Pour ceux qui ne se sentiraient pas concernés, Marine Le Pen a posé pour un petit selfie avec ledit député homophobe quelques jours plus tard…
Ah oui ? Ci-joint un selfie avec Marine Le Pen avec Vitali Milonov, député russe antisémite et homophobe. On parle toujours de raccourci ? pic.twitter.com/5MZKGImj0o
— Le Lapin du Métro (@Lapin_Metro) 25 avril 2017
En mai, c’est sur la Tchétchénie que se braquaient les projecteurs du monde entier. Cette petite république autonome de la Fédération de Russie a lancé une vaste chasse aux homosexuels, suscitant au passage l’indignation de la communauté internationale. Enlèvements, séquestrations, tortures et meurtres de sang froid : l’horreur sans nom qui frappe actuellement la communauté LGBT tchétchène bénéficie de la bienveillance de l’administration centrale russe, qui ferme les yeux sur ces pratiques. Un dossier autrement plus lourd pour la Cour européenne des droits de l’homme, qui n’a pas encore été saisie.
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